Entre rock progressif et folk psychédélique, ce disque a tout d'un classique. Les stars locales Serge Fiori et Michel Normandeau sont à la tête de ce groupe qui peut facilement passer les frontières, francophones ou non. Clairement centré (et d'ailleurs enregistré) sur la ville de Montréal à l'année longue, Cinquième saison est beaucoup plus poussé que son prédécesseur Harmonium. C'est le sommet de ces babyboomers, un disque engagé, lyrique et surtout profondément générationnel, qui ne cesse de recueillir l'unanimité au fil des époques et des publics, et qui mérite largement d'être redécouvert aujourd'hui. Le Melody Nelson local en somme.
Sa recette ? Un style très orchestré à base de guitares bien évidemment mais aussi de très nombreux instruments à vent, flûte et mellotron en avant. Une particularité ? Un album de prog rock sans batterie, ce qui ne saute même pas aux oreilles aux premières écoutes. Bien entendu ça chante en français, et si le timbre de voix a un peu vieilli (Michel Jonasz sors de ce corps!), les parties instrumentales sont tout bonnement démentes. "Histoires sans paroles", dernier titre et fameuse "Cinquième saison" est d'ailleurs un instrumental de 17 minutes, tout en cordes et vents, qui emmène très loin.
Si "Dixie" (l'été) est un peu à part avec son ton sautillant et ses envolées de piano, "Vert" et "Depuis l'automne" sont les deux plus belles tounes. Bien progressives, bien écrites, variées, elles sont les témoins d'une époque bénie et d'une liberté musicale à toute épreuve. Il n'est pas donné à tout le monde d'aussi bien vieillir.
En bref : le meilleur album du meilleur groupe Québécois de l'époque, entre weird folk revendicative et rock lyrique et progressif, à découvrir ou redécouvrir d'urgence !