La mode uniforme des hommes en occident

Par Aelezig

Autrefois, dans l'Antiquité, il y avait la toge, portée par tous. Puis la mode a commencé à se différencier entre hommes et femmes. Pour ces dernières, tout s'est emballé très vite et la créativité a donné naissance à toutes sortes de tenues, siècle par siècle, décennie par décennie, et tout change constamment : la longueur et l'ampleur des jupes, les formes de corsages, les manteaux, les capes, les chapeaux, les couleurs, les matières. Et l'imagination de nos créateurs actuels est sans limite...

Pourquoi donc le costume masculin est-il toujours aussi uniforme et aussi triste ? Regardez moi ça : que des costumes bleus (quelques rebelles en gris)... toujours le même, cravate neutre, chemise neutre, chaussures noires. Ces dames se sentent même obligées de faire profil bas (en bleu blanc rouge...) pour ne pas trop faire désordre sur la photo :

Dans la vraie vie, c'est la même chose. Le week-end seulement, les hommes se lâchent un peu : jean, chemise imprimée, pull marine... Rien de très excitant.

Reprenons notre toge. Tandis que les femmes s'en affranchissaient en la transformant en robes de mille apparences, l'homme en a fait d'abord une tunique qu'il a portée sur des braies (sorte de pantalon). Ne voulant pas être en reste par rapport à leurs compagnes, cette tunique/veste/houppelande a su être luxueuse, coupée dans les matières les plus nobles, ornées de dentelles et de fourrure. On a même un temps porté la culotte bouffante sur bas de coton. La mode masculine savait encore être inventive !

Au XVIe siècle, la culotte redescend aux genoux et au XVIIIe elle s'amincit pour former l'ancêtre du pantalon. Mais voyez déjà : chemise, veste, pantalon, gilet. Ce quator n'a plus jamais changé. Encore fortement orné jusqu'à la révolution, il va devenir de plus en plus sobre, de plus en plus triste, de plus en plus uniforme...

Serait-ce donc à partir de la révolution que les hommes se sont interdits la coquetterie et la fantaisie ? Ont-ils donc si peur qu'on les prenne pour les aristocrates d'autrefois ? Mais pourquoi ?

Au début de la Révolution française de 1789, le nom « sans-culottes » est donné par mépris aux manifestants populaires qui portent des pantalons à rayures et non des culottes (celle qui descend au-dessous du genou), symbole de l'ancien régime. Ces révolutionnaires issus du petit peuple de la ville défendent la république et la démocratie. Ils se distinguent par leurs modes d'expression, en particulier vestimentaires. Leur tenue comporte un pantalon à rayures bleues et blanches, ainsi qu'un bonnet phrygien rouge. Ce costume est un signe de protestation, arboré par des avocats, des commerçants, des employés, des artisans, des bourgeois, puis par les membres de toutes les conditions qui se présentaient comme « patriotes ». Le pantalon est adopté définitivement. Et la simplicité sera de mise.

Ensuite, le costume n'évolue plus. Chemise, pantalon, gilet, veste. Les longueurs bougent un peu parfois ; les nuances font des bonds extraordinaires entre gris clair et gris foncé, noir ou marine. Le foulard du XIXe devient encore plus triste : un simple ruban, pointu dans le bout, la cravate ! Dans la deuxième partie du XXe siècle, le gilet disparaît, mais en ce début de XXIe, il commence à réapparaître ; c'est maintenant la cravate qui commence une lente désaffection. Mais le diktat reste quand même hyper tenace. L'homme qui travaille se doit de porter le costard cravate, bleu ou gris foncé.

Malgré les efforts des stylistes hommes, qui ont essayé de lancer la jupe, le bermuda, le sac, des couleurs vives, rien ne change depuis plus de deux siècles à part des détails, longueur de veste, largeurs. Quelques personnalités de la télé osent la couleur, c'est déjà ça, mais on les trouve excentriques : Ariel Wizman, Jean-Luc Petitrenaud, Marc Lesggy... Le hipster porte le bermuda et la chemise de bûcheron, mais uniquement le week-end, et non sans attirer les rires de ceux qui ne suivent pas du tout la mode (l'immense majorité des hommes). C'est peut-être ça le truc : l'homme n'aime plus la mode, l'homme n'aime plus se faire beau.

Mais pourquoi donc ?

N'ayant pas trouvé de réponse à cette question, j'invite créateurs et stylistes à manifester pour le renouveau du costume masculin !