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Mon avis :
Le richissime mècène Kandiotis vient d'annoncer le don à la France de deux tableaux : l'un de Picasso, l'autre de Braque. Déjà placé sous le feu des projecteurs, il ne va pas les quitter puisqu'il va apprendre l'enlèvement de sa fille, Lara par une mystérieuse "association des victimes", association qui souhaite mettre à la une des journaux des scènes troubles du passé de Kandiotis. Info ou intox ? Un homme peut-il bâtir une fortune colossale sans marcher sur quelques pieds ? Qui est vraiment Kandiotis ? Un esthète généreux ou un profiteur intéressé ? Le jour où sa fille est kidnappée, la question se pose irrémédiablement : qui s'acharne contre lui et pourquoi ?
Certes le pitch est attirant et les questions posées passionnantes. Certes. Malheureusement, ce roman souffre de nombreux autres défauts qui gâchent ce premier a priori.
En premier lieu un style quelquefois digne des meilleurs romans à l'eau de rose, comme dans ce passage qui évoque la rencontre Kandiotis et sa femme :
"A quatre heures de l'après-midi, ils voulaient encore se raconter mille choses.
- Si vous n'avez rien de mieux à faire ce soir, je vous invite à dîner.
Elle avait eu envie de pousser un cri de joie." p 47
Les rapports père-fille sont prétextes à des scènes tout aussi mièvres :
"De temps à autre, il levait les yeux dans sa direction, une seconde ou deux, jamais plus, de peur qu'elle ne se sente observée, et il se demandait ce qu'il avait fait pour mériter d'avoir une fille comme elle..." p. 99
Le romantisme adolescent fait ensuite place à des images déconcertantes quand il s'agit de passer à des scènes plus hot :
"Et cet amour... Une folie, elle en était consciente. Depuis le début ! Mais quand il lui mettait son sexe dans le ventre, elle mourait !" p. 143
Et encore, s'il n'y avait que le style... Mais les personnages sont tout aussi décevants, tout le monde "sanglote" au moindre prétexte - même les avocats les plus chevronnés -, la fille est une incomprise, la femme une mal aimée, le meilleur ami avocat un frustré, et même l'enquêtrice est une superficielle idiote :
"Cela faisait trois semaines qu'elle ne s'était pas rendue à la piscine. Elle avait dû prendre trois kilos, à s'enfiler des corque-gourmets au Soleil d'Or, soir après soir. Il aurait fallu qu'elle maigrisse. Qu'elle dorme. Qu'elle se repose." p. 248
Les chapitres sont très courts, certains purement anecdotiques, comme si le but était d'atteindre la centaine (résultat :101 chapitres pour 300 pages, challenge validé !)
Alors certes le roman se lit très facilement, mais la verve et le génie dont Metin Arditi avait fait preuve dans son magnifique Turquetto est ici absente ! Une déception !
Présentation de l'éditeur :
Grasset
Vous aimerez aussi :
Le turquetto ; La confrérie des moines volants
D'autres avis :
Laure -beaucoup plus enthousiaste que moi !
Juliette dans son bain, Metin Arditi, Grasset, 2015, 377 p., 20 euros