De Marjane Satrapi, je connaissais – comme beaucoup de monde sans doute – Persépolis, que j’avais, à l’époque, lu, adoré, vu et offert en DVD. J’ignorais complètement qu’elle avait publié d’autres romans graphiques. Je l’ai découvert il y a quelques semaines sur Bookerdose, le blog d’Alison Mossharty, et me suis empressée de l’emprunter à la médiathèque. Le lendemain, je découvrais la Fête de la BD sur les blogs organisée par Sophie, et me voici aujourd’hui pour vous parler de Poulet aux prunes publié en 2004 par L’Association, et primé en 2005 au Festival d’Angoulême qui ferme ses portes aujourd’hui.
J’avais beaucoup aimé Persépolis pour le témoignage historique qu’il représente, pour le coup de crayon de la dessinatrice aussi. Avec Poulet aux prunes, on retrouve la société iranienne de 1958, sous la dynastie Pahlavi. La République islamique n’est pas encore au pouvoir. Toutefois, la politique et la révolution ne sont pas le sujet de cet album.
Le protagoniste de ce récit, un grand-oncle assez éloigné de l’auteur, Nasser Ali, est déprimé. Son instrument de musique favori est cassé, il ne trouve pas l’équivalent pour le remplacer. Il décide alors de se coucher dans son lit et d’attendre la mort. Poulet aux prunes est le récit des huit jours que monsieur Ali passe à somnoler et à ressasser ses idées noires et ses souvenirs.
Sur le ton de l’humour, Marjane Satrapi réussit à aborder le sombre sujet de la dépression. Avec son trait caractéristique simple, en noir sur fond blanc pour les épisodes contemporains du récit, en blanc sur fond noir pour les souvenirs, ou les projections sur l’avenir de la famille de Nasser Ali, elle retrace tout ce qui fonde et explique l’état actuel du personnage principal.Lu au bon moment, ce roman graphique m’a touché par sa simplicité et sa véracité. Il traite d’une question grave et universelle, tout en permettant l’humour et la distanciation, en ouvrant des portes qui semblaient closes, montrer ce que la vie aurait pu être si… Parfois, il suffit d’un rien entre bonheur et dépression. Ce constat peut-être drôle ou tragique, Marjane Satrapi se place sur un fil, en équilibre entre l’improbable et le très vrai.
Poulet aux prunes est un gros coup de cœur et une invitation à découvrir les autres réalisations de cette auteur qui a depuis bien longtemps fait ses preuves.