Habitué des scène héraultaises, officiant très souvent avec de nombreux musiciens locaux, René Nan s'est éteint vendredi dernier à Perpignan à l'âge de 82 ans. Ce grand batteur de jazz, d'une nature discrète, s'était installé dans la capitale du Roussillon voici quelques années où il jouait encore de temps en temps.
Montpellier, Béziers, Sète, Pézenas ou même Agde ont longtemps résonné au son de ses drums. Homme pudique, il parlait peu préférant ses baguettes à sa langue pour nous délivrer, nous donner toute l'étendue de son talent. Dernière rencontre avec lui à Agde, il y a presque deux ans, avec Serge Casero, où il prouvait s'il en était besoin encore une fois toute la maîtrise de son art, avec élégance et sans bluff. Avec sa disparition, le jazz perd un monument.
Ce jazzman originaire de Béziers était une légende. Il a commencé sa carrière dans le Paris d'après-guerre où il va jouer avec les plus grands artistes américains venus tâter le jazz-sur-Seine (Dexter Gordon, Kenny Clark...) et les plus grands jazzmen français des 50's comme Guy Lafitte.
En tant que membre de la jeune avant-garde, René Nan va se lier d'amitié avec l'organiste Eddy Louiss. Ensemble ils passent plusieurs années aux Antilles où le batteur enregistre quelques disques devenus mythiques (comme le Trio Bravo). Et c'est toujours avec Eddy, que René va devenir l'un des batteurs attitré de Claude Nougaro.
Comme l'a fait remarquer nos confrères de Midi Livre, René Nan " se plaisait dans cette vie de musicien bohème, faite de simplicité et de lendemains inconnus " . Depuis les années 1970, René Nan a préféré rester dans l'ombre que sous les projecteurs.
En guise d'adieu, cette vidéo très perfectible tournée à Fitou qui l'amusait à chaque fois qu'on lui parlait. Peut-être pas celle qui vous montrera toute la richesse du personnage mais qui, sentimentalement, nous touche le plus. Et vous donnera envie de re-découvrir ce maestro qu'était René Nan.