Je vous ai déjà parlé de Jean Michel QUEGUINER et de cette démarche de Veillance ...
J'y reviens car Jean Michel a depuis écrit un magnifique texte à ce sujet que je vous propose.
Mon refus de la bienveillance. Par Jean Michel QUEGUINER
La bienveillance :
Est un sentiment de bonté à l’égard de quelqu’un.
Avoir de l’indulgence, compréhension, considération, prévenance, sympathie, tolérance, attention, mansuétude … à l’égard de l’autre.
La malveillance :
Est une mauvaise disposition, volonté de nuire, antipathie, animosité, hostilité …à l’égard d’autrui.
Ainsi que depuis plus de 30 ans, j’ai adopté ce mot magique « veillance », le concept de veillance, que je situe sur la ligne fragile, délicate entre la bienveillance et la malveillance.
Pour exercer ma veillance, je me refuse tout apriori, je cherche à comprendre le fond.
Je me refuse à lire ou interpréter hâtivement les apparences, pour découvrir le fond de la pensée, de l’intention, lire les faits, les actes, rechercher les racines, inlassablement tenter de comprendre véritablement ce que veut dire l’autre.
Surtout lutter contre mes projections.
Pourquoi le bien et le mal ne s’épousent-ils pas ?
Le bien et le mal.
Leurs épousailles ne sont pas pour demain.
La distinction entre le bien et le mal m’apparaît comme le fondement de la morale.
Interrogeons-nous ?
Une morale porteuse d’idéal doit-elle s’imposer à nous ?
Le bien nous conduirait-il vers une destination de type divine ?
Pourquoi distinguer le mal et le bien ?
Sur quoi cette distinction est-elle fondée ?
Pourquoi l’homme maintien avec force cette démarcation entre le bien et le mal ?
Cette volonté de glorifier le bien pour le salut de son âme, est peut-être inspirée par la volonté du dominant, à rendre les hommes prisonniers de leurs dogmes ?
Cette morale imposant le bien, n’est-elle pas le fruit d’une illusion construite, considérant que l’homme est-il capable de déterminer ses propres valeurs ?
L’homme doit-il se vêtir d’un « prêt à penser » ou, doit-il déterminer ses propres valeurs ?
Après un studieux travail de recherche, pour répondre à ces interrogations, j’ai retenu 3 réflexions de Platon, Spinoza et de Nietzche.
Platon (en grec ancien Πλάτων / Plátôn, né à Athènes en 428/427 av. J.-C., mort en 348/347 av. J.-C.)
Selon PLATON :
« … la distinction du bien et du mal n’est pas posée par la conscience humaine, elle est fondée sur la réalité de transcendance et l’intelligible des idées suprasensibles.
La plus haute de ces idées est l’idée de Bien.
L’exercice de la sagesse vise à l’atteindre, par la connaissance des essences intelligibles, la contemplation de cette idée.
La destination de notre âme réside dans cette sagesse.
Le mal, à l’inverse, n’est pas inscrit comme une tendance dans la nature de l’Homme.
Le bien se caractérise par la maîtrise de nos passions et de notre corps sensible…..»
Spinoza : né le 24 novembre 1632 à Amsterdam - Décès le 21 février 1677,24 novembre 1632 à La Haye.
Selon SPINOZA :
« …. Nous ne faisons pas la distinction entre le bien et le mal à partir d’une réalité objective de transcendance ; notre désir en s’affirmant découpe dans le monde qui l’entoure ces 2 valeurs, Le désir distingue les choses qui nous conviennent, de celles qui ne nous sont nuisibles.
L’homme est en effet caractérisé par sa force de persévérer dans son être.
Le désir est notre essence, qui détermine la valeur des choses.
Nous ne désirons pas tout ce qui est objectivement bon.
Mais c’est parce que nous désirons une chose qu’elle est bonne pour nous.
Ce qui est bon pour nous, est ce qui accroît notre puissance d’agir et positive nos envies.
D’autre part, le mal réside dans l’appropriation de choses qui nous sont nuisibles.
Le mal développe nos culpabilités, et diminue notre puissance d’agir.
Par la connaissance des choses nous devons apprendre ce qui est bon ou mauvais pour notre être.
C’est donc parce que l’essence de l’homme est le désir, que nous distinguons le bien et le mal.
Le désir dirige nos actions non vers une idée transcendante, indépendante de nous, mais vers l’appropriation de ce qui accroit la force de notre être.
C’est, en nous appropriant ce qui convient à notre être que nous augmentons, non seulement notre puissance d’agir, mais aussi, notre puissance de connaissance qui nous fait accéder au divin…. »
Friedrich Wilhelm Nietzsche né le 15 octobre 1844 à Röcken, en Prusse, et mort le 25 août 1900 à Weimar, en Allemagne.
NIETZSCHE s’interroge sur l’origine des valeurs morales, et donc de la distinction du bien et du mal.
Ces valeurs sont le résultat de notre difficulté à affirmer notre puissance de création et de désir.
« ….. Le bien et le mal sont fondés sur des valeurs transcendantes.
Elles sont le résultat d’une illusion métaphysique, d’un arrière-monde que les hommes faibles ont créé par crainte d’affirmer le pouvoir du corps et leur volonté de puissance…. »
L’homme faible s’inhibe, craint d’affirmer ses vraies valeurs, celles du corps, de sa créativité, et ses interprétations du monde.
Pour NIETZSCHE, accepter le bien et le mal, c’est accepter par principe d’une destination qui s’habille de confortables valeurs morales.
Ne pas accepter la distinction entre le bien et le mal, c’est nier cette destination et affirmer la puissance de notre désir.
« ……Contrairement aux faibles, le surhomme serait donc, celui qui perçoit l’illusion de cette distinction, et qui peut créer ses propres valeurs au sein de ce monde, sans se réfugier derrière une morale transcendante…... »
Pour conclure cette approche philosophique,
La distinction du bien et du mal m’apparaît comme motivée par la destination de la transcendance morale de l’homme.
C’est une tendance naturelle à désirer le bien, et à déterminer nos actions vers le bien.
Le bien étant la destination divine.
Mais quelle place laisse-t-on à la raison ?
Raisonner sans dogmes, ouvre des capacités, de questionner, de connaître le monde dans lequel nous vivons.
Par la raison notre créativité humaine se met au service de la construction d’une humanité meilleure.
Alors, bienveillance, malveillance, issues des dogmes, je souhaite vous ignorer pour donner plus de puissance à ma capacité d’interprétation du monde, je vous substitue par le mot VEILLANCE.
Posture d’écoute et de recherche.
Etre ce que l’on est, chercher à s’écouter pour mieux se connaître, implique pour moi, une posture rigoureusement veillante gouvernée par une intention pure.
En terme de posture, c’est faire le vide en soi, être à l’écoute, disponible, se protégé de toute intention projective, ne pas interpréter, mais écouter sans relâche pour tenter de comprendre simplement, sans amalgame ni jugement.
Gérer au mieux des respirations positive ou négative face à des situations qui s’offrent à nous.
Quelque part, c’est intégrer une forme de rectitude en soi,
J’appellerai cette posture VEILLANCE.
Allez, au plaisir de vous lire...