L'histoire tourmentée des Petroplus s'est enrichie hier d'une nouvelle page pour le moins inattendue. Contre toute attente et, au moment même où les salariés négocient un PSE (Plan de Sauvegarde de l'Emploi) qui symbolyse la fin de la raffinerie historique de Petit-Couronne, les administrateurs judiciaires ont donc jugé recevable deux dossiers dont un complet, celui de l'eternel prétendant NETOIL qui s'était fait connaitre dès le printemps 2012.
"J'ai mal au ventre" déclarait Yvon Scornet quelques minutes avant d'entrer au CE extraordinaire qui devait révéler aux syndicats si au moins un des quatre dossiers déposés vendredi (29 mars) était recevable. Il ajoute que "la tension est palpable sur le site". J'ajouterai pour ma part qu'il est très en dessous de la vérité. Les salariés encore présents sont au bout du bout, au bout de l'acceptable, au bout de leurs forces qui pourtant étaient grandes. Mais dès 550 originels, près d'une centaine est à ce jour parti, ailleurs pour oublier ou pour toujours, minés par une lutte souvent inégale. Pour les 450 restants, ils s'interrogent chaque jour à savoir qui sera le prochain. Et pourtant, j'admire leur calme et leur retenue tout au long de ces 15 mois de combats quotidiens. Jamais un débordement, jamais un dérapage là où bien des hommes auraient craqués, où les possibilités évidentes d'enflammer le conflit étaient présentes physiquement. Ils sont là fiers et debouts, survivants d'une histoire qui n'est déjà plus uniquement la leur et qui restera quoiqu'il advienne dans les mémoires haut-normandes.
A quelques jours de l'épilogue de cette incroyable l'histoire, on sait donc depuis hier (2 avril) qu'il y aura un dernier acte d'ici au 16 avril, date limite de la poursuite d'activité, et une seule scène, le désormais celèbre tribunal de commerce de Rouen où tous les salariés mais aussi toute une ville et son agglomération répondront présents avec pour chacun d'eux, niché au fond de leur esprit, l'espoir que tout cela ne soit pas pas vain et que les juges octroieront une nouvelle chance à ce site emblématique de l'industrie locale.