Cucumber // Saison 1. Episode 2. Episode Two.
Chaque couple a ses problèmes. J’ai connu ça et vous avez tous déjà probablement connu ça. Cucumber tente justement de nous parler de la crise que traverse un couple. Une crise partant pourtant de quelque chose de bête mais qui peut prendre des dimensions bien plus importantes au fil des épisodes. Le premier épisode était très solide, bien construit et surtout efficace dans sa façon de présenter les divers protagonistes. J’en viens vraiment à avoir de la peine pour Henry alors que ce dernier est vraiment humilié en bonne et due forme. Le pauvre, il ne méritait vraiment pas ça du tout. Avant de parler de cet épisode, il faut clairement avoir vu l’épisode 1.02 de Banana également. Le fait que les deux séries soient aussi connectées l’une avec l’autre créé forcément le besoin de voir les deux séries en même temps ou presque. J’aime beaucoup la mise en abime qu’il est faite dans Cucumber et la façon dont on plonge dans la vie de quelqu’un qui finalement est en train de faire sa crise de la quarantaine. C’est la claire représentation de ce que cet épisode tente de faire, transposé dans un univers gay bien évidemment. Je me demande si au fond Russell T. Davies ne tente pas de nous jouer le scénario inverse de Queer as Folk.
Dans cette dernière, il nous disait que ce qu’il y avait de bien pour un jeune gay c’était de se retrouver un homme plus âgé que lui avec un bel appartement et une vie bien rangée. Au fond c’est ce que Henry avait jusqu’à ce qu’il ait envie d’échapper à cette vie rangée, faite tous les jours des mêmes choses encore et encore. Il voulait vivre un peu, avoir de la liberté tout simplement. Henry a de vrais problèmes et une tendance à l’auto-destruction. Je dois avouer que j’apprécie énormément ce genre de choses car cela permet à Cucumber de nous offrir le portrait d’un personnage qui en apparence semble à l’aise avec sa sexualité mais ne l’est pas du tout au long de lui. Malgré tous ses fantasmes, toutes ses envies, on voit que finalement Henry reste le même personnage coincé par ses propres problèmes psychologiques. Il a toujours besoin de se justifier, toujours besoin de fuir ses responsabilités, obsédé par l’idée de sa fameuse « one last cock ». D’ailleurs, cette façon d’explorer la sexualité d’Henry, plus complexe que l’on ne pourrait le croire, me donne l’impression que Cucumber a besoin encore de présenter certains éléments de caractère d’Henry avant de réellement le faire évoluer. Cet épisode est de ce fait étroitement lié au second épisode de la saison 1 de Banana.
Cucumber n’est pas nécessairement la série la plus réaliste qu’il soit sur le monde gay mais au fond elle pose des questions intelligentes tout en gardant un angle très léger et très cocasse. Il y a énormément de dialogues pétillants, parfois même cinglants pour les personnages (et notamment pour Henry). C’est une façon de faire des constats, sur la sexualité à un âge avancé chez les gays, un constat que Russell T. Davies fait peut-être de son point de vue à lui. Alors que sa vision de l’homosexualité était presque un peu trop communautaire dans Queer as Folk, ici il en a une vision beaucoup plus moderne qui prouve aussi que les mentalités ont changé (notamment dans un pays où il y a près de 50 ans être gay était puni par la loi). Cucumber est donc une série un peu folle sur les bords (sans prendre le terme de façon péjorative mais plutôt psychologique). Il y a aussi une certaine forme de folie qui peut nous habiter chacun d’entre nous et que Cucumber tente d’exploser avec simplicité. Le but ici n’a jamais été de trop en faire sur les bords et je pense que Russell T. Davies peut se le permettre car il a 2 séries et donc 2 tonalités différentes pour le faire. Un choix qui s’avère judicieux.
Note : 7/10. En bref, une suite réussie.