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Voici la suite de l'article "Armes : facile de s'en procurer ?" Il m'a semblé important de poursuivre sur ce sujet mais cette fois-ci sous l'aspect sportif et ludique. Oui, car pour tous les détenteurs d'armes c'est une activité, un sport comme une autre. Bien sûr, quand on parle de sport on pense à dépense physique : foot, jogging, rugby.... Il est certain que le tireur ne sue pas à grosses gouttes, quoi que...
Qu'on se le dise, le tir est un sport ! C'est une activité complexe, nécessitant des infrastructures et qui donc se pratique dans un club (oui, pour des raisons évidentes de sécurité, il est par exemple interdit de s'entraîner chez soi !), encadrée par une fédération nationale, qui marie techniques matérielles (armes de poing, d'épaules, anciennes, modernes ; connaissances des calibres, rechargement de munitions, poudre noire, consignes de sécurité, etc.) et techniques physiques / mentales (position du corps, respiration, relâchement mental, techniques de tir debout/à genoux/allongé, condition physique, sécurité auditive, etc.),etc. Mais le concept d'"arme" ne concerne pas que les armes à feu, il y a aussi les arcs, les arbalètes, le lancer de couteau et de haches, etc.
Donc, comme vous commencez sûrement à le comprendre, la notion d'arme n'a ici rien à voir avec l'utilisation violente faite par les terroristes et voyous en tous genres.
Au contraire !! La pratique d'une activité, d'un sport, s'inscrit dans un processus identique. Prenez un jeune ado, voire même pré-ado, mâle. Il exerce sa violence intérieure (testostérone ?) en se prenant pour un cador dans son école. Vous lui faites pratiquer un sport de combat (judo, karaté, boxe, etc.). Une fois sur le tatami il s'aperçoit très vite que ce n'est pas lui le plus fort. Loin de là ! Il doit donc apprendre qu'il existe des règles, un cadre particulier, un encadrement, une hiérarchie, la nécessité de faire des efforts. Il découvre son incompétence, sa méconnaissance des techniques de combat, son incapacité physique, etc., et par la force des choses il apprend l'humilité, l'endurance, la souffrance, la persévérance, etc. Le résultat est simple : en s'éloignant des ses fantasmes et rêves de gamin, et en prenant de l'assurance, il s'éloigne progressivement de la violence !
Pour le tir, le processus est le même, tout autant pour les adultes que pour les enfants. C'est la découverte d'un monde très particulier, très spécialisé, très complexe, qui, inévitablement, mécaniquement, et rapidement, démystifie.
Dans mon club, il y a une école de tir pour enfants, de 8 à 15 ans, plomb/10 m/air comprimé. L'observation de leur comportement, entre leurs débuts et l'acquisition d'une certaine expérience, est sans appel. La pratique régulière, l'apprentissage de la concentration et d'une bonne respiration, la découverte de son corps, le développement de ses qualités et la correction de ses défauts, l'application des consignes de sécurité, etc., rend les enfants beaucoup plus calmes, plus matures, plus responsables. Les enfants avec des difficultés à l'école, ou un comportement trop gesticulatoire, s'améliorent !
Imaginez le plaisir et la fierté de ces enfants, qui au bout de quelques mois, se découvrent des capacités pour participer à des championnats (en départemental, régional, national). Imaginez les jeunes qui, après un parcours compétitif, se retrouvent au championnat de France ! Dans mon club, un jeune de 12 ans a été champion de France ! Mon fils de 10 ans, a, la première année, participé au Championnat de France !! En même temps que le plaisir d'exercer une activité gratifiante, le jeune est valorisé par l'entourage, sans parler du fait de se retrouver en photo dans divers journaux locaux et régionaux. Je tiens d'ailleurs à préciser un point intéressant : les filles sont meilleures que les garçons. Et oui !! Plus posées, plus calmes, plus concentrées, moins "excitées", leurs résultats sont toujours, et depuis des décennies, plus élevés ! D'où l'intérêt de faire pratiquer les garçons afin de développer ces qualités.
Pour que la pratique du tir par arme à feu soit bien comprise, je vais vous décrire une séance de tir à 25 mètres, avec un pistolet. Le tir se fait en général à une main (dit à bras-franc, type compétition), mais aussi à 2 mains (type forces de l'ordre).
On arrive sur le pas de tir. Avant toute chose, on n'y pénètre QU'avec une protection auditive (casque, oreillettes, etc.) car des tireurs sont peut-être déjà là en train de tirer. L'arme et les munitions, dans sa mallette, ne sont posées sur la tablette, QUE s'il n'y a personne sur l'aire des cibles ! On accroche la cible (53 cm de haut et 52 de large) sur un porte-cible : vous voyez sur la photo que ça fait petit ! Lorsque les tireurs sont devant leur tablette, l'un deux, lance le début des tirs par un "c'est bon ?" auquel on répond par "c'est bon !". Les tirs se font par groupe de 5 cartouches, jamais plus (comme en compétition). Chacun, une fois son tir effectué, se recule de plusieurs pas en attendant que les autres aient fini. Puis, une fois que plus personne n'est devant sa tablette, les tireurs se rendent sur l'aire des cibles pour constater le résultat de leurs tirs, commenter, comparer, échanger des conseils. Le même processus se répète en suivant les mêmes règles. Le tireur qui veut arrêter sa séance quitte le pas de tir après avoir rangé son porte-cible et ramasser les douilles de ses cartouches pour laisser l'endroit propre.
J'entre maintenant dans la description (abrégée bien sûr) du processus de tir en lui-même. Ici on pratique le tir de précision, comme dans tous les clubs de France ! (on n'est pas là pour jouer aux cow-boys et défourailler à tout va ! Je vais d'ailleurs faire un article sur eux et montrer que là encore la réalité est très éloignée du mythe et de ce que raconte Hollywood). C'est là que les choses se complexifient...et deviennent intéressantes ! La première chose à régler est la position de ses pieds. Le confort et la stabilité de cette position influent sur la position de votre tronc, donc sur celle du bras et donc sur l'axe de l'arme vers la cible. De cela découle le deuxième point à régler : le bras. Il faut apprendre à le tendre au maximum, avec le moins de contraction musculaire (pour éviter la fatigue), en faisant porter son poids sur l'épaule. Le poids d'une arme de poing va, environ, de 750 g à 1,2 kg. Le troisième point porte sur son état mental. La décontraction physique et mentale est indispensable. Elle se prépare avant le tir. Elle mène à la concentration, mais sans tension, en permettant de correctement utiliser sa respiration. Le tir peut alors débuter : on lève son bras jusqu'au dessus du cercle noir de la cible (en théorie) puis on redescend vers le bas un peu en dessous du cercle, au niveau du chiffre 6. Dans le même temps on accompagne son mouvement en inspirant, on ferme l'oeil non-directeur (voire article précédant), on aligne le guidon avec le cran de mire (le plus difficile), on bloque sa respiration, on essaie de contrôler ses tremblements (qui, même infimes, influent sur l'alignement guidon/cran de mire), et l'on tire.
De bons tirs dépendent donc de nombreux paramètres. Par exemple, l'épaisseur du guidon joue un rôle considérable (voir photo). Pour du tir de précision il faut que l'épaisseur du guidon soit suffisante pour que l'espace entre ses bords et les bords du cran de mire soit le moins important possible.
La visée s'effectue souvent en fermant un oeil. L'idéal est de garder les 2 yeux ouverts : ce n'est pas un réflexe naturel, mais on s'habitue, et cela permet d'éviter la fatigue de l'oeil ouvert. Car, pendant l'action de tir, la vue est fortement mise à contribution. Comme on le voit sur la photo de gauche, seul le guidon est net, car c'est lui et uniquement lui qui permet un tir correct ! L'oeil doit donc estimer, rapidement, la position du guidon par rapport au cran de mire qui lui est flou, le tout par rapport à la cible qui elle aussi est floue. Je précise que dans la réalité la cible est beaucoup plus petite et beaucoup plus floue. Vous voyez (sans jeu de mot) ? C'est tout sauf simple !!
Je n'entre pas plus dans le détail, mais je pense que vous commencez à percevoir que le tir par arme à feu, considéré comme une activité sportive, éloigne les tireurs de considérations belliqueuses. L'encadrement réglementaire et législatif existe bel et bien et n'a rien de laxiste. La nature même de l'activité et sa pratique détournent l'esprit de l'idée de violence, voire l'annihile complètement. C'est une discipline, qui, comme son nom l'indique, s'impose au pratiquant par des règles cohérentes et fermes ! Mais en plus, elle impose au tireur de faire un travail introspectif sur lui-même s'il veut atteindre l'objectif naturel de tout tireur : améliorer sa pratique et ses scores ! Je ne connais personne qui n'est pas envie de s'améliorer. Et bien, nous, à notre petit niveau de tireur de loisir, c'est pareil. Alors, imaginez ceux qui font de la compétition...
A bientôt