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Yves saint laurent - 6,5/10

Par Aelezig
YVES SAINT LAURENT - 6,5/10

Un film de Jalil Lespert (2014 - France) avec Pierre Niney, Guillaume Gallienne, Charlotte Le Bon, Marie de Villepin, Laura Smet, Astrid Whettnall

Très académique.

L'histoire : Yves, jeune homme très timide, mais doué en dessin et fan de mode, quitte son Algérie natale pour aller travailler chez Christian Dior. Sujet aux dépressions, terrorisé à l'idée de faire son service militaire, il est finalement renvoyé de la maison de couture. Avec son compagnon Pierre, amoureux fou et très protecteur, ils décident de monter leur propre société.

Mon avis : Je suis dingue de mode (de "costumes" plus exactement, sinon ça fait "fashionista" et ça, c'est pas moi), admiratrice de Saint Laurent, et j'attendais donc avec impatience de voir les deux biopics qui sont sortis quasi en même temps. En voici un.

YVES SAINT LAURENT - 6,5/10

Je ne dirai pas que j'ai été déçue, car il montre très bien la personnalité des deux amants, le génie tourmenté de l'un, le sens des affaires et le côté paternel de l'autre. Et puis, c'est une jolie histoire d'amour, interprétée avec brio, dans toutes les facettes de leurs illustres modèles, par Pierre Niney (décidément un futur grand) et Guillaume Gallienne. Les personnages secondaires sont cependant... secondaires. Les rôles de Betty Catroux et Loulou de la Falaise notamment restent dans l'ombre alors qu'elles étaient des amies intimes, fidèles, loyales, mais aussi des muses.

C'est surtout que c'est très académique, tout ça. Même si le film parle ouvertement, images à l'appui, d'homosexualité, le parti pris romantique calme l'affaire pour ceux qui pourraient être choqués (y en a encore) de voir deux hommes se faire des papouilles. Tout le reste est extrêmement lisse, presque un docu, avec défilé de pièces de collection et mise en scène réglée au petit poil de loche. On sait que ce film a eu l'assentiment de Pierre Bergé. Est-ce pour cela qu'il est aussi maîtrisé, un poil froid ?

YVES SAINT LAURENT - 6,5/10

Et je n'ai pas aimé la fin, bâclée. On saute toutes les dernières années, qui ont pourtant été marquantes, avec l'arrivée des financiers dans l'affaire, et le dégoût d'Yves pour ce que la mode était en train de devenir ; ni son dernier défilé, grand moment d'émotion, et hommage magnifique, entouré de tous ses amis.

Maintenant... j'ai hâte de voir l'autre pour comparer.

En ce qui concerne la critique :

Ils ont aimé, mais parfois avec quelques bémols : " Le film repose essentiellement sur la double présence de Niney et de Gallienne (Bergé), qui font revivre de façon touchante la relation très complémentaire entre le génie et le roc. Notons que Pierre Bergé, qui a souhaité le film, n'est pas allé contre certains voiles levés. Le film y gagne en force et en sincérité." ( Le Point) ; " De cette histoire d'amour fou qui tourne au mariage de raison, Lespert aurait pu tirer une oeuvre fiévreuse et inoubliable. C'est juste sincère et divertissant." ( Première) ; ""Yves Saint Laurent" ne parvient malheureusement pas à en rendre compte [d'une révolution artistique et sociologique], se contentant de ramener la vie du couturier à une simple histoire, un album que l'on feuillette. Le film [...] ne suggère en définitive pas grand-chose. Reste Pierre Niney. Plus qu'il ne le joue, il est Saint Laurent. Epoustouflant." ( Le Monde).

YVES SAINT LAURENT - 6,5/10

Ils ont senti et peu apprécié la mainmise de Pierre Bergé : " Si cette exploration psychologique du grand couturier possède incontestablement un mérite informatif, elle laisse rapidement place à l'expression d'un narrateur dictatorial, quasi-narcissique, qui compromet largement la présence du cinéaste." ( Critikat) ; " En l'état, "Yves Saint Laurent" est un produit de son temps, calibré, soigné, un bel objet d'une totale insignifiance. L'élégance formelle et les performances d'acteurs sauvent partiellement ce film superficiel." ( Ecran Large) ; " C'est ainsi que la relation entre Bergé et Saint Laurent se voit résumée par le premier en cette phrase consensuelle : "Ma seule faute fut d'avoir trop voulu le protéger." Un désir de protection légitime pour un amant. Moins pour un cinéaste." ( Les Inrocks).

Et Les Cahiers, eux, sont comme d'habitude d'une mauvaise foi affligeante : " Le film raconte l'histoire d'un homme très doué dans son domaine, mais un peu dépressif sur les bords. Ça arrive aussi dans d'autres corps de métier, chez les électriciens ou les chocolatiers, on n'en fait pas des films pour autant." Exact, mais l'électricien ou le chocolatier lambdas n'ont pas laissé une oeuvre considérable, véritable patrimoine de l'humanité, n'ayons pas peur des mots.

Le film a fait plus de 1,5 million d'entrées en France. Joli score.


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