Henri Molise a une vie pour le moins déprimante. Sa femme lui sort par les yeux, son fils ainé un tantinet glandeur la fait enrager en ne couchant qu’avec des femmes noires, son cadet est déterminé à devenir acteur et pour cela à échapper à son service militaire, sa fille a ramené un autre glandeur qui passe son temps à vider le frigo familial, et lui-même est un écrivain raté qui rêve de partir en Italie. C’est alors qu’un énorme chien s’endort sous la pluie devant chez lui. Puis s’invite dans sa maison avec quelque chose à mi-chemin entre la débilité et l’arrogance. Voilà de quoi distendre un peu plus les rapports avec sa famille, parce que même si il lui rappelle ses propres chiens d’autrefois, sa femme trouve ça répugnant, et sa fille exige qu’il s’en débarrasse car il se révèle un véritable détraqué sexuel qui saute sur tout et n’importe quoi et particulièrement sur le petit ami de sa fille.
Si le début du livre est effectivement très drôle et déjanté, j’ai dans l’ensemble été un peu déçue par ce roman. Disons que je ne m’attendais pas à ça. Le chien occupe les premières pages de manière hilarante, avec sa lourdeur pataude, son sans-gêne, et surtout ses réactions aussi grotesques qu’inattendues lorsqu’il croise un nouveau venu ou un autre chien qui faisait jusque là la loi dans le quartier. J’ai donc tout d’abord complètement adhéré au burlesque qu’apporte le chien, baptisé Stupide, qui trouve un écho tout à fait favorable chez Henri qui a bien envie d’envoyer un peu bouler tout son petit quotidien.
Cependant, je trouve que le titre est mal choisi, car très vite, on ne parle presque plus de ce chien et on révèle le vrai sujet du livre: cette famille moyenne américaine qui se bat avec un mélange de provocation et de pudibonderie, un cocktail de subversion et de traditionalisme. On voit ce père confronté à ses enfants qui ne lui apporte que des problèmes, à sa femme qui ne supporte pas qu’il s’oppose à elle, à une vie de famille qui l’insupporte mais sans laquelle il ne se voit pas vivre. J’ai été très touchée par ce père qui se rend compte un peu tard qu’il n’a peut-être pas établi la bonne relation avec ses enfants, trop froid ou trop laxiste, eux que j’ai pour la plupart eu envie de gifler la plupart du temps. Mais ce roman m’a surtout laissé une impression amère, un peu blasée, un peu pessimiste. Je n’avais pas envie de lire ça.
La note de Mélu:
Pas pour moi.
Un mot sur l’auteur: John Fante (1909-1983) est un auteur américain.