Sans nom, sans origine, cette jeune femme veut échapper au poids de la loi patriarcale, qui punit même les innocentes, qui se méfie de la femme, qui juge et condamne. Elle seule ose se révolter. Elle seule cherche à se confronter au monde, à l'homme. Elle se lève et s'avance, comme une petite Antigone, à la conquête de sa propre liberté. Il y a d'ailleurs dans ce livre quelques airs de tragédie grecque : le destin et la loi semblent régner en maîtres. Et le monologue intérieur de l'héroïne, direct, clair, parfois sensuel et lourd, nourrit cette impression. De même que l'universalité du texte, sans ancrage dans le temps ou l'espace.
La forme théâtrale aurait peut-être mieux servi cette oeuvre, que j'ai trouvé belle et étouffante, pleine de tensions, mais aussi distante et impersonnelle. Un beau texte, pour un sujet qui est toujours d'actualité, l'oppression des femmes par les hommes, avec le consentement et l'amour de ces dernières.