Pour la noblesse vénitienne de terraferma, le grand conflit européen s’est joué entre deux pôles : Venise et l’Empire, tandis que les autres états européens furent vécus comme des ennemis équivalents à la Sérénissime.
La ligue de Cambrai était la réponse à la politique jugée téméraire de Venise.
Leonardo Trissino, fils de Bartolomeo et de Franceschina Jebeto, est né à Vicenza entre 1467 et 1470. Il s’est marié en 1493 avec Tomasina Trento, fille d’un médecin.
Irascible et impétueux, accumulant de nombreuses dettes, il fut bannis des territoires vénitiens pour avoir tué le juriste Giovanni Loschi.
Il se réfugia d’abord à Trento, puis à Mantoue, et fit la connaissance de Paul de Liechtenstein qui l’introduisit auprès de l’empereur Maximilien 1er de Habsbourg. L’empereur pris goût aux talents de ce chasseur et le nomma chevalier. A la déclaration de la guerre de 1509, Leonardo créa sa propre compagnie de mercenaires.
Avec une centaine d’hommes d’armes et une dizaine de cavaliers, et sans qu’une goutte de sang ne soit versé, il prit à Venise la ville de Schio. Le 5 juin 1509, il entrait dans Vicence conquise, après avoir remplacé le lion de Venise par l’aigle impérial à Padoue et Vérone.
Mais les paysans restèrent fidèles à Venise et le haïssaient car il parlait l’allemand et avait pris les coutumes de l’empire. Par la ruse, les vénitiens menés par Andrea Gritti, se firent ouvrir les portes pour un convoi de chariots de blé, ils s’emparèrent de nouveau de Padoue le 17 juillet, et le 18, surprirent Trissino dans le château sans défense adéquate.
Le 17 octobre l’empereur Maximilien se rendit en grande pompe à Vicence après que ses soldats aient mis la ville en ruine. Autour de lui, les familles nobles de la région s’étaient regroupées : les Trissino, Thiene, De Porto, Nogarole, Vhiericati, Loschi, Pagello.
Venise repris Vicenza le 12 novembre et consomma sa vengeance en exilant les nobles de Vicenza qui avaient pris le parti de l’empereur et séquestrant leurs biens. Giangiorgio Trissino était de ceux-là.
Leonardo Trissino mourut de faim au fin fond des prisons de la Sérénissime, à Venise, le 3 février 1511.
Domenico Bortolan, L. Trissino celebre avventuriero, in Nuovo Archivio Veneto, III (1892)