Les autorités sanitaires américaines et le président Barack Obama ont lancé ces derniers jours un vibrant appel à la vaccination face à la crainte d'une épidémie étendue de rougeole dans le pays, certains parents estimant toujours que ce vaccin est dangereux.
La maladie, censée être éradiquée aux États-Unis depuis 2000, est réapparue en décembre en Californie. Le foyer de l'épidémie a été localisé dans le parc d'attractions de Disneyland.
Depuis, 102 cas de rougeole ont été recensés dans 14 États américains, selon les Centres de contrôle et de prévention des maladies (CDC) fin janvier. Les CDC ont précisé que la plupart des malades n'avaient pas été vaccinés.
«Nous sommes très inquiets du nombre croissant de personnes qui pourraient être infectées par le virus de la rougeole et de la possibilité d'une importante épidémie dans le pays», a déclaré ce week-end le directeur des CDC, le Dr Tom Frieden, insistant pour que tous les parents fassent vacciner leurs enfants.
La rougeole est très contagieuse car elle se transmet par voie aérienne. Elle provoque des accès de fièvre et des éruptions cutanées. Les cas les plus graves peuvent entraîner une pneumonie ou une encéphalite et être mortels.
Les États-Unis ont enregistré 644 cas de rougeole dans le pays en 2014, un nombre sans précédent depuis 2000. Il y avait eu 173 cas en 2013, et une petite soixantaine par an dans les années précédentes.
Le retour en force de cette infection aux États-Unis coïncide avec la tendance de certains parents de refuser de faire vacciner leurs enfants car ils craignent que ce triple-vaccin (rougeole, oreillons et rubéole) ne soit responsable de l'augmentation des cas d'autisme. D'autres personnes refusent la vaccination, en général pour des raisons religieuses ou politiques.
Cette controverse remonte à la publication d'un article biaisé dans la très sérieuse revue médicale britannique le Lancet en 1998, qui ne s'est rétracté sur le sujet qu'en 2010. Les médias ont également été critiqués pour s'être largement fait l'écho de cette recherche frauduleuse.
Croyances infondées
Pourtant de nombreuses études scientifiques très sérieuses ont clairement démenti tout lien avec l'autisme ou tout autre risque sanitaire.
Selon le Dr Anne Schuchat, responsable de la vaccination aux CDC en 2014, les parents de 79% des enfants non-vaccinés avaient demandé aux autorités de leur État d'être exemptés de la vaccination sur la base de leurs convictions.
Cette situation explique que le taux de vaccination contre la rougeole aux États-Unis ne dépasse pas 92% et dans 17 États, moins de 90% des enfants avaient reçu au moins une des deux doses requises.
Le président Barack Obama a fait peser toute son autorité dimanche pour convaincre les parents sceptiques d'ignorer ces croyances infondées.
«Je sais qu'il y a des familles qui sont parfois inquiètes des effets de la vaccination mais vous devez savoir que la science est vraiment indiscutable», a-t-il déclaré sur la chaîne de télévision NBC. «Nous avons examiné cela de nombreuses fois et il n'y a aucune raison de ne pas se faire vacciner», a insisté M. Obama.
La question de la vaccination contre la rougeole a agité la sphère politique, surtout parmi les candidats républicains potentiels à la présidentielle de 2016.
Pour ces prétendants, l'exercice est délicat car ils ne veulent pas s'aliéner la frange de leur électorat ultra-conservateur qui pour des raisons religieuses ou par pure conviction politique rejettent l'obligation de la vaccination.
Le gouverneur du New Jersey Chris Christie, un républicain modéré, a déclaré, interrogé sur le sujet, qu'il fallait que les parents «aient leur mot à dire». Son service de presse a publié ensuite un communiqué indiquant qu'avec «une maladie comme la rougeole les enfants devaient être vaccinés».
«Je pense que c'est une bonne idée de se faire vacciner, mais je crois aussi qu'il s'agit d'une décision personnelle», a estimé de son côté le sénateur Rand Paul, médecin de profession, de sensibilité libertarienne et figure du Tea Party, le mouvement ultra-conservateur.
Ce débat sur les vaccins est une nouvelle illustration des positions alambiquées de certains républicains sur certaines grandes questions scientifiques comme le changement climatique ou la théorie de l'évolution: dans nombre de circonscriptions conservatrices, des conseils d'éducation tentent d'imposer l'enseignement du néocréationnisme dans les écoles publiques.
Source : LaPresse