Ce qui me gêne dans ce reportage, c'est qu'il est totalement à charge ! Il généralise la pratique, en donnant l'impression que la fraude est courante. De facto, le lien entre armes et dangerosité se fait immédiatement et subrepticement dans l'esprit des auditeurs, dont l'attention n'est peut-être pas maximale. D'ailleurs, qu'il soit attentionné ou pas, l'auditeur prend pour argent comptant ce qu'il entend, d'autant qu'il n'a probablement pas une connaissance suffisante du sujet, et ne peut donc pas réagir objectivement.
Ce qui me gêne dans ce reportage, c'est qu'il n'y a aucun débat contradictoire, ou en tous cas aucun développement, avec un apport de données diverses, détaillées, factuelles et surtout objectives. On ne sait rien de cet armurier, s'il a un casier judiciaire, s'il est surveillé par la police, s'il se situe dans un quartier sensible, si des enquêtes de police démontrent que ce cas n'est pas isolé, quel est le taux de mortalité moyen annuel par armes à feu par rapport au nombre d'armes officiellement détenues par des civils, etc. Je ne comprends d'ailleurs pas pourquoi ce minuscule reportage est programmé ainsi à l'antenne, comme un cheveu qui tombe sur la soupe ???
Je tiens à être clair : loin de moi l'idée de faire l'apologie des armes. Oui elles sont mortelles ! Mais je mettrai en balance le fait qu'elles sont aussi mortelles que la famine, une épidémie de grippe, une route verglacée, une poile à frire, un rouleau à pâtisserie, 2 mains qui enserrent un cou, une opération chirurgicale, la pollution, le suicide, l'amour, etc., etc. Je pourrais poursuivre cette litanie pendant des heures, mais cela ne ferait pas plus avancer mon propos.
Je vous encourage à faire des recherches sur internet sur le sujet (par exemple ici). Les données statistiques sont innombrables, pas toujours actualisées mais donnant tout de même une certaine idée de la situation, même si, comme toujours, il faut relativiser les informations présentées puisque l'on a pas la possibilité de vérifier les chiffres, les écrits, les commentaires et leurs sources.
Donc, soyons factuels. Ce qui suit est primordial et vous permettra de vous faire une idée juste de ce qui est, et donc de bien décrypter les fadaises qui circulent ! Je vais vous décrire le parcours officiel pour obtenir une arme, vécu personnellement puisque je suis tireur, dit de "loisir", (par opposition à de "compétition") et que je pratique très régulièrement, comme un sport (je développerai ce point plus loin).
Vous allez découvrir que l'obtention officielle d'une arme est un parcours du combattant ! Rien à voir avec certaines rumeurs qui circulent et peut-être propagées par des personnes qui ne connaissent rien des armes, qui n'en ont même jamais vues de près ni même tenu une en main, ou qui, de manière dogmatique, rejette tout en bloc !
- Première étape : il faut tout d'abord s'inscrire dans un club de tir officiel.
- Deuxième étape: obtenir le feuillet vert.
Pourquoi s'acheter sa propre arme, me direz-vous ? Pour une raison technique principalement. En effet l'utilisation d'une arme demande que des réglages soient faits pour adapter l'arme aux caractéristiques physiques du tireur. Par exemple, les instruments de visée (le cran de mire à l'arrière et le guidon au bout de l'arme) s'adaptent en fonction de "l'oeil directeur" du tireur, qui n'est pas le même pour tout le monde. Quand vous fermez un oeil, en général le gauche pour les droitiers (même problème pour les gauchers), il faut effectuer divers réglages des instruments de visée pour que la ligne de mire (l'axe entre le cran de mire et le guidon) corresponde à votre oeil et permette un tir droit. Donc le tireur qui utilise les armes du club est souvent confronté au problème des réglages qui changent régulièrement en fonction du tireur précédent. Cela peut aussi concerner le confort de l'arme ressenti par le tireur : tenue en main, poids, longueur du canon, esthétique, etc. La pratique s'en ressent. Et légitimement, un tireur désireux d'améliorer sa pratique, pense à avoir sa propre arme, qu'il va choisir avec soin, et qui, une fois réglée, lui permettra de se concentrer, non plus sur les problèmes techniques de l'arme, mais sur les techniques du tir en lui-même !
- Troisième étape : établir un dossier de demande
- Quatrième étape : contrôle du coffre-fort
- Cinquième étape : obtenir son arme
Il faut bien sûr que vous ayez fait votre choix : modèle, calibre, etc. L'offre d'armes est pléthorique et il n'est pas toujours possible de faire des tests chez les armuriers, pas nécessairement outillés pour cela. En parallèle, l'armurier envoie le document de vente à l'administration, document contenant, entre autre, le numéro de l'arme.
Le processus est terminé. L'armurier vous envoie votre arme en 2 colis séparés, ce qui évite qu'un colis, qui aurait contenu l'arme entière ne se perde ou soit volé et tombe dans de mauvaises mains. Mais il existe une 6 ème étape, qui, si elle n'est pas respectée, permet à l'administration de vous retirer votre arme !!
- 6 ème étape : le renouvellement
Donc, pour finir, il me semble que l'acquisition d'une arme ne se fasse pas d'un claquement de doigts. Sans parler du coût global de l'arme et de l'activité. J'y reviendrai dans un prochain article.
Taper sur le citoyen lambda, parce qu'il ne peut pas facilement se défendre, n'est que l'expression d'une grande lâcheté. Si certains veulent interdire toutes les armes, il faut alors commencer par interdire tous les couteaux de cuisine...