Un film de Mike Mills (2011 - USA) avec Ewan McGregor, Mélanie Laurent, Christopher Plummer, Mary Page Keller, Goran Visnjic
L'empreinte parentale indélébile...
L'histoire : Oliver est un jeune homme triste et solitaire. Enfant unique, il fut élevé par une mère fantasque et un père souvent absent. Après le décès prématuré de son épouse, Hal annonce à son fils qu'en fait il est gay depuis toujours, ce qui explique cette impression de mal-être du couple, que l'enfant sentait. Oliver tombe des nues, mais assume, et le deuil de sa mère... et celui du père qu'il croyait connaître. Il fait face, comme toujours, et est heureux du soudain bonheur de son père qui vit enfin sa vie, participe à la gay pride et tombe amoureux d'un jeune homme. Avant d'attraper un sale cancer. Oliver est alors encore présent, jour après jour, pour soutenir ce père qui pourtant ne prend guère de gants avec lui, qui l'a toujours vu plutôt comme un jeune ami fidèle que comme un enfant, qu'il convenait de faire grandir. Oliver a toujours eu une vie grave, comme s'il était le père de ses parents, et non l'inverse. Il lui semble impossible de trouver le bonheur. Il ne sait pas trop de quoi il retourne. Mais il tombe amoureux d'une jeune française, drôle, sensible... mais mélancolique elle aussi, encombrée d'un père envahissant qui n'arrête pas de lui parler de suicide...
Mon avis : Ce film m'a énormément touchée, sans doute parce qu'il brasse en moi des choses très personnelles. J'ai adoré le récit initiatique de ce jeune homme qui essaie de s'extraire de la mélancolie... mais tombe amoureux d'une autre âme tourmentée. On se dit qu'on va droit dans le mur... Portrait en parallèle de deux être blessés par le poids de parents hors normes, tendrement aimés, mais aux personnalités si fortes, si borderline, qu'elles les ont écrasés, les ont emplis de tristesse, d'un sentiment collant de culpabilité et d'imposture, vis-à-vis d'êtres si charismatiques (en bien ou en mal), et que la renaissance sera difficile. D'où le titre. Les débutants. C'est si joli... Ils sont en effet comme deux enfants qui s'inventent une autre vie.
La réalisation évite le mélodrame grâce à une mise en scène inventive : petits intermèdes avec photos, dessins, images subliminales, flashes, ou bien encore le petit chien, philosophe, qui parle... avec sous-titre, s'il-vous-plaît ! Et puis bien sûr les innombrables flash-black qui nous permettent de comprendre comment s'est forgée la personnalité d'Oliver, si triste et si seul. C'est frais, c'est tendre, c'est émouvant et l'humour permet ne pas plomber l'ambiance.
Interprétation grandiose de l'immense Christopher Plummer et du non moins immense, bien que plus jeune, Ewan McGregor, mon idole. Qu'il est beau, Seigneur, qu'il est beau ! Et gracieux. Et attendrissant. Et sexy. Mon chevalier jedaï pour l'éternité.
Et puis, moi j'aime la petite Mélanie. Allez-y, lâcher vos sacs de rotten tomatoes ! Je m'en fiche. Je sais que tout le monde la critique, je ne sais pas pourquoi, et ça m'est égal. Pour ma part, je la trouve ravissante et lumineuse. Je serais un garçon, ou homo, j'en tomberais immédiatement amoureux(se) ! Hum, d'ailleurs la rumeur a prêté une liaison entre Ewan et Mélanie sur le tournage... Pourtant, à peu près à la même époque, Ewan adoptait un quatrième enfant avec son épouse, Eve.
Beaucoup d'éloges pour ce charmant film : "Trois excellents acteurs qui jouent avec délicatesse des ombres et des lumières d'un climat nuageux." (Le Figaroscope) ; "Les héros de Mike Mills touchent par leur simplicité, qu'une attention toute particulière portée aux détails les plus anodins rend encore plus bouleversants." (Critikat) ; ""Beginners" aurait pu virer à la mièvrerie. Mais il y a dans ce film un mélange de poésie, d'humour et une mise en scène inventive qui emportent le spectateur. (...) Une comédie sympathique et pleine de charme." (Excessif) ; "Les prestations convaincantes des trois acteurs principaux (Ewan McGregor, Christopher Plummer et Mélanie Laurent) contribuent pour beaucoup à la réussite, mineure mais réelle, de ce film qui arpente les zones fluctuantes de l'identité avec une délicatesse et une profondeur pas si communes." (Positif). Vous noterez que l'inteprétation de la détestée Mélanie est appréciée ! Et toc.
Mais il y en a aussi quelques uns qui n'aiment pas : "Conçu comme fantasme ultime pour un public distingué qui n'aime rien tant que se lover comme un toutou dans sa niche sociologique, "Beginners" vaut pour sa dimension d'objet témoin du début des années 2010. Bienvenu dans l'horreur 2.0." (Chronic'Art). ??? Rien compris à leur blabla.
A noter que le film est autobiographique. Mike Mills a commencé à écrire cinq mois après la mort de son père.