J’en ai déjà touché un petit mot avant, mais avec la Saint-Valentin qui approche, j’me suis dit que c’était le bon moment pour en parler un peu plus en profondeur.
C’est déjà pas évident de rencontrer l’âme soeur, et sincèrement, quand on a des allergies, ça apporte une barrière de plus. C’est un stress en tant qu’adulte, et c’en est un aussi pour les parents d’enfants allergiques.
Je tiens à préciser ici que je ne suis pas médecin, je ne travaille pas non plus dans le domaine de la santé, mais j’ai lu beaucoup sur le sujet, et avant d’entamer moi-même une relation amoureuse, j’ai appelé l’aqaa pour démêler le vrai du faux.
En effet, il faut bien connaître ses allergies ainsi que les risques et savoir les expliquer à son amoureux quand on commence une nouvelle relation. L’histoire du « baiser fatal » n’est pas une légende urbaine. La spécialiste de l’association québécoise des allergies alimentaires (aqaa) me l’a confirmé. Un amoureux ayant consommé un allergène peut provoquer une réaction allant jusqu’au choc anaphylactique en embrassant son partenaire. Pour protéger l’être aimé, la personne doit donc se brosser les dents et attendre 4 heures avant d’embrasser l’autre personne. Manger un repas sans allergène entre les deux ajoutent une mesure de sécurité de plus.
Pouvez-vous imaginer ceci, devoir vérifier ce que l’autre a mangé avant de s’embrasser? Lorsqu’on vit à deux, devoir s’assurer chaque jour que l’autre n’a rien mangé de dangereux ou a pris les mesures nécessaires pour vous protéger. Plutôt simple quand on a une seule allergie, mais ça devient lourd quand l’un est multi-allergique. Ou encore, la personne doit retirer de son alimentation les aliments à risques. Au début de la relation, ça demande beaucoup de confiance en l’autre, mais aussi, on se sent mal de lui faire vivre nos restrictions.
Je m’explique. C’est déjà frustrant pour nous, allergiques, de devoir se priver et éviter certains endroits, mais on se sent mal de devoir l’imposer à notre entourage. On a beau savoir que c’est pour notre santé, et que nos amis nous en veulent pas, on est conscient que ça complique les choses. Mais quand c’est notre amoureux, avec qui on passe de plus en plus de temps… ou encore avec qui on emménage, on a toujours un petit malaise de devoir lui imposer les complications de notre vie.
Pour ce qui est des ados, j’ai aussi lu sur le sujet au cours de mes recherches. À l’aqaa, j’ai appris que pour les parents, c’est l’inquiétude de laisser son enfant prendre en charge son allergie. Enfant, le parent est toujours là pour surveiller. Mais à l’adolescence, le jeune commence à sortir seule. Et éventuellement, vivre ses premières relations amoureuses. Saura-t-il bien expliquer son allergie au restaurant, à ses amis et leurs parents? Dans certains cas, il y a une rébellion face à ces privations et j’ai appris que des ados ont décidé de manger des aliments allergènes par défi.
Pour les préparer à tout ça, le mieux est de leur en parler dès leur jeune âge. Sans leur faire peur, mais les laisser savoir que certaines choses sont dangereuses pour eux. Certains parents, en voulant les protéger, vont seulement tout faire pour eux. Si l’enfant grandit en sachant reconnaître les aliments à risque, et en en parlant librement, il y a moins de chance qu’il se rebelle. Quand on a la chance d’avoir des adultes allergiques dans l’entourage, des modèles pour le jeune, on peut les mettre en contact.
En tant qu’éducatrice, j’en profite pour renforcer les bons comportements avec mes minis-allergiques. J’ai un petit garçon dans ma classe qui veut toujours enlever son bracelet, je lui montre le mien et lui dis: « Tu vois, je ne l’enlève jamais, et toi non plus! » Et parfois, je lui demande de m’expliquer ce qui est écrit dessus. Je m’assure qu’il sache l’expliquer dans ses mots.
Au niveau des échanges amoureux, on peut en parler avec eux lorsque vient le moment et les aider à formuler la façon dont ils l’expliqueront à leur amoureux. S’assurer aussi que les amis et leurs parents sachent utiliser l’EpiPen ou l’Allerject. S’ils vont au resto, les encourager à aller dans un endroit connu, ou ils sont déjà allés et où les risques sont au minimum. Et finalement, qu’ils sachent reconnaître les signes d’une réaction allergique. Ça peut sembler fou à dire, mais lors de mon dernier cours de premiers soins, l’animatrice a raconté que sa fille, multi-allergique, faisait un choc et croyait faire une indigestion. Heureusement, son amie a eu le réflexe de l’emmener aux urgences et tout s’est bien terminée!
Mon but avec ce post n’est pas de vous faire peur ni de dire qu’être en couple est impossible quand on a des allergies. Je veux seulement présenter une autre facette de la réalité. Quand on a des allergies, il ne s’agit pas seulement de « ne plus en manger ». La vigilance devient une seconde nature, et on doit l’inculquer à nos petits. Et oui, l’allergie teintera plusieurs sphères de nos vies. Mais oui, c’est possible de retrouver un rythme de vie normale. Et de vivre de belles histoires d’amour aussi! Bonne saint-Valentin!