Après « Mon pire cauchemar » et « Perfect Mothers », Anne Fontaine nous livre son nouveau long-métrage : « Gemma Bovery ». Il s’agit de l’adaptation du roman graphique de Posy Simmonds. Anne Fontaine et Pascal Bonitzer signent le scénario. Fabrice Luchini, Gemma Arterton et Jason Flemyng interprètent les personnages principaux. « Gemma Bovery » sortait en DVD le 21 janvier 2015.
Synopsis : Martin est un ex-bobo parisien reconvertie en boulanger d’un village normand. De ses ambitions de jeunesse, il lui reste une forte capacité d’imagination, et une passion toujours vive pour la grande littérature, celle de Gustave Flaubert en particulier. On devine son émoi lorsqu’un couple d’Anglais, Gemma et Charles Bovery, vient s’installer dans une fermette du voisinage …
Le scénario de « Gemma Bovery », adapté de l’œuvre homonyme de Posy Simmonds, est assez intéressant, notamment avec la mise en abîme qu’elle entraîne. En effet, on découvre un personnage principal, narrant une histoire au spectateur, qui, elle-même, se base sur les écrits de Gustave Flaubert et que le personnage nous raconte à travers les écrits d’un autre personnage. « Gemma Bovery » est donc un long-métrage où les histoires s’emboîtent les unes dans les autres, afin de former un ensemble totalement homogène où fiction littéraire et fiction cinématographique sont liées. Tout cela est parfaitement géré par le scénario, afin que celui-ci puisse exister par lui-même et non grâce aux nombreuses références et mises en abîmes. L’intrigue va même essayer de se détacher de ces rebondissements que subissent par fatalité les personnages dans son acte final, testant, et cherchant presque à fuir, ce destin à l’allure programmé par ce mécanisme d’histoires dans une histoire.
Dans le rôle principal, celui du narrateur, on retrouve Fabrice Luchini. Il est vrai que l’acteur est connu pour son côté « too-much » assumé. Cependant, c’est avec une véritable retenue, presque pudique, qu’il nous apparaît dans « Gemma Bovery ». Son interprétation n’en est que meilleure, et se rapproche d’un voyeurisme, assez intriguant, déterminé par son goût pour la littérature. En face de Fabrice Luchini se tient Gemma Arterton dans le rôle-titre. L’actrice britannique offre un charme considérable au personnage, accentuant le désir des hommes qui l’entoure, sans jamais pour autant jouer la carte du vulgaire. Les autres personnages incarnés, notamment par Jason Flemyng et Niels Schneider, sont servis par de très belles performances, où chacun trouve sa place dans les différentes relations. Seul étranger à cette masse, le personnage de Fabrice Luchini qui les regarde évoluer, s’aimer, se mentir et s’amuse à s’imaginer les diriger tel un metteur en scène.
Anne Fontaine livre une réalisation assez douce, suivant les personnages avec légèreté dans leurs différentes balades de voisinage. Si la composition des plans, et des mouvements de caméra, peut paraître assez facile, mais efficace, dans une grosse majorité, c’est lors des plans subjectifs, par rapport au personnage de Fabrice Luchini, que la réalisation apporte quelques chose de très intéressant. En effet, durant ces moments de regards sur le personnage de Gemme Arterton, des gros plans subliment l’actrice et convergent à créer une mystification du personnage. Un simple plan sur la bouche de Gemma Arterton, mangeant un simple bout de pain, réussi à traduire toute la fascination chez le personnage principal pour la jeune anglaise. La direction de la photographie de Christophe Beaucarne contribue à cet effet, en ajoutant un aspect naturaliste. « Gemma Bovery » recherche un aspect de réalité, alors qu’il n’est composé que de fictions qui s’entrelacent. Le rendu n’en est que meilleur.
« Gemma Bovery » est un long-métrage traitant habillement ces différents niveaux de fiction, afin de former un ensemble cohérent. Les prestations de Fabrice Luchini et Gemma Arterton enjolivent le tout.
Gemma Bovery. De Anne Fontaine. Avec Fabrice Luchini, Gemma Arterton, Jason Flemyng, Niels Schneider, Isabelle Candelier, Elsa Zylberstein, …
Sortie en DVD le 21 janvier 2015.