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La pensée unique, symptôme de la « dindification » des Québécois

Publié le 30 janvier 2015 par Magazinenagg
La pensée unique, symptôme de la « dindification » des Québécois Dans son livre, Dindification, développer son esprit critique dans le monde du prêt-à-penser, Éd. Transcontinental, 144 p., Pierre Fraser déplore que nous ayons baissé les bras devant toutes les formes plus ou moins évidentes de nous imposer ce que nous devons penser.
Selon Fraser nous sommes tous des dindes.  Le fermier nourrit ses dindes soigneusement pendant 1000 jours, il est donc logique de penser que le 1001e jour sera pareil aux 1000 précédents.  Eh bien non, le 1001e jour, le fermier coupe soigneusement la tête des dindes parce que c'est Noël! L’auteur utilise cette métaphore pour nous démontrer que l’abandon de notre sens critique fait de nous des dindes manipulées par les bien-pensants.  Des centaines de milliers, voire des millions de personnes sautent à pieds joints dans une tendance à la mode et en embrassent les valeurs promues par les dindificateurs.
Qui sont- ils au juste? Ce sont les bien-pensants de tout acabit : gourous, spécialistes, experts, éditorialistes, chroniqueurs, etc.. Le gourou définit le discours à la mode. Il est  charismatique et fait la promotion sans distance critique des valeurs à la mode. Par exemple, dans le domaine de l’environnement on retrouve les Steven Guilbault, David Suzuki, Laure Waridel, etc. Par contre, le spécialiste, connaît les limites de son savoir, mais dès qu’on lui présente un micro, il se sent obligé d’en rajouter. Alors son discours confond souvent science et croyance. L’expert, quant à lui, est une espèce bien particulière. Il n’est ni gourou ni spécialiste, mais à mi-chemin entre les deux. Chaque média, écrit ou électronique, a ses experts maison qui vulgarisent les discours des gourous et des spécialistes. Enfin, les éditorialistes et les chroniqueurs propagent « la bonne parole » des gourous, spécialistes et experts.
Le processus de dindification est initié par les gourous, amplifié par les spécialistes et les experts et propagé par les éditorialistes et les chroniqueurs. Il démarre lentement; il devient le sujet de prédilection des initiés et des groupies; il est ensuite adopté par les artistes à des fins d’autopromotion; les politiciens, qui ne ratent jamais une bonne occasion, l’utilisent à des fins électoralistes; et enfin les entreprises s’en servent à des fins mercantiles. À ce stade une majorité de la population souscrit au système de valeurs prêchées par les gardiens autoproclamés de la bonne morale. Seul un évènement imprévisible peut changer le cours des choses. Dans la métaphore de Fraser c’est le fermier qui coupe la tête des dindes.
La pensée unique, un phénomène particulièrement présent au Québec, est le symptôme le plus évident d’une société dindifiée.
Quels sont les grands courants de la pensée unique québécoise dont personne ne peut critiquer publiquement sans se faire vilipender sur la place publique? Ils sont nombreux, mais les plus dommageables sont : l'écologie et le modèle québécois.
Ceux et celles qui, au quotidien, nous disent quoi penser tiennent à peu près tous le même discours : il faut éliminer les hydrocarbures, il faut manger bio/local, il faut taxer les riches et les entreprises, il faut protéger nos acquis, il faut plus de programmes sociaux, l’État est seule apte à fournir les services publics, etc. À peu près aucune voix discordante, sauf quelques sceptiques à qui il faut bien accorder un peu d’espace médiatique pour créer un semblant d’objectivité journalistique. 
La répétition constante, dans tous les médias, du discours des dindificateurs, prend tout l’espace médiatique au détriment d’un débat rationnel qui permettrait un éclairage plus juste des défis auxquels nous sommes confrontés. Pour s’en convaincre, il suffit de penser au dossier du transport du pétrole par pipeline ou à celui du retour nécessaire au déficit zéro. 
Ça prend beaucoup d’efforts pour combattre la pensée unique. Il faut se demander quels sont les intérêts de celui qui prononce le discours. Il faut relever les contradictions dans le discours, il y en a toujours. Il faut rechercher quels sont les discours opposés à ce discours. Il faut mesurer quels sont les impacts du discours sur nos vies et la société. Ce n’est pas de tout repos, mais c’est le prix à payer pour éviter d’être dindifié.

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