{Nicolas}
« Metalmaniax, tome 1 : Bières, Gags et Gros Son » & « Metalmaniax, tome 2 : Amours, Bières & Metal »
Origine : France
Scénario : Fef
Dessins : Slo
Genre : Humour
Nombre de pages : 67
Date de sortie : tome 1, septembre 2011 et tome 2, juin 2012
Editeur : sombrebizarre éditions
Pitch : Vince le fan de death, Marco le blackeux, Spike le coreux, Sam le fan de heavy/thrash ont pour passion commune le Metal sous ses formes diverses, et la bière. Ils se réunissent régulièrement au Dark Knight tenu par Tony l’ancien roadie et Nina la vegan adepte de la batte de baseball. Metalmaniax raconte les aventures de la bande entre amours, bitures et débats passionnés sur la musique. Si le fil rouge du tome 1 tourne autour de la conversion d’un jeune néophyte, le 2 amène nos métalleux hors de leur bar fétiche pour les confronter à la vie de tous les jours et les humains qui la composent, notamment les filles et les non-métalleux.
La critique :
Pour cette chronique, je vais m’adresser un peu aux hardglossies qui aiment le gros son saturé, les thrashglossies, les deathglossies, les darkglossies, les gothglossies, les glossies-core, bref celles qui aiment bien le signe des cornes, les chevelus et les guitares saturées. La culture hip-hop avait des BD comme Les z’Assistés, parue d’abord sur le magazine Radikal avant de sortir en relié, puis Boxon, sorte de Titeuf des banlieues. Le metal a lui aussi, enfin, sa propre BD d’humour. Et ça tombe bien car les metalheads (dont votre serviteur fait partie, en dépit de sa chevelure courte), s’ils n’aiment pas être insultés par des reportages pondus par des ignares, font preuve de beaucoup d’auto-dérision quand c’est bien fait. Et là, c’est effectivement le cas : un BD faite par et pour les métalleux, donc par des gens qui baignent dans cette culture, ses codes et connaissent les clichés qui en découlent (et jouent d’ailleurs franchement avec). Tous les personnages sont donc assez stéréotypés (sauf que, contrairement au film Pop Redemption, ce n’est pas de caricature lourde) : nous avons donc Marco le fan de black metal, grand, tout de noir vêtu, occultiste, coureur, macho, misanthrope, égoïste et pervers ; Vince le fan bourrin de death metal, porté sur les excès en tout genre ; Spike le fan de hardcore tatoué et piercé de la tête aux pieds, fort en gueule et prêt à tout exploser dans le pogo, et Sam l’amateur de Heavy et Thrash des 80’s-90’s avec sa veste à patchs.
Tous sont nés sur le blog Metalmaniax (qui regorge de gags inédits, souvent très bons) et de l’imagination de Fef, journaliste spécialisé dans la BD fan de Metal, et de Slo, illustrateur pour Le Monde Libertaire, évoluant dans la scène indépendante entre fanzines punk et ouvrages collectifs (Slo a d’ailleurs fondé sombrebizarre éditions pour les besoin de Metalmaniax et depuis a signé d’autres auteurs de BD indépendants).
On ressent la passion des auteurs pour cette musique dans les multiples références égrenées tout au long des tomes 1 & 2, et l’aficionado s’amusera à deviner les noms des groupes qui se cachent derrière Black Savat, Iran Maiden, Grobid Angel ou Buns n Looses. Outre les références, l’univers de Metalmaniax se montre aussi respectueux en montrant le metal dans sa diversité, ses uniformes variés et la richesse de cet univers. Il montre aussi l’incompréhension qu’il y a entre les métalleux et les autres notamment avec les fans de rap (un dialogue parfois tendu qu’on peut voir dans les discussions et qui est ici dépeint avec beaucoup d’humour). Le metal dérange souvent parce qu’au fond, les metalleux sont des hommes libres, passionnés et qui adhèrent à une culture qui va à l’encontre des cultures plus commerciales (comme le faisait le rap avant sa récupération par les médias). Et ça, Fef et Slo l’ont très bien assimilé et ils le retranscrivent assez fidèlement. Le seul bémol (car il en faut) que j’émettrai reste son format, certes contraint pour des raisons d’indépendance de structure et donc un budget plus réduit, mais c’est une BD vite lue, ce qui fait râler compte tenu du prix. Mais Metalmaniax reste tout de même une bonne BD, assez fun qui plairait surtout aux headbangers. Vivement le tome 3. En attendant, stay real, stay metal.
@Nicolas