Donc, à part cette petite musique lointaine, et le fait que le discours est nullement informatif, on n'en fait pas grand cas. A moins d'y être confronté directement et brutalement : en faisant un infarctus du myocarde par exemple. C'est mon cas (!) : le premier en janvier 2011 et le second en mars 2014. Je résume brièvement les faits concernant mon 1er infarctus, qui m'a amené à m'intéresser au cholestérol : douleurs croissantes dans la poitrine et dans le dos et fortes difficultés respiratoires, SAMU, urgences, angioplastie (une sonde est enfoncée par une veine du poignet, dirigée vers l'artère bouchée, un petit ballon est gonflée pour élargir l'ouverture et, dans mon cas, un sent (petit tube métallique qui empêche un nouveau caillot) a été posé.
Après plusieurs jours en observation et une fois sur pied, l'hôpital m'a proposé de suivre un programme d'un mois, au sein d'un groupe de 9 personnes ayant eu le même problème, composé de divers ateliers quotidiens (sport, cours de diététique, suivi psychologique, atelier pour mieux comprendre notre maladie et les traitements par médicaments, etc.). Principe intéressant !
Un jour au cours de l'atelier "vélo" (en salle), le cardiologue nous présente, sur un tableau, diverses données concernant chacun de nous, qu'il a ensuite commentées : taux de bon (HDL) et de mauvais (LDL) cholestérol, taux de sucre dans le sang (pour le diabète), tension artérielle, poids, diverses données cardiaques, etc.). Là, deux hommes du groupe prennent la parole quasi en coeur : "puisque nous avons un HDL élevé et un LDL bas, donc pas de problème de cholestérol, pourquoi nous donne-t-on des médicaments anti-cholestérol ?". Le cardiologue, surpris, a hésité, comme pris en défaut, puis a eu cette réponse formidable : "euh...c'est préventif, euh...pour éviter de possibles futurs problèmes..."
Jean, l'un des deux hommes, rétorqua : "j'ai eu un infarctus, et clairement ce n'est pas dû au cholestérol, donc pourquoi prendre un médicament qui n'est pas nécessaire puisqu'il n'y a rien à soigner avec !". Le cardiologue a bafouillé puis est parti !!! A la fin de l'atelier j'ai rejoint Jean pour reparler de ça et, dans un murmure m'a demandé si on pouvait se voir en dehors de l'établissement. Waouh ! Non seulement j'avais assisté à une scène déconcertante, voire troublante, mais maintenant le secret était de rigueur !! Que de mystères ! Le cholestérol serait-il un sujet sensible ?
Plus tard j'ai discuté avec Jean et ce qu'il m'a dit m'a plongé dans une grande perplexité. D'après lui, "ce cardiologue et tous les autres, croisés au cours des dernières semaines, ainsi que tous ceux qui prétendent que le cholestérol est la cause principale des infarctus ne racontent que des mensonges, sciemment ou inconsciement. Que l'industrie pharmaceutique manipule non seulement les résultas de ses études, mais aussi les scientifiques et universitaires qui y participent et qui sont alors en situation de conflit d'intérêts ! Qu'ils existent des scientifiques indépendants, de nombreux pays, qui disent, eux, que d'après leurs recherches le cholestérol n'a rien à voir avec l'infarctus".
Suite à cette discussion et à diverses pistes à suivre qu'il m'a donné, j'ai passé les 3,5 ans qui suivirent à essayer de déméler le vrai du faux et à me faire une idée sur le sujet. Il en résulte qu'il existe deux écoles de pensées :
- La "non-cholestérol" (la très grande majorité) : du grand ponte (le Professeur avec un P majuscule), aux cardiologues, aux médias en tout genre, en passant par les organismes officiels (HAS pour Haute Autorité de Santé, Ministère de la Santé, etc.), jusqu'aux médecins généralistes. Pour eux, le cholestérol (lipide) bouche les artères. Il est donc responsable de maladies cardiovasculaires, type infarctus, AVC. Il faut donc prendre des statines, médicaments destinés à baisser le taux du mauvais cholestérol.
- La "oui-cholestérol" : le chantre français de cette tendance est Michel de Lorgeril, cardiologue, chercheur au CNRS, conférencier international ; mais aussi des cardiologues et des médecins généralistes.
* Pour eux ce n'est pas le cholestérol qui bouche une artère mais un caillot sanguin (agrégat de plaquettes) qui se forme sur une lésion d'une plaque d'athérome (mélange durci de divers éléments dont 0 à 30 % de cristaux de cholestérol) qui se créée sur la paroie d'une artère.
* Pour eux, dire que le seul responsable est le cholestérol est une hérésie et surtout une manipulation des faits par l'industrie pharmaceutique et par une grande partie du corps médical en conflit d'intérêt avec les labos. Il est alors facile de comprendre pourquoi l'idée que le cholestérol est mauvais est si répandue : l'industrie manipule à son avantage, depuis des décennies, les données de ses études ; ces études sont ensuite publiées dans des revues médicales et associées à de grands noms du corps médical (comment résister à des soutiens financiers importants quand vous êtes à la tête d'un labo et que l'industrie vous demande de travailler pour elle....) les deux (médias et médecins) incapables de vérifier l'exactitude des études ; une fois légitimée (non validée !) l'idée se répand partout : chez les cardiologues qui aquièrent de fausses connaissances durant leurs études, chez les médecins généralistes et dans les médias généralistes où des journalistes incompétents relaient eux aussi la pensée créée par d'autres (c'est l'effet "perroquet" ; la doxa).
* Pour eux, la science cherche encore à comprendre le rôle du cholestérol, et aussi comment se forme une plaque d'athérome. Comment donc l'industrie pharmaceutique peut-elle prétendre que le cholestérol est l'ennemi à abattre puisque la science semble loin d'avoir tout compris ? Uniquement pour le profit : vendre ses statines ! Certains médecins-chercheurs-scientifiques parlent de scandale sanitaire de masse d'abord à cause de l'inutilité de ces médicaments, mais aussi à cause de leurs terribles effets secondaires !!
* Pour eux, le concept de HDL / LDL est une ineptie et une invention marketing que l'industrie a créé à une époque où certaines de ses études étaient "questionnées".
Je n'irai pas plus loin. Je pense avoir correctement résumé les idées contradictoires en présence, même si je n'ai pas tout dit quant à ce que pensent les "oui-cholestérol". Je vous encourage, si ce sujet vous intéresse, à faire vos propres recherches : surfez sur le net (infos en majorité "non-cholestérol"), et lisez les livres du docteur de Lorgeril ou visitez son site.
Ce n'est pas un sujet anodin. Quand la maladie frappe (quelque soit la maladie d'ailleurs) on est projeté d'un coup brutal dans l'inconnu, et on tombe entre les mains de la médecine. On se retrouve seul, isolé, comme un pantin, démuni, impuissant (souvenez-vous de Jean), à la merci du savoir (avéré ou supposé) des médecins...
Le cholestérol : science ou inconscience ? Quelque part entre les deux ? Ou non ? Qui croire : l'industrie pharmaceutique, qui bien sûr oeuvre pour le bien de tous avant de penser à son propre intérêt, ou une bande de scientifiques farfelus qui s'égosillent uniquement pour se donner le sentiment qu'ils existent ? Choix cornélien !
Je me suis bien sûr fait ma propre opinion, mais je la garderai pour moi, neutralité oblige. En revanche, rien ne vous empêche de donner la vôtre, au contraire.
Je serai ravi de recevoir des commentaires, entre autre, de ceux qui comme moi sont confrontés aux problèmes des maladies cardiovasculaires, ou qui auraient des informations sur le cholestérol, l'industrie phamarceutique, etc. : partagez vos expériences.