ZOUAVES ET ZOUAOUAS quel rapport ?
Le Zouave est un soldat algérien, à l’origine Kabyle de la tribu des Zouaouas
( en kabyle : IGHAOUAOUEN) qui était déjà au service des Turcs pendant leur présence en Algérie. Les Zouaves s’enrôlèrent dans ce corps spécifique pour subsister car les montagnes kabyles ne donnaient pas aisément à manger : pas d’agriculture ou si peu, pas d’usines, vendettas, épidémies, les temps, étaient bien durs et s’enrôler devenait une aubaine pour survivre. Pourra-t-on dés lors parler de légionnaires ?
Les Français, à leur arrivée en Algérie, étaient intéressés par la méthode turque d’enrôler des Zouaouas, résistants physiquement, stratèges intelligents, honnêtes, dignes et fiers. Ils créèrent les Tirailleurs algériens formés uniquement d’indigènes kabyles qu’ils appelèrent d’abord « les Turcos »
Le 1er Octobre 1830, le général Clauzel crée le corps des Zouaves composé de deux bataillons puis plus tard de deux escadrons à cheval intégrés en 1831 aux Chasseurs d’Afrique.
Les politiques de colonisation de l’Algérie n’étaient pas les mêmes selon les colonisateurs : les Arabes lorsqu’ils s’implantèrent au 7ème siècle en Algérie usèrent de ruse en implantant partout des « Zaouias » et en chargeant les « marabouts » de répandre la bonne parole de l’Islam mais en même temps en occupant irrémédiablement les lieux, incrustant sournoisement leur civilisation. Les Turcs, ayant compris le système firent de même et créèrent de toutes pièces des familles entières de « marabouts par décret» dotées de vastes prérogatives, collecte des impôts entre autres, utilisant la méthode douce dans une main de fer, mais cette fois-ci non plus au service de la religion mais à la solde d’Ankara.
Les Français par contre, en 1830 n’ayant rien compris à cette façon sournoise d’occuper le terrain utilisèrent la force donc l’armée, donc les armes et créèrent des corps de combat dont celui des Zouaves, véritable chair à canon gratuite, entre autres.
L’uniforme des Zouaves était spécifique : veste kabyle bleu foncée bordée d’un galon garance, pantalon mauresque bouffi de couleur garance (rouge) froncé sous le genou et serré du jarret à la cheville par des jambières.
Petite parenthèse : Les Français qui avaient et ont toujours cette tendance à favoriser la langue arabe au détriment de tout ce qui est berbère appelaient la veste kabyle une veste arabe ou gandoura (alors que le mot même de gandoura est d’origine berbère, akandour) et le pantalon mauresque berbère de Maurétanie, un « pantalon arabe ou séroual » alors qu’il n’en était rien.
Les bataillons de Zouaves combattirent les turcs encore en Algérie après la colonisation des Français, en l’occurrence le Bey du Titteri et occupèrent rapidement Blida et Médéa sous le drapeau tricolore français. Leur premier succès eut lieu au Col de Mouzaia lorsqu’ils couvrirent la retraite de la garnison de Médéa
Un troisième bataillon fut crée en 1837 et les victoires se succédèrent : bataille de l’Ouarsenis (1842) Isly (1844)
Napoléon III porta les effectifs de trois bataillons à trois régiments et les Zouaves se distinguèrent encore plus par exemple en guerre de Crimée, à la bataille de l’Alma qui vit leur action de s’emparer de l’artillerie des Russes et de la retourner contre eux participer grandement à faire tourner la bataille en faveur des alliés. Puis vinrent les prouesses des batailles de Balaklava, d’Inkerman et la prise de la tour Malakoff.
Des succès encore bien plus retentissants virent le jour lors des Compagnes du second empire, lors de la Campagne d’Italie, lors de la guerre de Crimée, deux régiments participèrent à l’expédition du Mexique entre 1862 et 1867. Les quatre régiments de Zouaves participèrent aux opérations de maintien de l’ordre en Algérie et en Tunisie 1880 et 1890 puis à la pacification du Maroc (début du XXème siècle)
Les Zouaves combattirent également pendant la première guerre mondiale et s’illustrèrent dans plusieurs batailles et ce fut le protocole d’armistice de 1940 qui prévoit la dissolution de ce corps rendu célèbre par sa bravoure au service d’une France qui l’a utilisé comme chair à canon pendant tout un siècle et qui n’en parle même plus.
Les Zouaves n’ont jamais été des traitres à leur pays, ils ont subi les circonstances du colonialisme usurpateur et se sont engagés avec une bravoure reconnue dans des batailles qui ne les concernaient pas comme (il y a de quoi se tirer les cheveux) leurs descendants sont en train encore de nos jours de défendre inconsciemment, mais avec une fougue incroyable, d’autres colonialismes.
Abdelmadjid ADOUR