Poursuivons pour ce week-end (et peut-être encore pour le prochain) la nouvelle rubrique "Divers". Qu'est-ce qui a marqué ma semaine sériephile ?
Mon événement sériephile de la semaine était le retour de The Americans aux États-Unis. La deuxième saison avait su complexifier à merveille l'univers de la série, entremêlant toujours plus les loyautés pour mieux les briser, tout en rappelant durement aux Jennings qu'aucune frontière n'existait entre le monde létal de l'espionnage auquel ils appartenaient et le cocon familial qu'ils avaient créé, ce fameux alibi initial dont le statut demandait plus que jamais à être défini. La troisième saison démarre dans la continuité directe des dilemmes sur lesquels la série nous avait quitté. Elle nous montre à nouveau que le danger est toujours là, permanent, capable de surgir sans prévenir au détour d'une soirée a priori anodine. Dans leur rôle d'espions, comme dans leur rôle de parents, les Jennings sont contraints de prendre, dans la précipitation, diverses décisions, peut-être déterminantes, jamais pleinement satisfaisantes, arbitrant tant bien que mal leurs priorités. La manière dont l'épisode souligne la précarité de leur situation apparaît comme un écho au contexte géopolitique qui voit l'URSS s'embourber en Afghanistan. À toutes ces tensions internes au bloc russe, qui contraignent les agents à prendre plus de risques pour mettre la main sur des informations vitales, s'ajoutent celles inhérentes à cette famille atypique où trop de choses demeurent irrésolues. Elizabeth et Philip n'ont jamais été totalement en phase sur ces questions ; confrontés à de nouveaux choix, les voilà pris dans une situation difficile à dénouer, qui dépendra sans doute aussi beaucoup de Paige. J'ai hâte de découvrir la suite.
Pour le deuxième événement de la semaine, retraversons l'Atlantique. Seize ans après Queer as Folk, Russell T. Davies est revenu à la télévision britannique, en ce mois de janvier, avec deux nouveautés : Cucumber et Banana. Diffusée sur C4, Cucumber suit Henry, un quadragénaire qui voit le (relatif) calme de sa vie conjugale avec Lance bouleversé par différents événements. Banana, à destination d'un public plus jeune sur E4, propose plusieurs histoires courtes, indépendantes, s'inscrivant dans l'univers créé par Cucumber et jetant un éclairage sur d'autres protagonistes. La diffusion en parallèle de ces deux séries, avec la complémentarité permise par le double visionnage, est vraiment une intéressante expérience narrative. Le téléspectateur mesure ainsi comment un même thème peut être exploré et décliné à travers des tonalités et des approches différentes. Par-delà ces jeux d'écriture, je voudrais saluer cette semaine le deuxième épisode de Banana. En moins d'une demi-heure, il nous relate l'histoire de Scotty, une jeune lesbienne qui tombe éperdument amoureuse d'Yvonne, une femme mariée croisée dans le supermarché où elle travaille. C'est une passion soudaine qui surgit, aussi incontrôlable qu'incontrôlée. Elle ébranle la jeune femme, l'entraînant sur une dangereuse pente obsessionnelle qui menace de la perdre. Ce récit aurait pu prendre une tournure inquiétante, dramatique. Il se révèle avant tout simple et touchant, juste ce qu'il faut. Il émane de l'ensemble une sincérité surprenante, étrangement désarmante, portée par une écriture bien dosée et qui sonne juste. L'interprète de Scotty, Letitia Wright, capture parfaitement son personnage. Un épisode qui réussit donc à faire vibrer une corde sensible enfouie dans le cœur du téléspectateur - et c'est déjà beaucoup.
Enfin, pour terminer le week-end sur une note musicale, je vous laisse avec un petit extrait de la soundtrack de Banana qui ne manque pas de chansons parfaitement choisies. My Hands, par Grey Reverend :