Puisque tout est sombre et que je n'y vois plus clair, je vais essayer de générer ma propre lumière, afin d'éclairer mes pas, éviter les trous béants et les pièges à sots.Dans la confusion tourbillonnante de nos jours, bienheureux celui qui ne cherche pas à comprendre et qui se contente de sa bière et de sa télé. Plus je lis, plus je m'enfonce dans le plus immonde des mondes.Je ne veux plus dormir, dans mes rêves je suis un fugitif, je cours, je saute, je grimpe, la peur au ventre, comme un évadé du bagne, on m'accuse d'un crime dont je ne n'ai pas souvenir, je fuis et je me terre, tout sauf retourner sous terre, dans la cellule rance et fétide.Dehors, il y a l'air. La vie suit son cours, le matin se lève et le soir se couche, les hommes et les femmes vont et viennent, selon un horaire et des rituels précis. La nuit, ils comptent les moutons pour s'endormir.- Rien n'est plus comme avant... dit le garçon derrière le comptoirJe m'assois à la table près de la fenêtre, là-bas. Ok, je vous apporte ça.Je feuillette les journaux. Les pages suintent la haine et la peur.On commet une erreur et on en subit les conséquences des années durant. Je suis un paria, je suis un pestiféré, il faut que je me cache, que je rase les murs, que je change d'identité. Partir, mais où? Risquer la traversée, l'expatriation, l'adoption de nouvelles coutumes. Me réfugier dans un ailleurs lointain. Renaître. Recommencer. Revivre.