La pièce de Gerty Dambury en annonce une autre. Celle pour laquelle l’auteure se heurte à plusieurs écueils : celui de l’écriture, celui de la désaffection des comédiens pressentis, celui de l’éloignement. Cette seconde pièce, dont nous ne verrons que des flashes, sera cependant très présente par d’autres questions : qui est légitime pour la mise en scène ? quel écart existe-t-il entre le personnage et le comédien qui le joue ? quel écart entre le théâtre et la réalité sociale ?
Faut-il y aller ? « Alors, tu y vas ? » Cette question ne signifie pas seulement, iras-tu là-bas ? mais aussi : quand est-ce qu’on va s’engager ? C’est bien cette question qui traverse la pièce présentée dans la belle salle de spectacle du Musée Dapper. Mais s’engager pour quoi ? Pour que les Noirs soient mieux représentés dans les institutions nationales ? Pour soutenir les Guadeloupéens qui étaient en grève en 2009 ? Pour défendre le souvenir d’un amour disparu ? Et qui doit assumer les rôles, celui du Blanc, celui du Noir, celui de la plus jeune, celui de la plus âgée…
Trois générations, sur cette scène, débattent, s’opposent, se cherchent à propos de leur identité, de ce qui les lie au pays, de ce qu’est même ce pays (ici ou là-bas). Chaque affirmation est sujette à contradiction et la pièce nous laisse, heureusement, sans réponse définitive. On repart sans certitude, parce que le théâtre de Sartre est révolu, sans les références classiques qui se perdent dans le passé, sans les mélanges contemporains qui masquent parfois leur vacuité. Mais on repart, et on se parle parce que le théâtre est encore le lieu de la parole échangée.
J'ai vu cette pièce de Gerty Dambury, mise en scène par Jalil Leclaire, interprétée par Gerty Dambury, Martine Maximin et Jalil Leclaire, au Musée Dapper, à Paris.