« Je ressemble un peu à la neige. - Tu as raison. La neige a quelque chose de très particulier. »
Comme le veut la tradition à Irving, l'attribution des chambres aux élèves de terminale relève d'un vrai cérémonial (le dernier jour, les anciens inscrivent sur la porte le nom de leur remplaçant et lui laissent un petit “trésor”). Manque de bol, Duncan vient de décrocher le cagibi du fond, de la part de Tim MacBeth, ainsi qu'une flopée de CD où il a enregistré de « la matière première » pour sa dissertation à rendre en fin d'année pour son cours de littérature. Sujet : la tragédie.
Et Tim de raconter son arrivée dans cet internat privé, après un long voyage chaotique, des déboires météorologiques et une rencontre éblouissante avec la belle Vanessa... Le garçon souffre de solitude, du manque de confiance en lui, de son physique (il est albinos), bref c'est un pauvre type, qui craque pour la plus belle fille de l'école, laquelle sort déjà avec un spécimen de foire (beau, sportif, arrogant) mais apprécie de passer son temps avec un autre. On soupire d'aise.
J'envisageais cette lecture comme un ersatz de Treize Raisons de Jay Asher, Coeurs brisés, têtes coupées de Robyn Schneider ou un roman de John Green, mais le résultat est nettement en-dessous des attentes. Cette tragédie aux accents modernes est, pour moi, triste, lourde et monotone. Une franche désillusion. Les personnages n'ont aucun charme, ils sont vides, ennuyeux, plus particulièrement Duncan, dont on se fiche un peu de connaître l'histoire. Tim fait figure du pauvre gars qui n'a rien compris au film. Typique, mais désespérant.
La relation triangulaire, assez peu crédible, laisse très vite supposer un drame à venir, tout est mis en place pour y croire fortement, jusqu'au récit haché exprès et la mise en scène exécutée avec soin pour entretenir le suspense. Le dénouement est malheureusement très décevant car trop faible par rapport à l'intensité dramatique du récit. J'en sors déçue, pas du tout convaincue.
Gallimard jeunesse, janvier 2014 ♦ traduit par Catherine Gibert (The Tragedy Paper)