Les mous du Doubs auraient-ils définitivement gagné face aux fermes sur les
valeurs républicaines ? En tout cas, ce sera forcément une ligne différentielle pour le choix du candidat UMP à l’élection présidentielle.
Le dimanche 1er février 2015 a eu lieu le premier tour de l’élection législative partielle dans la quatrième circonscription du Doubs pour remplacer
Pierre Moscovici nommé à la Commission Européenne.
Trois candidats ont capté l’essentiel du corps électoral, mais seulement deux ont été qualifiés pour le
second tour prévu le 8 février 2015 : Sophie Montel (FN) a obtenu 32,6%, Frédéric Barbier (PS) 28,9%
et Charles Demouge (UMP) 26,5%. En cas de second tour, tous les candidats ayant obtenu au moins 12,5% des inscrits peuvent rester dans la compétition, et au moins les deux premiers candidats. En
raison de la forte abstention (60,4%), le candidat de l’UMP a été évincé du second tour. Seule la candidate du FN a atteint ce seuil de 12,5% des inscrits avec 28 voix d’avance. Et si son score
est enviable (supérieur à 30% des suffrages exprimés et première place), la candidate FN a cependant perdu plus de 1 200 électeurs par rapport au scrutin du 10 juin 2012.
C’est évidemment une catastrophe pour l’UMP qui, depuis l’annonce des résultats, s’est enlisée dans des
points de vue divergents sur la position officielle à tenir pour ce second tour. Même si cette circonscription était importante car le PS n’a plus la majorité absolue (le groupe PS n’a que 287
membres au 23 janvier 2015) et pourrait essayer de la regagner en remportant l’élection (il lui manque en fait deux sièges), la circonscription étant de gauche depuis 2007, ce combat local
n’était pas crucial en lui-même mais il l’est sur l’attitude à avoir à l’égard du FN.
Il faut noter également que c’est le premier scrutin depuis que Nicolas Sarkozy est président de l’UMP, et il a été perdu dès le premier tour, ce qui donne un mauvais signe et sûrement pas un signe de renouveau et d’espoir de ce
côté-ci de l’échiquier politique. Le candidat UMP, Charles Demouge, avait soutenu la candidature de Nicolas Sarkozy l’élection à la présidence de l’UMP le 29 novembre 2014. La mise en examen de
Jean-François Copé le 3 février 2015 sur le paiement de l’amende sur les comptes de campagne en tant
qu’ancien président de l’UMP n’a pas contribué non plus à faire de l’UMP un parti d’avenir.
Néanmoins, les résultats du 1er février 2015 restent cohérents avec les récents sondages au niveau national qui indiquent désormais deux éléments récurrents : le FN est placé en tête du
premier tour et l’UMP et le PS font à peu près jeu égal (moins de 600 voix les séparent dans le Doubs), mais assez loin derrière le FN.
Bien que la circonscription fût détenue par un socialiste sortant, il n’était pas évident du tout que le PS
dépassât ainsi l’UMP alors que le PS est au pouvoir depuis deux ans et demi. D’ailleurs, le candidat socialiste s’était lui-même préparé à son éviction dès le premier tour. Dans la
circonscription traditionnellement à gauche, la troisième circonscription du Lot-et-Garonne, celle de Jérôme Cahuzac, le PS avait été éliminé dès
le premier tour le 16 juin 2013.
Si la quatrième circonscription du Doubs avait été à l’origine gagnée par l’ancienne candidate à l’élection
présidentielle et ancienne ministre Huguette Bouchardeau (PSU) le 12 juin 1988, les scores du second tour ont toujours été historiquement à 50/50 au second tour : le 16 juin 2002, Pierre
Moscovici (PS), ministre (et député) sortant, a perdu face à Irène Tharin (UMP) avec seulement 49,8% des voix (162 voix de retard) ; le 17 juin 2007, Pierre Moscovici a repris sa revanche
contre la députée sortante avec 50,9% (750 voix d’avance) ; enfin, le 17 juin 2012, en triangulaire, Pierre Moscovici a gagné sans franchir le seuil de la majorité absolue, avec 49,3% devant
Charles Demouge (26,2%) et Sophie Montel (24,5%).
L’UMP divisée sur la position à adopter
Cette configuration électorale pourrait se retrouver au niveau national pour l’élection présidentielle :
c’est d’ailleurs le pari de François Hollande, d’éliminer le candidat de l’UMP dès le premier tour et ne pas avoir trop de problème pour se faire
réélire face à la candidate du FN (mais la stratégie n’est plus valable à partir du moment où le FN est aujourd’hui capable de l’emporter).
Donc, la position de l’UMP sur un second tour dont elle est exclue, FN vs PS, est un élément déterminant dans
le fondement politique de ce parti. On comprend que le PS, dans un second tour FN vs UMP, ait moins d’état d’âme à choisir l’UMP, et l’avait d’ailleurs prouvé le 5 mai 2002 en votant massivement
pour Jacques Chirac face à Jean-Marie Le Pen.
Le débat au sein de l’UMP ne se fait pas sur une éventuelle alliance électorale entre le FN et l’UMP :
celle-ci est totalement exclue, d’une part, parce que le FN n’est pas demandeur (et n’en a plus vraiment besoin), d’autre part, parce que le programme du FN est diamétralement opposé à celui de
l’UMP, et est d’autant plus proche de l’extrême gauche pour les considérations sociales et économiques que le FN avait souhaité la victoire de Syriza (gauche radicale) en Grèce.
Le débat est donc dans cette gestion de la non-alliance, à savoir faut-il voter pour le candidat socialiste
ou faut-il voter blanc (ou s’abstenir mais ce n’est pas très civique de s’abstenir, on imagine mal une personnalité politique ayant eu ou voulant avoir des responsabilités nationales ne pas être
exemplaire au moins sur le plan civique) ?
Et il faut être clair avec les mots : appeler à voter blanc, c’est considérer que le PS et le FN sont
des adversaires similaires, qu’ils sont aussi dangereux, l’un comme l’autre, au pouvoir. C’est dire ouvertement qu’il n’y a pas de préférence.
En revanche, appeler à voter pour le candidat socialiste, c’est montrer clairement qu’il faut faire barrage
au FN et l’empêcher à tout prix d’arriver au pouvoir. C’est la position notamment des centristes comme ce fut le cas dès le 2 février 2015 du nouveau président de l’UDI Jean-Christophe Lagarde.
Le FN, le principal adversaire
Avant même la très décisive tenue du bureau politique de l’UMP le mardi 3 février 2015 à 18 heures, plusieurs
ténors de l’UMP ont courageusement pris position en faveur du candidat socialiste. La première à l’affirmer n’est pas n’importe qui puisque c’est la numéro deux de l’UMP, vice-présidente
déléguée, Nathalie Kosciusko-Morizet. Les anciens ministres Dominique Bussereau et Benoist Apparu ont
également communiqué en ce sens.
Enfin, sans surprise non plus, l’ancien Premier Ministre Alain
Juppé a fait état d’une même position sur son blog : « Je vois clairement que désormais notre principal adversaire politique est devenu le
FN » et d’imaginer le FN au pouvoir : « Ce serait à mes yeux une catastrophe pour notre pays. L’image de la France serait abîmée dans
le monde car l’idéologie du FN est aux antipodes des valeurs morales et politiques qu’elle incarne ; les rechutes antisémites périodiques du président d’honneur de ce parti devraient suffire
à nous en convaincre. La xénophobie et l’islamophobie du FN dressent les Français les uns contre les autres (…). Son programme économique est celui de tous les dangers : la sortie de l’euro
déstabiliserait notre économie, au détriment des plus fragiles ; elle provoquerait la dislocation de la construction européenne au moment où nos pays ont le plus besoin de faire bloc face
aux multiples défis du monde qui nous entoure. ».
Ce réquisitoire n’est pas gratuit : il traduit une réelle inquiétude pour 2017. Et il faut le répéter,
contrairement à ce que raconte dans tous les médias le nouveau politologue très en vogue, Thomas Guénolé, il est faux de dire qu’il existe deux FN, un FN de réelle extrême droite, celui du père,
de la petite-fille, de Bruno Gollnisch, de ceux qui se laissent aller à leurs pensées vaguement racistes et à quelques autres dérapages, et un FN de gauche, social, souverainiste, guidé par
Florian Philippot. Il n’existe qu’un seul FN, avec son histoire (quarante-quatre ans), son président d’honneur, sa fille, ses dérapages incessants, et en plus de trente ans de mandats (européens,
régionaux), son incapacité à bâtir un projet concret ou à proposer quoi que ce soit de constructif.
En pays de liberté d’expression, oui, c’est un droit de pouvoir critiquer un parti comme le FN. Les élus du
FN ne sont pas les seuls détenteurs de la voix populaire : tous les élus, FN et pas FN, le sont également. Et jusqu’à maintenant, il n’y a pas de majorité en faveur du FN.
Donc, je salue bien sûr la position claire et surtout assumée d’Alain Juppé : « Je ne m’abstiendrais pas, je voterais pour le candidat qui affronte [la candidate FN], c’est-à-dire, le candidat PS. » (2 février 2015). Et il l’a
répété au journal de 20 heures sur France 2 le 3 février 2015 devant David Pujadas.
C’est donc sur une position sur les valeurs que l’UMP devrait se déterminer : opposant au PS, certes, mais dans le cadre des valeurs républicaines qui ont toujours fait consensus depuis près d’un siècle et demi de République. Or, le FN se met de lui-même, par les déclarations souvent
étouffées de ses cadres et candidats, en dehors de ces valeurs républicaines.
Le ni-ni gagne à l’UMP
C’est donc affligeant d’entendre d’autres ténors de l’UMP proposer mollement (sont-ce donc les mous du Doubs qui ont gagné la partie face aux fermes
sur les valeurs ?) de s’opposer au FN mais aussi au PS en appelant à voter blanc : le secrétaire général, Laurent Wauquiez, mais aussi
Bruno Le Maire et également l’ancien Premier ministre François Fillon qui a déclaré devant les
députés UMP le 3 février 2015 : « Le Front national est une impasse pour la France. Le Parti socialiste n’a plus aucune solution à proposer aux
Français. (…) Aucune complaisance pour l’extrême droite et pas d’indulgence pour un gouvernement impuissant ! Voilà la ligne de conduite que je propose pour l’élection partielle dans le
Doubs. ».
Cette stratégie du ni-ni n’est pas nouvelle puisqu’elle a été définie dès mars 2011, aux élections cantonales. Il est vrai qu’un récent sondage réalisé par l’Ifop pour "Le Figaro" et LCI et
publié le 2 février 2015 indiquait que parmi les électeurs de l’UMP (je me demande quel nombre exact de sondés cela correspondait-il dans l’échantillon), 19% sont pour voter PS, 14% sont pour
voter FN et 67% sont pour le ni-ni (abstention ou vote blanc).
Nicolas Sarkozy est allé encore plus loin dans la "mollesse" puisque, bien qu’opposé résolument au FN, il aurait préféré qu’il n’y eût aucune consigne
de vote : « Non au FN » mais « On laisse les électeurs choisir. ». C’est sur
cette position (anti-front républicain donc) que l’UMP aurait dû se retrouver au sein de son bureau politique du 3 février 2015.
Mais la motion du ni-ni a été adoptée par 22 voix contre 19 à l’issue de cette réunion, mettant en minorité Nicolas Sarkozy : officiellement,
l’UMP a donc appelé à s’abstenir ou à voter blanc dans cette élection partielle. Ce qui paraît assez irresponsable alors que ce parti prétend vouloir gouverner la France. Ne pas prendre position,
c’est forcément prendre position par défaut.
On peut d’ailleurs mettre cette position (qui n’est pas nouvelle) en parallèle avec la décision de Marine
Le Pen du 1er mai 2012, celle de ne pas choisir entre Nicolas Sarkozy et François Hollande pour le second tour de l’élection présidentielle, ce qui a contribué par défaut à
l’élection du candidat socialiste le 6 mai 2012.
Non seulement c’est désolant de ne pas prendre position en général en cas de duel FN vs PS, mais c’est encore plus désolant en étudiant précisément la
situation de la quatrième circonscription du Doubs.
Le candidat socialiste est Frédéric Barbier (54 ans), vice-président du Conseil général du Doubs depuis mars 2011. Il était le suppléant de Pierre
Moscovici en juin 2012 et fut donc mécaniquement amené à siéger dans l’Hémicycle lorsque ce dernier fut nommé au gouvernement. Il a été membre de la commission des affaires économiques et est un
cadre d’ERSF (Électricité réseau distribution de France).
Sophie Montel
La candidate FN, en revanche, est loin d’être une "modérée" : Sophie Montel (45 ans), malgré sa relative
jeunesse, a déjà une longue expérience électorale puisque depuis mars 1998, elle est conseillère régionale de Franche-Comté et depuis mai 2014, elle a été élue députée européenne. C’est simple,
elle s’est présentée quasiment à toutes les élections depuis une vingtaine d’années et de 1995 à 2014, elle a été conseillère municipale, à Besançon d’abord, puis, à partir de mars 2001, à
Montbéliard où elle est née, mandat qu’elle a dû abandonner en raison du cumul lorsqu’elle fut élue députée européenne. Depuis 2011, elle est secrétaire nationale aux élus au sein du bureau
politique du FN, nommée par Marine Le Pen. Donc, autant dire qu’elle est partie intégrante de la ligne actuelle du FN.
Et qu’a fait Sophie Montel jusqu’à maintenant ? Pas grand chose. Le 2 avril 2015, par exemple, aura lieu
une audience au tribunal correctionnel de Montbéliard après la plainte par l’une de ses colistières pour abus de faiblesse car une femme de 90 ans ne jouissant plus de ses facultés de
discernement aurait été enrôlée sans son consentement éclairé sur la liste municipale de Sophie Montel en mars 2014 (la candidate FN avait en réponse déposé une plainte pour dénonciation
calomnieuse). Mais ce n’est pas l’essentiel. Le fait remarquable des presque vingt années de mandats de Sophie Montel, elle le doit à son premier mandat, celui de conseillère municipale de
Besançon.
De « l’évidente inégalité des races »
Pendant la séance du conseil municipal du 23 septembre 1996 présidée par Robert Schwint (1928-2011), maire PS
de Besançon de 1977 à 2001, Sophie Montel avait montré publiquement quelles étaient ses valeurs, ses considérations pour les personnes et surtout, son obsession contre "l’immigration africaine", dans l’une de ses interventions qui, malheureusement pour elle, ont été consignées (et visées par l’autorité préfectorale) : « Rien dans les propos de Jean-Marie Le Pen sur l’évidente inégalité des races ne tombe sous le coup de la loi. Constater que la civilisation des Pygméees au
XXe siècle aussi nombreux que les Athéniens du siècle de Périclès n’est pas égale à celle de la Grèce antique n’injurie pas les Pygmées. Constater que la civilisation des Esquimaux
aussi nombreux que les Juifs n’est pas égale à celle d’Israël et n’a pas joué le même rôle dans l’histoire du monde ne constitue ni une injure aux Esquimaux ni une atteinte à la vérité.
L’observation que les enfants d’origine vietnamienne s’adaptent généralement mieux aux études et au travail que ceux de l’immigration africaine est le fait de tous les enseignants, même de
gauche. Nous affirmons que la civilisation française de notre grand siècle était supérieure dans tous les domaines de l’épanouissement de l’esprit, des arts et des lettres, à celles des Huns et
des Bantous ? Constater l’inégalité des civilisations comme celle des individus merveilleusement différenciés, ce n’est pas nier l’évidence d’une nature humaine. Ce n’est pas, bien au
contraire, porter atteinte à la défense de la dignité humaine. Ceux qui injurient la dignité humaine, ce sont les pratiques d’une société oublieuse de la loi naturelle où l’on laisse s’épanouir
les tortionnaires pédophiles car il est des crimes dont l’horreur dépossède ceux qui les commettent, quelle que soit leur civilisation, du respect dû a priori aux hommes de toutes races et de
toutes civilisations. Les vieilles ficelles utilisées depuis quinze ans contre le Front national s’effilochent de partout. (…) Nous n’avons pas de leçons à recevoir d’un membre du PS, parti qui
s’est illustré par des corrompus et des empoisonneurs, des détourneurs de fonds publics et des dilapideurs de l’argent des contribuables pour s’accrocher à leurs mandats et à leur
prébende. » (Hôtel de Ville de Besançon, le 23 septembre 1996).
Cette longue tirade a été lue à l’occasion de la décision de recruter pour trois ans un animateur
socioculturel chargé de l’intégration et de la jeunesse. Il serait vain de commenter ce texte qui présente la confusion mentale entre plusieurs mots comme "civilisation", "race", l’assimilation
de pédophilie chez l’adversaire politique (le maire était socialiste), les amalgames plus ou moins douteux, les clichés et stéréotypes historiques et géographiques, etc.
Il faut juste rappeler le contexte de l’époque où chaque élu municipal dans chaque ville était chargé de
véhiculer les idées dogmatiques nationalistes à chaque occasion au détour d’une discussion purement locale. J’ai eu l’occasion d’en voir à l’œuvre lors des conseils municipaux à Grenoble entre
1989 et 1995 où l’unique représentant du FN, également conseiller régional, sortait systématiquement des tirades enflammées contre "l’art dégénéré" à l’occasion de la moindre attribution d’une
subvention culturelle.
Les valeurs avant le carriérisme
L’UMP ne s’est donc pas grandie ce soir du 3 février 2015 en appelant à ne pas départager ces deux candidats,
un adversaire politique classique qui agit dans le cadre du consensus républicain du vivre ensemble et une autre adversaire politique qui, au contraire, est prête à ségréger, à diviser, à cliver
la population française. La nation, notion que le FN galvaude beaucoup trop, est composée d’un seul type de citoyen, le citoyen français, quelles
qu’en soient son origine, sa religion, son sexe, son âge, sa condition sociales, sa sexualité… et cela, en dehors de toutes sortes de différences que le FN ne cesse de stigmatiser pour des
raisons purement démagogiques et obsessionnelles.
Alors, honneur à Alain Juppé, Nathalie Kosciusko-Morizet, Benoist Apparu, Dominique Bussereau et quelques
rares autres responsables UMP, y compris le candidat évincé, Charles Demouge, pour avoir eu le courage de savoir dans quel camp ils se trouvaient. Dans quelques années, peut-être que les lâchetés
électoralistes de leurs collègues se paieront très chèrement…
Aussi sur le
blog.
Sylvain Rakotoarison (4 février
2015)
http://www.rakotoarison.eu
Pour aller plus loin :
Rien n’est joué en 2017 !
Je suis Charlie.
Mathématiques militantes.
Le nouveau paradigme.
Nicolas Sarkozy.
François Hollande.
Alain Juppé.
Pierre Moscovici.
Magazine Société
Dossiers Paperblog
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