Papa ou Maman

Par Bullesdeculture @bullesdeculture

Pour sa première réalisation, Martin Bourboulon frappe fort en s’attaquant à l’histoire d’un couple de quarantenaires en crise, usés par la routine et désireux de faire cavalier seul. Papa ou Maman : un « pétage de plombs » tout en maîtrise d’une famille bien sous tous rapports. Lorsque la séparation est inévitable, que faire alors des enfants jugés encombrants ? Et quand on ne s’aime plus, mais qu’on s’aime quand même encore… jusqu’où peut-on aller dans l’amour ?
Le temps d’un film, Papa et Maman se permettent de redevenir des adolescents. Comme il y a quinze ans !

© Thibault Grabherr

Synopsis : Florence (Marina Foïs) et Vincent (Laurent Lafitte) peuvent dire qu’ils ont réussi dans la vie. Le bilan des courses est plutôt bon : trois beaux enfants, une grande maison, des métiers sexy et à responsabilité… socialement donc, tout va bien. Pourtant, leurs destins se séparent, et ce d'autant plus que chacun est tenté d'accepter une opportunité professionnelle à l'étranger (l'une à Stockholm, l'autre à Haïti !). Les papiers de divorce sont sur le point d’être signés, mais une question se pose encore : qui va garder les enfants ?
Martin Bourboulon a voulu filmer la rupture amoureuse et son lot d’absurdités, en confrontant ces deux adultes, pourtant la tête bien sur les épaules, capables de tout envoyer valser et agir de façon inconséquente... voire outrancière. Quand la déraison prend le pas sur les bonnes manières, pour prouver à l’autre qu’on existe.

« C’est avant tout une crise entre un homme et une femme qui dit ne plus s’aimer mais n’arrive pas à se séparer » (Martin Bourboulon)


Fils de producteur, le jeune réalisateur a fait ses armes dans la publicité, et prouve ici son expérience de la mise en scène au service d’un pitch. Minutieusement calibré, évinçant les éventuels temps morts dont souffrent souvent les comédies fabriquées à base de gags à répétition, Papa ou Maman s’appuie sur des dialogues truculents signés Alexandre De La Patellière et Matthieu Delaporte. NB : une scène mémorable de gnocchi, magique et terriblement embarrassante… Le plan-séquence d’ouverture, une course-poursuite effrénée entre les deux jeunes amants dans les couloirs d’une cité universitaire délabrée, nous fait voyager dans le temps et atterrir le soir du Réveillon de l’An 2000. Dynamique réflexive : et vous, où étiez-vous et avec qui étiez-vous ce soir-là ? et 15 ans plus tard, qu’en est-il de votre fougue passée ?

© Thibault Grabherr

Avant tout, Papa ou Maman brille par son duo d’acteurs, ici au meilleur de leur forme. Marina Foïs et Laurent Lafitte, sortes de versions françaises de Jennifer Aniston et George Clooney, ne reculent devant rien… La working girl toujours bien coiffée affronte à bout de bras le bel obstétricien grisonnant ET humanitaire (s’occupant comme il peut pendant ses nuits de garde), mais ces modèles facilement identifiables ne servent qu’à mieux régresser à l’état infantile, et s’épanouir pleinement dans le ridicule.
Matthieu Delaporte explique : « Nous sommes dans une quête de la perfection qui finit par tout faire exploser. C’est pourquoi beaucoup connaissent la crise de la quarantaine avec son envie de bien se comporter mais son besoin d’être libre, d’aller au bout de ses fantasmes, de ses frustrations, de ses colères. Ce qui est amusant, c’est de transformer ces éléments de souffrance en éléments de comédie jouissifs, pour en faire quelque chose de libérateur, presque thérapeutique. »

© Thibault Grabherr

Papa ou Maman développe avec force d’entrain les thèmes du fossé générationnel, de l’éducation des enfants (ici détestables - comment ne pas avoir envie de s’en débarrasser ?), des femmes actives toujours plus « multi-taskeuses », menant une vie supposément heureuse, mais devenue totalement hors de contrôle (comme toutes ces portes que Florence doit ouvrir le matin avant de quitter la maison, déjà épuisée).
Parfois grossier, parfois touchant, le film voit juste en ironisant sur la vie de couple aujourd’hui, ou comment la faire durer. Dans cette dispute longue d’1h25, évocation de La Guerre des Rose de Danny DeVito (1989), « Maman » et « Papa », autour desquels le fameux démon de midi rôde, décident littéralement de tout casser (le mariage, les meubles…) car en cela réside leur seul espoir de reconstruction. Avant, on jetait la guitare par la fenêtre pour signifier une rupture ô combien passionnée ; aujourd’hui, c’est l’ordinateur, car on sait à quel point ça va faire mal… et puis rire.
GwenfromNY


En savoir plus :
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- http://www.pathefilms.com/film/papaoumaman (site officiel du distributeur)
- Date de sortie France : 4 février 2015