Il n’y a pas 1 type de schizophrénie, mais 8, conclut cette recherche internationale. Leurs travaux, publiés dans l’American Journal of Psychiatry, constituent une étape importante vers de meilleurs diagnostic et traitements de la maladie, qui touche environ 1% de la population mondiale.
On estime qu’environ 80% du risque de schizophrénie est héréditaire, c’est pourquoi de nombreuses équipes de recherche travaillent à identifier les gènes et sites génomiques associés à la maladie. Une grande étude génomique canadienne a récemment identifié de nouveaux facteurs génétiques de la schizophrénie à partir d’une large analyse d’association pangénomique, soit plus de 100 emplacements spécifiques dans le génome humain associés au risque.
Ici, les scientifiques des universités de Grenade (Espagne) et de Washington à St Louis (Etats-Unis) montrent que la schizophrénie recouvre un groupe de 8 types génétiquement différents de maladies, dont chacun est caractérisé par son propre ensemble de symptômes. Leur recherche menée auprès de 4.196 patients diagnostiqués avec la schizophrénie vs 3.200 témoins en bonne santé, identifie différents réseaux de gènes qui contribuent à l’existence de ces 8 types différents de schizophrénie. Dans cette recherche 3200 autres patients en bonne santé ont participé dans le groupe de contrôle.
Des orchestres génétiques: Les gènes fonctionnent comme un orchestre, explique l’auteur principal, Igor Zwir, chercheur à l’université de Grenade qui a cherché, avec l’équipe à identifier la manière dont les gènes interagissent les uns avec les autres, à la fois chez les patients sains et schizophrènes.
Mais, chez les patients schizophrènes, ce sont différents réseaux de gènes associés à différents groupes de symptômes qui sont alors identifiés. Et dans chaque groupe de gènes ou orchestre génétique, les variations génétiques interagissent entre elles.
Ainsi, avec des symptômes de type hallucinations et délire, c’est un ensemble de gènes qui est identifié. Avec des symptômes de type parole non congruente et comportement désorganisé c’est un autre réseau de variations d’ADN qui conduit à un risque à 100% de schizophrénie.
Une capacité de prédiction à 95% : Cette analyse génétique conduit à partir de l’identification de ces réseaux de gènes à une certitude de 95 à 100% d’apparition de la schizophrénie.
Ainsi, si jusque-là, les scientifiques avaient recherché des associations à partir de gènes individuels c’était passer côté de l’effet de groupe bien responsable, selon les chercheurs, de la maladie.
Et si certains gènes individuels » portent » bien un risque de schizophrénie, ce risque est faible, alors que ces interactions de groupe pourraient peser jusqu’à 70 à …100% du risque génétique.
Au total, 42 groupes sont ainsi identifiés, associés à différents symptômes et types de schizophrénie.
L’objectif étant pour les chercheurs de pouvoir développer des traitements ciblés sur des » voies biologiques ou d’accès spécifiques » qui aboutissent à la schizophrénie.
On retrouve avec cette étude, des résultats étonnamment similaires à ceux d’une récente étude sur l’autisme, qui identifiait, elle-aussi, une voie moléculaire à forte expression de » gènes de l’autisme » puis développait une cartographie d’interactions entre des altérations génétiques qui contribuent au trouble.
Source : American Journal of Psychiatry
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