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A peine quatre ans d’existence ont suffi aux antagonistes de l’empereur à bicorne pour se tailler une place de choix dans le cœur de la critique musicale française. De Gonzaï aux Inrocks, en passant par Bretagne Actuelle et France Inter, la pop psychédélique nerveuse des jeunes nantais s’impose tranquillement dans les playlists d’une audience pour le moins variée. Single de la semaine sur iTunes, track d’ouverture du Matt Barnes Show à Londres, sélectionné par France Culture dans le cadre de sa compil « French but Psyché », un récent passage dans l’émission « Monte le son » qui sera bientôt diffusée sur France 4, etc. il y a fort à parier que l’engouement général des médias pour Disco Anti Napoleon ne tarde pas à transformer leur succès d’estime en succès public. Car c’est bien là leur tour de force : avoir tenu le pari de produire un album mature, ambitieux, original et travaillé qui ne s’embourbe pas dans les nids de poule shoegaze des wannabe blanchot à quatre sous. A tous ceux qui pensent que qualité et exigence riment avec prise de tête, record d’inaudibilité et intellectualisation excessive d’une musique qui bien souvent ne mérite pas trois lignes, « Ascent », leur premier album sorti en novembre 2014 sur le label nantais Futur Records, prouve que la grande famille de la pop a encore du jeu sous la pédale. Entraînant l’auditeur dans une transposition musicale des influences SF de la génération 90’s, les dix tracks de l’album, ne sont ni plus ni moins que le prolongement logique et sincère des titres « Eva » et « Blue Lawn » sortis courant 2013 sur l’EP éponyme. Amoureux de la reverb et des rythmes serrés, cheveux longs, casquettes, lunettes, sneakers et sacs-à-dos les quatre membres de Disco Anti Napoleon semblent bien partis pour entrer au panthéon des trublions du rock alternatif français. En attendant leur consécration, nous avons profité d’un passage du groupe au 114 pour leur poser quelques questions.
DAN l’interview
On va commencer tranquillement. Est-ce que vous pouvez vous présenter ?
Tristan : Je m’appelle Tristan. Je joue de la basse. Jordan fait de la guitare électrique, Renaud est à la batterie et Thomas au synthétiseur. On s’est rencontré en 2010. Les gars se connaissaient déjà depuis le lycée. Ils faisaient de la musique ensemble et c’est par le biais de soirées à Nantes, au Lieu Unique notamment, qu’on a commencé à se capter et à s’échanger nos démos. Et puis on s’est dit que ça pourrait être pas mal de faire un truc tous les quatre. L’alchimie s’est faite assez vite. Tout est arrivé assez rapidement en fait. On a fait notre première date par le biais du prof de batterie de Renaud qui est président de l’asso CABLE#.
Renaud : C’est une asso de musiques expérimentales…
Tristan : … assez reconnue. Notamment par rapport aux visuels…
Renaud : Ils ont un festival aussi.
Tristan : Du coup c’était notre première date. On a dû trouver un nom. Il y avait Jordan alors on a pris son diminutif et finalement comme il fallait un site internet et que DAN ne passait pas pour des histoires de référencement on a commencé à trouver des acronymes. On voulait en avoir un différent pour chaque date et puis finalement le seul dont on arrivait à se souvenir c’était Disco Anti Napoleon alors il s’est un peu imposé comme ça. Et puis il y a eu un petit engouement pour le nom à Nantes lorsqu’on faisait les premières parties des groupes qui tournaient. On a fait une dizaine de dates comme ça et depuis les choses ont bougé et on n’a jamais vraiment eu de répit. C’est plutôt cool.
Ascent, sorti en X 2014, est votre premier album. Avant ça vous avez sorti un EP : Blue Lawn. J’ai l’impression que vous êtes venus assez vite à des formats enregistrés.
Jordan : Oui. En fait on s’enregistrait tout le temps en répét. On a pas mal composé en impro donc on avait besoin de réécouter ce qu’on faisait. Quand on tenait un truc bien, on ne s’arrêtait pas pour dire : « Ah ça c’est bien ». On continuait, on approfondissait le truc et puis en fin de répét on s’envoyait le fichier et on se disait : « ce passage là ça serait bien qu’on en fasse une track ». Donc oui, on s’est mis à enregistrer ce qu’on faisait en répétition super tôt. Après par contre on a mis un peu de temps à aller en studio.
Tristan : Avant d’aller en studio on a dû mettre pas loin de deux ans mais encore une fois attendre deux ans pour faire du studio c’est quand même assez rapide. Moi personnellement j’avais jamais joué dans un groupe avant. Je trouve que c’est allé vite. Mais c’est aussi parce qu’on a des potes à Nantes. Mon frère fait partie de FVTVR. C’est le chanteur de Pegase. Il nous suit depuis ces premiers enregistrements de répétition. Il avait essayé de nous gonfler un peu le son pour qu’on puisse mettre ça sur internet. Et puis rapidement on a tout téj d’internet pour que ça passe en studio et faire les trucs avec lui.
Donc à l’origine c’est moins un besoin promotionnel qu’une méthode de travail finalement.
Tristan : Ouais voilà.
Et du coup pour le live c’est pareil, ça a démarré assez vite ?
Jordan : Ouais. C’est ce qui est arrivé le plus vite
Tristan : C’est vraiment ce qui nous a permis d’y croire et d’être productif. On avait pas mal de dates à Nantes avec ces assos qui avaient besoin de choper un petit groupe du coin pour ramener un peu de public pour le groupe d’après. Nous on avait la volonté de faire un live différent à chaque fois. Mieux maîtriser certains morceaux aussi. Pendant nos premiers concerts on ne savait jamais comment terminer une chanson. Elles étaient écrites sans vraiment être écrites. Et puis au fil du temps on s’est dit « oh putain celle-ci elle est vraiment nulle, etc. » et c’est qui nous a permis de trier et d’avoir les tracks qu’il y a dans notre album.
Jordan : C’est depuis l’album qu’on s’est vraiment pris la tête pour écrire un live censé être joué sur pas mal de dates.
Tristan : C’est vrai que finalement ce passage en studio nous a permis de faire notre nouveau live et de présenter quelque chose de différent. Essayer de reproduire à la fois ce côté brute qu’on aime bien et des choses plus produites – mais toujours pour les retranscrire sur scène à notre sauce. C’est chiant d’écouter un album qui est mortel et dont le concert n’apporte rien. T’as l’impression d’écouter le CD. Ce qui est cool quand tu vas voir un live c’est quand tu découvres une petite pépite. Un truc que tu ne reverras pas. On a voulu jouer avec ça aussi. Intégrer plus de passages improvisés.
L’album est assez nerveux. On sent qu’il a été composé pour le live.
Jordan : C’est aussi parce qu’on l’a composé dans des conditions un peu difficiles. On n’avait pas de studio. On avait un truc qu’on louait et c’était la galère.
Renaud : On ramenait nos instruments à chaque fois.
Jordan : Et puis c’était à 8h ou 10h le dimanche… matin. Sachant qu’on aime bien faire la fête, on était souvent crevés.
Tristan : On a eu que des horaires comme ça. Ca a commencé le dimanche à midi. Après ça a été le mercredi à 8 heures du mat.
Jordan : On ramassait tous les créneaux dont personne ne voulait en fait. C’est pour ça, quand tu dis que l’album est « nerveux », c’est que nous mêmes on été très nerveux lorsqu’on l’a composé.
Tristan : Ah bah clairement on était dans le mal quoi.
Jordan : On a composé sous aspirine en fait.
Tristan : C’est ça. Sous aspirine (rires).
Dans un morceau comme « Phaser » il y a une tension entre des vocaux très aériens et un rythme de batterie ultra speed, et finalement, plus on écoute l’album et plus on se rend compte que c’est ce qui le traverse dans son ensemble. Un côté très ouvert, avec beaucoup d’ampleur qui rappelle les atmosphères de la dreampop et en même temps un côté beaucoup plus péchu. Ca fait partie de vos ambitions de travailler les frontières entre les genres ou ça « sort » juste comme ça ?
Tristan : Je ne pense pas que ce soit aussi conscient. C’est cette musique qui nous a rassemblé. Le côté impro, psychédélique et notre envie à tous de faire une musique relativement dansante. D’où la rythmique très entraînante.
Jordan : Je pense que sur « Phaser » c’est surtout Renaud qui apporte la tension.
Tristan : Quand tu écoutes le morceau, c’est un roulement du début à la fin. C’est complètement débile. Personne ne joue comme ça. Cet espèce de roulement random et c’est génial. C’est un de nos tous premiers morceaux et je pense que ça doit aussi être un de nos plus originaux. Mais ce qui est important c’est que Renaud ne se serait peut-être pas permis de faire ça s’il avait eu un projet avec d’autres personnes. Il y a vraiment cette espèce de…
Jordan : … de connivence
Tristan : Il y a une alchimie. On s’est découvert nous-mêmes à travers ce projet. Je regardais une interview de Jimmy Page qui parlait de Led Zeppelin dans laquelle il disait qu’ils étaient plutôt bon zikos à la base mais qu’ils avaient réussi à passer un cap grâce à la dynamique de groupe. Je pense que nous à la base on est pas du tout zikos mais que grâce à ce projet on a réussi à faire de la musique (rires).
Vous venez tous d’univers musicaux différents…
Jordan : Oui
Tristan : On a tous notre truc. Moi j’écoute beaucoup de rock. Des choses beaucoup plus primaire que DAN finalement. Mais dans la voiture de Renaud par exemple, je crois n’avoir jamais entendu un seul son de batterie.
Renaud : Principalement de la musique électronique ou Krautrock.
Tristan : Après on a vraiment des influences communes. Ce qui nos rassemble vraiment c’est la pop. Les Pink Floyd aussi. C’est à eux qu’on pensait quand on a commencé à improviser. Je ne sais pas combien de fois on a écouté le live à Pompéi ensemble. Bon après c’est un truc qu’on a en tête. On n’a pas envie de refaire du Pink Floyd.
A chaque fois qu’on vous présente, il y a deux mots que reviennent c’est reverb et disto, c’est devenu votre marque de fabrique ?
Tristan : Je pense qu’il y aura toujours de la reverb. C’est ce que tu disais tout à l’heure. Je pense qu’il y aura toujours cette tension entre nervosité grâce à la distorsion et quelque chose de plus aérien grâce à la reverb. Moi j’adore ce côté planant dans DAN mais effectivement je crois que ce sont des choses qu’on se dit après coup. Nous on a pas forcément ce recul. Mais à mon avis ce qui donne la cohérence de l’album c’est vraiment cet effort constant entre le travail de la reverb et notre volonté de traverser toute une série d’états physiques.
Jordan : J’ai toujours chanté avec de la reverb. Même avant qu’on soit tous les quatre. Je pense que j’ai appris à chanter avec la reverb et je ne pourrai sans doute jamais m’en débarrasser
Tristan : Il y a un côté magique aussi. Tu vois pour faire de la musique, tu prends une guitare et tu te mets à chanter. Il y a quelque chose qui rassure à chanter avec de la reverb. Que ce soit dans une église ou n’importe où d’ailleurs. Je pense à notre local de répét. Il y un escalier dans lequel il y a une reverb énorme d’au moins une minute. Il y a cette espèce de puissance qui t’emporte et c’est plutôt cool. Après je sais pas. T’en penses quoi toi Thomas ?
Thomas : Je sais pas. J’ai pas grand chose à ajouter. J’aime bien que tu utilises le mot magique pour la reverb. C’est vrai que ça crée des choses différentes. La voix est immédiatement mise en contexte. Tu visualises un univers.
Jordan : C’est plus onirique on va dire.
Renaud : Plus porteur. Mais bon. Il y a aussi des groupes beaucoup plus frontaux qui fonctionnent très bien et dans laquelle jamais tu mettrais une reverb. Tout dépend de l’idée.
Tristan : Mais c’est vrai que la disto…
Jordan : la disto il n’y en a pas tant que ça en fait. C’est de la fuzz plutôt.
Tristan : mais voilà c’est la même chose (rires)
Jordan : Je rigole. Mais vraiment, moi j’en utilise pas tant que ça. Toi Tristan, c’est vrai que t’en utilises beaucoup.
Vous parlez de magie, d’onirie, de profondeur, c’est drôle parce que ça concerne bien évidemment la musique mais aussi toute la tracklist, le choix des titres etc. C’est bourré de références à la science-fiction, à une certaine forme de religiosité aussi (« Om », « Ascent »). Comment ces éléments s’inscrivent dans votre projet artistique ?
Jordan : En effet. Le Om renvoie directement à l’hindouisme par exemple. C’est en lien avec la méditation, tout ça.
Renaud : C’est vrai que le côté science-fiction est très présent.
« Superhéros », « Gremlins », « Spaceship »…
Jordan : On s’en est rendu compte après coup. On a vu la tracklist sur une chronique et là on s’est dit : mais merde, c’est l’album d’un gosse en fait.
Tristan : On ne s’est jamais trop posé la question. Ca a toujours été hyper direct.
Jordan : A chaque nouvelle chanson on l’appelait : « la nouvelle » alors forcément à un moment ça marchait plus.
Tristan : Ca donnait des setlists de merde. « Nouvelle 1 », « Nouvelle 2 », « Nouvelle 3 ». Donc ça se faisait comme ça : « T’as une idée de nom toi ? Ouais ça. Ah ouais c’est cool. » Et puis basta quoi. Et quelque part on retrouve aussi ça dans notre musique. L’envie d’avoir tout le temps des nouvelles choses, ce côté un peu accidentel. Quant à la SF, on en regarde à fond et c’est quelque chose qu’on a envie de retranscrire dans notre imagerie, nos clips, etc. Notamment parce que les synthétiseurs et les effets qu’on utilise font pas mal SF. Alors comme on peut délirer une heure sur quatre sons de synthé et des modulations, forcément ça fait voyager. On a envie de voyager dans l’espace.
Jordan : Quand j’ai écrit « Spaceship » par exemple, et toutes les autres tracks qui parlent de l’espace d’ailleurs, il y avait ce côté : endroit qui peut te libérer. Aller dans l’espace c’est partir du monde dans lequel on est et…
Tristan : … et puis cette espèce de truc infini. L’espace est infini quoi ! Tu peux tout explorer et nous on explore la musique, on aime s’aventurer dans les choses qu’on ne connaît pas.
Renaud : La reverb de l’espace.
Tristan : Un concert dans l’espace. Ca fait partie de nos objectifs.
Quand j’ai vu ça, j’ai cru que c’était une référence à P-Phunk, à la cosmic disco, à Sun Ra etc. Que vous revendiquiez cet héritage.
Tristan : J’adore Sun Ra. Je sais pas si vous avez vu Space is the Place.
Renaud : Moi je trouve que c’est quand même pas évident à écouter Sun Ra.
Tristan : C’est vrai qu’on se retrouve dans la manière de composer du free jazz.
Jordan : Je ne sais pas si on peut parler de composition pour le free jazz
Renaud : Tous les concerts sont improvisés
Tristan : C’est quand même un peu ce qu’on fait. Sauf qu’à la fin on essaie de reproduire le truc à la lettre.
Qu’est-ce que ça signifie pour vous d’avoir signé sur un label nantais ? C’est quelque chose qui compte ?
Tristan : Pour un premier album c’était la suite logique des choses. On ne se voyait pas travailler avec quelqu’un d’autre qu’avec Raphael qui nous avait suivi depuis le départ. Maintenant notre disque est sorti sur un label japonais (P-Vine). Et puis c’est vrai qu’on aime bien le côté indépendant. Avec notre collectif Incredible Kids, on réalise des clips, on a une émission de radio, etc. C’est vraiment cette synergie entre les gens qu’on fréquente au quotidien qui nous a permis d’être là. Raphaël bien sûr mais aussi Pierre Ströska qui a fait toutes nos photos, nos visuels, nos pochettes etc.
Qu’est-ce que c’est exactement Incredible Kids ?
Tristan : À la base c’est un cri de guerre. On était en teuf et on criait ça. C’est un truc de gang. On avait besoin de mettre un nom à toute cette clique de potes. Chacun de son côté faisait de la musique, de la photo, de la peinture etc. et on avait envie de rassembler ça pour montrer quelles étaient nos influences et mettre en lumière des choses qui n’étaient pas forcément connues et auxquelles nous on avait accès. Quand on a commencé DAN on a eu des petites chroniques sur des blogs à droite à gauche. Incredible Kids, c’était un peu notre façon de rendre la pareille, de nous aussi pouvoir donner un coup de pouce à des groupes qui débutent. Aujourd’hui on organise pas mal de concerts à Nantes. On a une émission de radio qui est basée à Nantes mais qui existe aussi en podcast. Dans le futur l’idée ça serait de faire une belle plateforme internet, de pouvoir relayer les sites de chacun, de mettre en avant nos clips aussi et finalement de créer notre label. Mais pas comme le fait FVTVR qui suit un projet et l’accompagne. Plutôt se diriger vers des micro-éditions de 45T, des petites cassettes etc. Faire des premières sorties de trucs qu’on adore, des trucs de potes mais aussi des trucs étrangers. Si nous demain on nous propose de sortir une cassette en Australie à peu d’exemplaires bah ouais carrément ! T’as rien n’à perdre. On pense vraiment à ce truc de catalogue avec plein de choses sans avoir ce souci de se rentabiliser.
J’ai l’impression que la dimension esthétique est très importante dans votre projet. Vous ne vous contentez pas de faire de la musique.
Tristan : C’est un peu con mais vis-à-vis des gens avec qui on travaille actuellement on ne pourrait pas se permettre de faire les choses sans clip. On nous le demande. Le label nous le demande et honnêtement aujourd’hui je pense que c’est difficile de promouvoir sa musique autrement que par le visuel et internet. Après il y a des groupes qui y arrivent et je trouve ça mortel. Maintenant nous on n’a pas pris ça comme un fardeau. C’était pas : « oh merde on va être obligé de faire un clip ». C’était plutôt : « on doit faire clip : mortel ! ». On est tous fans de sciences fiction etc. C’était vraiment un exercice de style de pouvoir retranscrire notre univers dans l’imagerie. C’est quelque chose qui nous touche parce qu’on va voir des expos, parce qu’on adore les films etc. Je suis hyper content de toutes nos pochettes. C’est moi qui réalise les clips et quand j’entends des gens qui me disent qu’en les regardant ils ont complètement plané, ça me fait super plaisir. Donc je dirais que c’est quelque chose qui est devenu important un peu par la force des choses. Un truc qu’on adorerait faire, on y a toujours plus ou moins pensé sans vraiment réussir à le mettre en place, c’est de réfléchir à une véritable scénographie. Que ces visuels puissent intervenir pendant qu’on joue mais en direct. Genre tu joues une note et il y a un truc qui se passe. Bon faut réfléchir mais il y a des mecs qu’on connaît qui pourrait nous aider à faire ça.
T’as parlé du label, est-ce qu’on peut en savoir plus ?
Jordan : Pour l’instant c’est un projet.
Et c’est quelque chose d’important pour vous, qu’un musicien déborde de son champ strict pour se diriger vers d’autres activités de l’écosystème musical ?
Tristan : Pouvoir faire confiance à un label est quelque chose de vraiment cool. Prendre un skeud que tu ne connais pas et y aller les yeux fermés c’est quelque chose de vraiment sympa. Je pense à Burger Records qui sort des cassettes à fond la caisse et prend de plus en plus d’influence alors qu’ils sont vraiment partis de rien. Nous, on a envie que ça se passe dans le monde entier. On a envie de créer une plateforme d’échange de ouf. On est tous très proches les uns des autres via internet. C’est hyper facile d’entrer en contact avec des artistes qu’on adore et les mecs sont sur le cul qu’à l’autre bout de la terre on puisse écouter leurs sons. Ils te répondent direct. Alors pour moi on se doit de participer à ça. De participer à ce mouvement de découverte et d’échange. On a tous nos petites démos dans le fond de nos disques durs et c’est tellement cool de pouvoir sortir un objet physique et de dire : « là ça existe quoi ». Même s’il n’y en a que quarante on s’en fout. Tu peux le retrouver sur internet et voilà le truc existe. J’ai envie de collaborer avec des étrangers. Je pense à Wyla qu’on a découvert en reprenant un de ces morceaux. Il vient des EU et a déjà sorti quatre ou cinq albums. Il est inconnu alors qu’il est brillant.
Renaud : Vinyle Williams aussi
Jordan : Vinyle Williams il commence à être bien connu.
Tristan : Le premier album de Wyla s’appelle Wyla Demo. Il y a douze titres et c’est juste un album ultime. Dès qu’on aura un peu de sous, j’ai trop envie de le sortir avec Incredible Kids. Le mec traîne sur un vieux Bandcamp où il a deux cents fans alors qu’il pourrait être en tête d’affiche du Pitchfork. Il fait ça tout seul. Quand tu vas voir les rares lives disponibles sur internet tu te rends compte que son bassiste est en fait un contrebassiste alors que quand t’écoute la zik tu te dis bah non c’est de la basse. Il a dû aller voir un de ses potes contrebassiste et lui demander de jouer avec lui. Moins par souci de reproduire ce qu’il fait que pour se retrouver avec des potes et faire des trucs à la cool. J’ai vraiment trop envie de sortir son disque.
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