Si les effets d’une consommation modérée de cannabis sur les poumons sont discutés, cette nouvelle analyse de l’Université Emory conclut que l’usage régulier à vie, mais modéré du cannabis n’est pas associé à des modifications cliniquement significatives de la fonction pulmonaire. Les données de cette grande analyse transversale, basée sur des mesures par spirométrie effectuées sur plus de 5.000 participants ayant une consommation moyenne de 16 joints-années* devront probablement être revues avec la hausse de la consommation liée à la légalisation progressive du cannabis (aux US). Conclusions dans les Annals of the American Thoracic Society.
*soit une consommation à vie équivalente à 16 joints par jour tous les jours durant un an
Ces conclusions viennent confirmer celles d’une étude publiée dans le JAMA qui avait également mesuré la fonction pulmonaire de plus de 5.000 participants pendant plus de 20 ans et montrait qu’une consommation occasionnelle et sans excès de cannabis n’est pas associée à des effets néfastes sur la fonction pulmonaire.
Les chercheurs ont exploité les données 2007-2010 de la cohorte NHANES (National Health and Nutrition Examination Survey), de mesures par spirométrie normalisée de la fonction pulmonaire et en particulier de la capacité vitale forcée (CVF) et du Volume expiratoire maximum seconde (VEMS).
59,1% des participants ont déclaré avoir consommé du cannabis au moins une fois dans leur vie,
12,2% au cours du dernier mois. Il n’est pas précisé si le tabagisme a bien été pris en compte comme facteur de confusion possible. L’analyse montre que,
· l’augmentation de la consommation de cannabis au cours du mois précédent est associée à une augmentation des symptômes auto-déclarés de bronchite respiratoire tels que la toux, une respiration sifflante mais non avec des modifications cliniquement significatives des mesures de la fonction pulmonaire évaluée par spirométrie.
· L’analyse chez 3.000 participants adultes dont la consommation à vie ne dépassait pas 20 joints-années (Soit l’équivalent de 20 joints par jour sur 1 an, soit une consommation cumulée à vie d’un peu plus de 7.000 joints) n’est associée ni à des modifications délétères de CVF ni de VEMS.
· Au-delà de ce seuil cumulé cependant, les chercheurs repèrent des changements mesurables et cliniquement significatifs de la fonction pulmonaire, mais d’un modèle différent de ceux observés dans la maladie pulmonaire obstructive avec l’usage du tabac. Des effets, commentent les auteurs, » d’importance clinique incertaine sur la santé globale du poumon « . Il n’est pas certain, ajoutent-ils que cela signifie une détérioration de la fonction pulmonaire comparable à celle associée au tabagisme.
Quelques explications : Les auteurs suggèrent une exposition à l’usage, globalement plus faible à la fumée du cannabis que du tabac. Avec le tabagisme, le risque de maladie pulmonaire commence à partir de 20 paquets-années (soit l’équivalent à vie, d’une consommation d’un paquet de cigarettes par jour pendant un an)- ce qui dépasse de beaucoup la consommation moyenne de cannabis.
Il reste néanmoins à regarder la persistance des symptômes d’irritation des voies respiratoires avec le cannabis, et, à nouveau, l’association de son usage avec le risque de cancer.
Enfin, cette étude intervient dans un contexte de hausse de la consommation de cannabis aux Etats-Unis. Rappelons aussi que la France est le premier pays en Europe pour la consommation de cannabis avec un taux d’usagers à vie de 39%.
Source: Annals of the American Thoracic Society 18 Dec 2014 as DOI: 10.1513/AnnalsATS.201407-333OC Effects of Marijuana Exposure on Expiratory Airflow: A Study of Adults who Participated in the U.S. National Health and Nutrition Examination Study (Visuel© goodmanphoto – Fotolia.com)
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