Protectionnisme économique et autonomie numérique
Ces nouvelles contraintes pour les services occidentaux permettront à l’homme le plus riche de Russie, Alicher Ousmanov, de développer encore ses parts de marché. M. Ousmanov, proche de Poutine, est le propriétaire de mail.ru, concurrent directe de gmail. Il a pris le contrôle en septembre de vkontakte, leader en Russie des réseaux sociaux devant Facebook et Twitter. Du côté des autres services et technologies, la Russie n’est pas à la traîne : Yandex, majoritairement russe, distance Google et Ozon est le concurrent de Amazon. Sputnik, projet de moteur de recherche totalement russe porté par Rostelecom garantira une indépendance et un contrôle total par l’état. Le développement de l’économie actuelle basée en grande partie sur les matière premières passera par le développement des nouvelles technologies. Poutine annonce que déjà 8,5% du PIB est généré par l’économie en ligne. A son arrivée au pouvoir en 99, il y avait 2 millions d’internautes en Russie, aujourd’hui ce sont 75 millions de personnes qui sont connectées.
Des machines à écrire pour contrôler les réseaux sociaux
Bien que ne possédant pas de smartphone et n’étant pas un internaute averti, M. Poutine a bien compris le risque lié à l’usage de ces nouveaux moyens de communication par un nombre aussi important de personnes, il devra garder la maîtrise de l’information dans son pays. Au mois d’août, c’est une loi concernant les blogs ayant plus de 3.000 lecteurs inscrits qui en oblige sa déclaration auprès du ministère de la communication. Le même mois une autre loi oblige l’identification des utilisateurs utilisant le WIFI public ou d’entreprise. Peut-être est-ce lié à l’augmentation importante (600%) des utilisateurs souhaitant être anonyme en utilisant le réseau tor ? Déjà en février, une loi permettait de couper les sites internet sur simple décision de justice. Cette dernière, mise en avant pour la protection de l’enfance a été utilisée dès le mois de mars pour couper des sites contestataires au régime. La Russie a bien compris les avantages qu’elle peut tirer de ces nouvelles technologies pour mener à bien sa guerre de l’information tout en limitant les risques qu’elle peut générer.