Auteur : Arturo Perez-Reverte
Traduit de l'espagnol par François Maspero
Éditeur : seuil
Date de parution : octobre 2014
259 pages
Début de la quatrième de couverture : Un éditeur charge Alejandra Varela, spécialiste de l'art urbain, de retrouver Sniper, graffeur célèbre pour son talent exceptionnel et ses actions de rue à la limite de la légalité et de la guérilla. Elle doit lui proposer, en même temps qu'une édition de ses œuvres, une grande rétrospective au MoMA. Mais personne n'a jamais vu le visage de Sniper ni ne sait où il se trouve. [...]
Dans ce roman, on fait une plongée dans le monde des graffeurs, des illégaux, de ceux qui font de l'art des rues au mépris des conventions. Et c'est alors matière à une réflexion sur la fonction de l'art aujourd'hui.
" Cette appropriation du marché de l'art par les charognards est répugnante. Aujourd'hui, un artiste est quelqu'un qui, vrai ou faux, doit obtenir son certificat des critiques et de la mafia des galeristes, lesquels peuvent bâtir ou détruire sa carrière. "
" L'art n'est pas un produit, mais une activité. "
L'art, pour les graffeurs, est une forme de rébellion, un moyen très visible de dénoncer. Ils mènent une guérilla urbaine.
Ce roman, c'est aussi, une course poursuite, avec ses dangers et ses frayeurs, d'Espagne au Portugal puis en Italie, à Naples. On tourne les pages avec frénésie comme lorsqu'on lit un policier. On a de l'empathie pour celle qui veut débusquer le graffeur fou et on l'accompagne dans ses pérégrinations en souhaitant qu'elle réussisse à le convaincre d'accepter son offre.
Et puis LA fin ! A laquelle on ne s'attend pas, qui nous laisse sur le carreau et ma foi, après une brève réflexion, on se dit qu'il ne pouvait en être autrement et pourtant, quelle surprise !
C'est donc un livre distrayant, intéressant, à rebondissements, un bon livre !
De cet auteur, j'ai déjà lu Le peintre de batailles, que j'avais beaucoup aimé. Je ne vais pas m'arrêter là. C'est un auteur qui vaut le détour.
Tiens, encore une petite citation, qui montre (s'il en est encore besoin) que Perez-Reverte, ne fait pas que raconter des histoires, il a aussi des choses à dire (n'est-il pas ?) :
" C'était la condition humaine dans sa simplicité : tout faible a besoin d'autres qui lui ressemblent, de la même manière qu'un traître aspire à ce qu'il y ait d'autres traîtres. Cela signifie consolation, ou justification, et permet de dormir plus tranquille. L'être humain passe la plus grande partie de son temps à chercher des prétextes pour calmer ses remords. Pour effacer ses défaillances et ses compromissions. Il a besoin de l'infamie des autres pour se sentir moins infâme lui-même. "
J'aurais bien apprécié quelques petites illustrations de graffiti pour égayer le propos ! Je crois bien que je vais les regarder d'un autre œil les barbouillages des rues...