Rue Fromentin • 2015 (le 12 février!) • 256p • 20€ (SP)
Tout commence le 11 septembre… mais en 1996. Si aucun avion ne vient percuter les Twin Towers, Camille, quinze ans, croise le regard de Mathieu. Pour elle, aucun doute : ce garçon sera LE garçon, celui qui bouleversera sa vie. Il sera son amour et son seul ami, celui qui l’aidera à échapper à sa petite vie solitaire, à sa famille recomposée, à son lotissement pavillonnaire et aux pauvres types qui traînent sous l’abribus. Mais évidemment, rien ne se passe comme prévu…
Entre grandes espérances, rock et quiche lorraine, Camille comprendra que Noël ne revient pas en février, même quand on essaie de toutes ses forces.
Découvrir les pensées d’une adolescente torturée c’est assez indescriptible. Non en fait c’est ce livre en entier qui l’est. Un livre tellement vrai au style d’écriture parfait.
• En Bref •
Ma note sur Livraddict : 19/20
Tout commence par une préface qui fait référence à « L’Education sentimentale » de Flaubert, livre que je souhaite énormément lire. Puis tout continue autour d’une histoire d’amour. Cela peut sembler niais mais le style d’écriture rend toute cette histoire très profonde.
Ce n’est pas un livre avec des explosions et d’énormes péripéties même si il y en a tout de même (sauf les explosions) mais dans un style très précis presque descriptif. Les pages sont remplies de détails, de sentiments tellement bien retranscrits avec quelques dialogues en direct, via le téléphone ou par lettres.
[Celui qui avait fini par devenir un souvenir (avec arrière-goût), mon seul rêve, d’un coup recommençait à exister dans le monde réel, et ça faisait un putain de choc]
Le lecteur suit le quotidien d’une adolescente durant les années 1996-1999 entre les banlieues de Paris, Metz et la Picardie. Ce qui peut tout de suite et principalement choquer c’est le langage utilisé. Il ne faut pas oublier que la narratrice est une ado de 16-18 ans environ et que l’auteure la fait parler comme elle le ferait à l’écriture de son journal, dans sa tête et pour certains ados, comme ils le font tous les jours à tout le monde. C’est une généralité mais sans clichés. Le langage est familier avec une bonne dose de franc-parler teintée de virulence propre à certains jeunes lors de l’adolescence. Ce n’est pas une jeune fille stupide et niaise. Elle critique l’environnement qui l’entoure, semble en décalé par rapport aux autres jeunes, à l’écart, presque marginale. De part tout ça, son langage semble la protéger.
[Comment pourrais-je connaître des mots gentils, personne m’en avait jamais dit]
L’ambiance est assez obscure, sombre face à la déchéance de Camille, à ces âmes déchirées, tourmentées. Les événements qui lui arrivent, son quotidien, ses doutes ne sont pas faciles à endurer surtout qu’à cet âge-là, toutes les émotions sont décuplées. Celles-ci nous reviennent tellement parfaitement en pleine face car chaque détail est bien pensé, parfait. Le lecteur va ressentir ce que la narratrice raconte même les plus banales choses comme les sentiments au retour des vacances, les cheveux coincés dans les bretelles du cartable, l’alcool… De belles et fortes descriptions qui rendent cette lecture tellement vraie.
[C’était une femme active, toujours en train de courir. Pour choper son train, pour arriver à l’heure à l’agence immobilière, déposer mon petit frère chez la nounou, préparer chaque soir un plat en sauce que son mari pourrait réchauffer au micro-ondes le lendemain midi au boulot, veiller à ce que la maison soit toujours propre… Où trouver le temps de s’asseoir une demi-heure avec sa fille pour discuter de ce qui n’allait pas ?]
Malgré le manque de négation propre à la narratrice qui démontre sa jeunesse et grâce aux habitudes des éditions Rue Fromentin, ce livre est culturellement très intéressant car rempli de références comme « Xmas in February » de Lou Reed, des livres !
Bon il y a quelques ratés (« poucrave » au lieu de « pourrave » non ?; p°70 « du mois »; p°103 « le type ne me tapotait le genou »; p°129 « on a putain d’envie de le voir »; p°178 « me donner de des nouvelles »; p°246 « les membres de ma famille rencontrait »)
La fin vaut la lecture, vraiment car je n’en ai jamais vue de comme ça. Rien d’extraordinaire, n’espérez pas des trucs fous mais laissez votre esprit imaginer. Personnellement j’ai trouvé cette fin pleine d’espoir et très trash!
[Il resterait à jamais le souvenir d’un truc beau qui aurait pu arriver]
Tout ce livre est précieux, chaque mot, instant, description est nécessaire et contribue à passer un moment très agréable à la découverte de ce livre très intéressant. Premier livre de l’auteure, BRAVO !
Je vous mets encore quelques citations car franchement, si je pouvais, je noterai tout le livre… [Et ces foutus jours s’enchaînaient comme si tout avait été normal dans ce monde] ; [Juste pour mieux imaginer sa vie, pour avoir l’impression de le connaître encore un peu, celui qui m’appelait sa « bien-aimée »]