Commandez: Les lance-flammes: Traduit de l'anglais (Etas-Unis) par Françoise Smith Commandez: Les lance-flammes (Version Kindle) 15,99€
Quatrième de couverture : Reno a trois passions : la vitesse, la moto et la photographie. Elle débarque à New York en 1977 et s’installe à Soho, haut lieu de la scène artistique, où elle fréquente une tribu dissolue d’artistes rêveurs, narcisses qui la soumettent à une éducation intellectuelle et sentimentale. Reno entame alors une liaison avec l’artiste Sandro Valera, fils d’un grand industriel milanais qu’elle suit en Italie où ils sont bientôt emportés dans le tourbillon de violence des années de plomb. Un tour de force, un roman électrique au centre duquel Reno, jeune femme « en quête d’expériences », se construit face au miroir déformant de l’art et du mensonge.
Extrait 1. IL LUI FRACASSA LE CRÂNE À COUPS DE PHARE DE MOTO (CE QU'IL AVAIT À LA MAIN)
Valera s'était laissé distancer par son escadron et coupait les fils électriques du phare d'un autre motocycliste. Copertini, le motocycliste, était mort. Bizarrement, Valera n'éprouvait aucune tristesse, même si Copertini avait été un compagnon d'armes, avec qui Valera avait foncé sous les néons blancs de la Via del Corso bien avant qu'ils ne se portent tous deux volontaires pour le bataillon d'infanterie motorisé, en 1917.
Copertini s'était moqué de Valera quand ce dernier avait chuté sur les rails du tramway dans la Via del Corso, rails qui pouvaient s'avérer tellement glissants par une nuit brumeuse. Copertini se considérait comme un meilleur pilote. C'était pourtant lui qui, en roulant trop vite dans l'épaisse forêt, avait foncé la tête la première dans un arbre. Le cadre de sa moto était abîmé, mais le filament de l'ampoule du phare qui éclairait à présent faiblement un coin de terre et d'herbes hérissées, était intact. Bien que la moto de Copertini ne soit pas du même modèle que celle de Valera, leurs phares fonctionnaient avec le même type d'ampoule. Valera la voulait. Une ampoule de rechange pourrait être utile. Il entendit le léger souffle d'un lance-flammes et l'écho sporadique des bombardements. Le combat avait lieu de l'autre côté d'une profonde vallée, près du fleuve Isonzo. Ici, tout était calme et désert, on n'entendait que le bruit argentin des feuilles remuant au gré du vent. Ayant garé sa moto, laissé son fusil Carcano attaché au porte-bagages, Valera s'efforçait d'arracher le phare qu'il tordait et forçait pour le détacher du support. Il résistait. Valera tirait sur les fils qui le maintenaient en place quand un homme surgit de derrière une rangée de peupliers, indéniablement allemand dans son uniforme vert et jaune et sans casque, tel un joueur de rugby jeté dans la mêlée. Valera parvint à arracher la lourde enveloppe de cuivre et plaqua le soldat. L'Allemand était à terre. Valera se jeta sur lui. L'Allemand s'agenouilla tant bien que mal et tenta de s'emparer du phare qui avait pratiquement la taille et la forme d'un ballon de rugby, mais plus lourd, et d'où pendaient des câbles tressés pareils à un nerf optique arraché. Valera lutta pour le reprendre. Il décocha deux coups de pieds dedans mais l'Allemand parvint à s'en emparer. Valera cloua l'Allemand au sol, lui assena un coup de genou au visage et lui arracha le phare des mains. Après tout, sur ce terrain, tous les coups étaient permis, personne dans la paisible forêt n'allait lui tendre de carton rouge. Sa section était à plusieurs kilomètres d'ici et, allez savoir comment, cet Allemand solitaire avait été lâché par son peloton pour se retrouver perdu parmi les peupliers. L'Allemand se cabra, tenta de le charger d'un coup d'épaule.