du 5 février au 21 mars 2015.
Dominique DE BEIR « Spirit Carbon »
« trouer, frapper, frotter, griffer, projeter, perforer, inciser, éplucher, brûler, creuser, découper »* : Dominique De Beir les choisit “pauvres” (divers papiers dont du papier carbone, cartons, polystyrène, matériaux d’isolation, etc.) et les perfore ou creuse à l’aide d’instruments de métiers oubliés ou rares (poinçons, chaise-perceuse, bâton-boule, râteau, rouleau, échelle brique-piques) ou qu’elle détourne (chaussures pour aérer le gazon, écorcer les châtaignes) ou qu’elle invente (semelles à perforer, par exemple). Si ces outils déterminent les qualités des gestes (leur “violence” ou leur douceur au moment du contact), ils impliquent aussi un ordonnancement temporel et spatial (un “rituel” mais aussi une méthode et ce qui la transgresse) et une délimitation du regard : sur un objet, sur une surface, sur une épaisseur, sur un effet imprévu qu’il faut ou non corriger. Il en résulte à la fois une extrême concentration ou au contraire distraction que génèrent les processus mécaniques – piquer, trouer, creuser. Ce qui reste du matériau est la trace de cette oscillation entre présence ou absence – à soi, au monde.
Aux constituants traditionnels de la peinture (la surface, le visible, l’intentionnalité du geste), D. De Beir substitue ceux de profondeur (les surfaces sont “piquées”, “ajourées” ou attaquées par zones), de tactilité (l’image “originaire” qui traverse ses travaux est celle de l’écriture Braille) et de répétition (les rituels du travail) : la surface du support importe moins que son épaisseur, la séduction de ses couleurs que sa densité, l’immédiateté de sa saisie visuelle que la superposition des plans et leur feuilletage (le “livre” est ici paradigme). D’où la nécessité de trouer, de creuser pour gagner (garder ?) un peu de ce visible qui est l’envers des gestes, du corps, des choses. Rien de premier, de donné : mais un mouvement vers la lumière dont le terme reste incertain.
Pierre Manuel 2015
La proposition repose sur peu de choses, deux couleurs, le même geste ou presque, sur un format étroit et une toile brute. Presque rien. On ne peut plus rien retirer, la confiance s’installe.
Les deux traces laissées par la brosse imprègnent la toile, sans épaisseur ni insistance. Le geste devient une forme, assimilée à un rectangle, deux plus exactement, superposés et décalés. Cette composition devient le support d’une infinité d’hypothèses qui s’expriment par la couleur et la surface de cette couleur. Aucune nervosité à la périphérie des deux formes, à peine quelques indices qui nous rappellent le sens du geste.
“L’histoire d’une forme est ainsi tracée, retracée, en changeant la manière de la produire. Le choix de la position de la trace se fait uniquement à l’œil et non suivant un dessein ou un dessin précis. Elle traverse la toile, peu importe où. La seule règle est la recherche d’un équilibre entre les deux traces, sans qu’elles aient pour autant la même dimension”*. Cette peinture nous rappelle que la couleur a un poids et qu’il n’est pas subjectif. Cependant, ce travail est avant tout l’expression d’un désir, d’une curiosité qui ne s’encombre pas de mobiles inutiles et s’incarne dans l’expérience répétée de la peinture.
Cette première exposition de Guillaume Moschini rassemblera une dizaine de petites toiles récentes, de format identique, et des peintures sur papier, toutes issues d’une même série.
* Aurélie Barnier, exposition à la galerie Éric Linard, 2014.
Galerie Alma, 14 rue Aristide Ollivier 34000 Montpellier Tél :06 63 27 15 63. Du mardi au samedi, de 15h à 19h