Flammarion
Collection Tribal
Paru en Février 2015
224 pages
12 euros
Roman ados dès 13 ans
Thèmes : Adolescence, Correspondance, Identité
Quatrième de couverture : « Juste nos stylos et du papier pour croiser nos vies et nos pensées. Comme boîte aux lettres : le lycée. » Lina et Nour s'écrivent de longues lettres. L'une décrit sa vie à Sofia, en Bulgarie, l'autre évoque les immeubles gris de la Seine-Saint-Denis. Une amitié forte se tisse peu à peu. La correspondance se transforme en confidences, les inconnues deviennent amies et partagent leurs coups de gueule, leurs coups de coeur, leur cri de guerre. Mais un jour Nour devient distante.
Lina et Nour sont en classe de seconde. Cette année, leurs professeurs respectifs proposent un projet de correspondance par lettres manuscrites. Lina habite à Sofia en Bulgarie et Nour à Saint-Denis en France. Si les premières lettres sont encore timides : présentations basiques, descriptions de leur lieu de vie...l'une des filles va proposer un jeu de portraits chinois pour mieux apprendre à se connaître. Les correspondances deviennent plus complices et après quelques semaines, Lina et Nour se font des confidences plus profondes, dévoilent ce qu'il y a dans leur coeur. Lina se révolte contre la corruption politique des pays de l'Est, contre le racisme et la méchanceté envers les Tziganes. Nour cache son mal-être par des rimes, du slam qui l'aide à évacuer toute cette tension. Elles vont se soutenir l'une et l'autre, se confier, s'aimer, découvrir des points communs, des différences qu'elles vont respecter. Une vraie amitié, bouleversante et magnifique naît de cette intimité. Jusqu'au jour où Lina, tellement emballée et enthousiaste annonce à Nour qu'elle va à Paris...
Si j'étais un rêve... est un roman bluffant sur l'amitié adolescente, sur la question de l'identité et de la construction de soi. Lina est une jeune fille attachante et on suit son évolution avec attention notamment sa relation amoureuse, ses opinions politiques et ses combats idéologiques et sociaux. C'est également l'occasion d'en savoir plus sur l'état de la population en Bulgarie, la montée de l'extrémisme droite, la corruption. Nour est une écorchée vive. On sent d'emblée un profond malaise chez elle, un mal-être adolescent qu'elle expulse par le slam et une volonté de contrôler son corps avec le body art (tatouage, piercing, scarifications, implants). La question de l'identité, à travers l'autre est ici un thème essentiel et délicat, traité avec subtilité et justesse par le biais d'une amitié pleine de poésie, de rêves, de liberté et de tolérance. C'est également l'occasion de parler d'homosexualité, du corps physique, des dérives de la société, de la place de l'adolescence au sein de cette société, de son décalage aussi et des incompréhensions, du lycée, des camarades, de l'amour, des réseaux sociaux, de l'amitié par l'écriture, du partage, de la révolte et de pleins d'autres choses. J'ai adoré le choix du slam, poème contemporain qu'utilise Nour pour évacuer et exprimer ses sentiments. J'ai aimé l'idée des portraits chinois qui gagnent en intensité et en émotion au fur et à mesure des confidences. Il en ressort un texte touchant, actuel et contemporain qui bat son plein vers la fin du roman, à la rencontre face à face...où Nour dévoile enfin son secret. Rencontre particulièrement émouvante qui fait la lumière sur bien des choses et révèle toute l'originalité et la sensibilité du récit de Charlotte Bousquet.