Après l’église Sainte-Elisabeth de Hongrie, partons aujourd’hui à la découverte d’une autre église parisienne peu connue : Saint Joseph des Carmes.
A l’instigation de la reine Marie de Médicis, veuve d’Henri IV rappelons-le, deux carmes déchaux – issus donc de la réforme de l’ordre par les grands mystiques que sont sainte Thérèse d’Avila et saint Jean de la Croix – s’installent pour la première fois en France en 1610 et plus précisément rue de Vaugirard. La communauté s’accroît rapidement et il est décidé de construire une église conventuelle. L’église des Carmes est non seulement la première église parisienne à être dédiée à saint Joseph, mais aussi à être conçue sur le modèle des églises romaines de la Contre-Réforme. L’église est achevée en 1625. La communauté prospère pendant le siècle et demain suivant, les religieux inventant et diffusant d’ailleurs à cette époque la célèbre Eau de Mélisse.
A la Révolution, tout change : l’église Saint-Joseph est transformée en une sordide prison où sont entassés jusqu’à 160 prêtres. Motif de leur condamnation : avoir refusé la Constitution Civile du Clergé. Le 2 septembre 1792, 105 prêtres, 3 évêques et 2 laïcs sont massacrés derrière l’église, sans autre forme de procès. Aujourd’hui le visiteur parcourt, non sans émotion, les lieux mêmes du drame : le couloir menant à une petite porte ouvrant sur un petit escalier donnant sur le jardin : Hic ceciderunt rappelle la plaque. Les ossements retrouvés après la tourmente ont été placés dans la crypte.La paix revenue, l’église est réouverte au culte et le couvent est racheté et restauré par la Mère Camille de Soyecourt qui y installa une communauté de carmélites. En 1845, les bâtiments furent cédés à l’archevêché de Paris qui y plaça une Ecole des Hautes Etudes Ecclésiastiques. Aujourd’hui, l’église sert d’église paroissiale, et de chapelle pour le séminaire des Carmes et pour l’Institut Catholique de Paris (la Catho).
Visitons maintenant cette église. Comme nous l’indiquions ci-dessus, c’est une église « romaine » posée en plein Paris.
La façade se déploie sur deux niveaux : des pilastres corinthiens, une grande baie centrale et deux niches latérales – rien de plus sobre et classique. En fait, cette façade a été reconstruite au XIXe siècle suivant globalement le dessin de l’ancienne construction. En entrant dans l’église, on est frappé par la luminosité de l’ensemble grâce aux fenêtres hautes dépourvues de vitraux (mais pas de vitres) et par l’organisation générale : la nef est rythmée par des pilastres en faux marbre délimitant harmonieusement des chapelles latérales. D’emblée, le visiteur est attiré par le maître-autel, reconstruit au XIXe siècle, dans le style de la construction originale, au centre duquel trône un grand tableau de Quentin Varin, le maître de Nicolas Poussin, représentant la présentation de Jésus au Temple. L’ensemble est encadré par deux sculptures monumentales d’Elie et de Sainte Thérèse d’Avila. L’autel lui-même est une reconstruction du XIXe siècle, mais avec des éléments bien plus anciens puisque la partie centrale (une Cène) date du XIVe siècle.Trois autres éléments sont à noter dans cette église.
– La coupole est typiquement italienne. Première coupole de Paris à être peinte et à reposer sur un tambour, elle présente en trompe l’œil la scène d’Elisée recevant d’Elie le manteau, qui flotte en l’air par-dessus la balustrade. Pour l’admirer, mieux vaut se placer directement en-dessous.
– La chapelle Sainte-Anne, au fond de l’église à droite est entièrement recouverte de fresques et de peintures sur bois, représentant la vie de la Vierge. C’est magnifique ! Pourquoi ont-elles survécu aux affres de la Révolution ? Tout simplement car les gardiens avaient perdu la clé de l’imposante grille qui en ferme l’accès…
– La crypte, immense, froide et très humide. Elle est structurée en trois parties dont l’une rappelle l’histoire de l’église avant la Révolution, la deuxième recueille les ossements des martyrs de Septembre et la troisième accueille la tombe de Frédéric Ozanam, fondateur des Conférences de Saint Vincent de Paul.
Et les frères carmes, où étaient-ils ? Derrière le maître autel ! Dans un chœur toujours utilisé et actuellement séparé par une cloison.
A visiter donc !
Cette notice est malheureusement trop courte. Pour en savoir plus, je vous conseille vivement de suivre les visites guidées passionnantes de ma copine Léonore. RDV les 4 avril et 2 mai à 15h devant l’église !