En revoyant cette vidéo je suis frappé par le calme qui se dégage d'Antoine Roullier. C'est l'image même du banquier de famille. Ce qui est aussi surprenant est le contraste entre la simplicité de ses propos et l'hystérie que l'on associe aux affaires de famille. Ce qu'il dit semble évident. Pourquoi n'y pense-t-on pas ?
L'entreprise est en équilibre entre trois dynamiques : les exigences de l'entreprise, celles de la famille, et celles de son patrimoine. Voici une façon simple de poser le problème. Ce qui menace cet équilibre ? L'immobilisme. Si ça roupille, danger. Alors, que faire ? Reconstruire le dispositif qui a permis la réussite initiale. En fait, remettre la famille à son poste de combat. Cela demande une sorte de psychanalyse. Car, on ne sait plus ce qui fait marcher l'entreprise, et on tend à la confondre avec son patrimoine.
Il faut donc commencer par une mise à plat. Il y a deux dimensions à prendre en compte, la famille (ses membres) et l'entreprise. De chaque côté, il y a des désirs (une stratégie) et des impératifs financiers. Il faut que tout ceci s'exprime, alors qu'il est inconscient, et soit mis en ordre de façon à aboutir à un projet cohérent dans lequel tout le monde tire dans le même sens. Il faut aussi apporter un minimum de formation et d'information à chaque membre de la famille pour qu'il puisse jouer un rôle actif. Finalement, on débouche sur un projet, il doit être porté par un "leader", que l'on doit identifier, et aider à émerger.
Il y a quelque chose de l'éthique à Nicomaque dans cette discussion. Comme chez Aristote, il faut trouver le juste milieu. L'entreprise est prise entre l'hystérie et l'anesthésie. Le juste milieu, c'est une famille active, portant un projet commun.