Un néon qui claque dans le bureau du directeur, en pleine punition, et Elliot le fayot, le premier de la classe adoré par la maîtresse et détesté par ses camarades, se persuade qu’il est devenu un super-héros. Bon, ok, son pouvoir est assez limité, comme celui des deux autres élèves présents au moment de l’incident, mais cela suffit pour que ces trois-là forment un gang prêt à rendre la justice à la moindre occasion…
Difficile de ne pas rire aux éclats en découvrant les (més)aventures d’Elliot et de ses acolytes. Des superpouvoirs ? Quels superpouvoirs ? Peu importe à la limite, l’important, avec un superpouvoir, c’est d’y croire. Et l’important, quand on est un super-héros, c’est d’avoir un costume : collant, bottes, tuniques moulante et slip. A porter par-dessus le collant, le slip. Se rendre à l’école attifé de la sorte ? Même pas peur !
J’adore Cécile Chartre depuis mes lectures de Joyeux Ornithorynque et surtout Petit meurtre et menthe à l’eau. Elle possède un art de la formule qui déclenche le sourire, ses descriptions, très imagées, sont un régal d’humour parfois assez grinçant, même si on sent en permanence affleurer tendresse et bienveillance pour les bras-cassés qu’elle met en scène. Ici, Elliot vaut son pesant de cacahuètes ! Sa naïveté n’a d’égale que ses convictions, chevillées au corps et à « deux jambes trop courtes pour un garçon de dix ans ». C’est lui qui parle, qui nous raconte sa transformation, avec ses mots à lui. Parce que transformation il y aura, et le gamin solitaire et renfermé du début de l’histoire ne sera plus tout à fait le même à la fin, avec ou sans superpouvoirs.
Elliot, super-héros de Cécile Chartre. Rouergue, 2015. 62 pages. 6,70 euros. A partir de 8 ans.