Le président zimbabwéen Robert Mugabe, plus ancien chef d'État africain en exercice, a été désigné, vendredi 30 janvier, à la présidence tournante de l'Union africaine (UA). Cet autocrate de bientôt 91 ans, au pouvoir depuis l'indépendance de son pays en 1980, a échangé une poignée de main avec son prédécesseur, le Mauritanien Mohamed Ould Abdel Aziz sous les applaudissements de leurs pairs.
"J'accepte humblement votre décision collective, pleinement conscient de la lourde responsabilité qu'elle implique", a-t-il déclaré, en prenant la tête de l'UA pendant une année.
Cette nomination a suscité un certain embarras dans les rangs de l'organisation panafricaine. Des diplomates ont en effet évoqué un "hasard malheureux" et une règle impossible à contourner offrant, à tour de rôle, la présidence de l'UA à chaque grande région africaine : c'était le tour de l'Afrique australe et le Zimbabwe était seul pays en lice.
Des observateurs ont par ailleurs estimé que cette élection était un mauvais signal envoyé par l'organisation sur les valeurs de démocratie et de gouvernance qu'elle prétend défendre, ce qui risquerait de nuire à son image.
Boycotté par les Occidentaux, populaire en Afrique
Robert Mugabe, héros de la libération nationale au Zimbabwe et qui se pose en champion du panafricanisme, est régulièrement accusé de museler l'opposition par la violence et d'avoir ruiné son pays. Il multiplie depuis des années provocations et tirades incendiaires contre l'Occident et les "impérialistes".
Paria aux yeux des pays occidentaux, le chef de l'État zimbabwéen est l'objet depuis 2002 de sanctions européennes et américaines, incluant une interdiction de voyager. Toutefois, s'il est devenu infréquentable en Europe ou aux États-Unis, Mugabe est resté un héros pour la plupart des Africains.
Ainsi, en 2007, lorsque le Premier ministre britannique, Gordon Brown, s’oppose à ce qu’il soit convié à un sommet Europe-Afrique, le président zambien Levy Mwanawasa, qui pourtant avait comparé la situation au Zimbabwe au "naufrage du Titanic", prend sa défense, menaçant lui-même de boycotter le sommet.
L'an dernier, une invitation spéciale avait été délivrée à Robert Mugabe pour lui permettre d'assister au sommet UE-Afrique organisé à Bruxelles. C'est lui qui avait alors décidé de boycotter la réunion.
Source : France24