En plein cœur de Paris, Cynthia me reçoit dans son atelier, un ancien local de confection de boutons – le Sentier n’est pas loin – ouvrant sur une grande cour pavée. Un mur couvert de peintures de toutes tailles, des dizaines de pinceaux traînant sur la table, de grands cartons à dessins débordants, des livres d’art en quantité à demi-masqués par un voilage : c’est l’univers de Cynthia qui me reçoit avec sa gentillesse et sa spontanéité habituelles !
Bonjour Cynthia, question rituelle, comment êtes-vous devenue peintre ?
Comme pour beaucoup de choses, cela remonte à l’enfance. Je suis née à Hawaï, descendante d’une des cinq familles « fondatrices » de l’île – l’aïeul Cooke, missionnaire de son état, a épousé une Montague (très shakespearien comme nom – note d’Artetvia) ; mon arrière-grand-mère a fondé l’Honolulu Art Museum… dans la maison familiale. C’est elle qui a fait venir les premiers Gauguin sur l’île, alors que les gens là-bas y étaient plutôt indifférents voire opposés – et pourtant Tahiti et Hawaï sont culturellement très proches. Mon père était sculpteur, mon frère photographe… Toujours est-il que j’ai grandi dans un milieu familial favorable à l’éclosion d’une carrière artistique.
Quel style de peinture ?
Je peins à partir de photos que je prends. Je me promène souvent à Paris, à pied ou à vélo, avec mon appareil et je mitraille. Il faut dire que Paris est une ville merveilleuse pour ça, très « graphique ». Ou bien, je peins directement d’après modèle : les natures mortes et les nus. Pendant des années, j’ai peint des nus, maintenant, je me tourne davantage vers les paysages.
Du figuratif donc !
Je suis plutôt « impressionniste » et ne m’attache pas trop aux détails. J’aime l’eau, souvenirs de mes origines hawaïennes sans doute, la couleur, le graphisme et la composition ; je suis moins sensible à la lumière et aux détails. Je dessine beaucoup, en témoignent les nombreux carnets de croquis que tu peux voir ici. Je commence toujours par un dessin au fusain et immédiatement après, j’applique la peinture. La première séance de travail est la plus importante : je sais immédiatement si cela va « fonctionner » ou pas. Au cours de cette première séance, il faut aller le plus loin possible. Les suivantes sont consacrées aux retouches : on prend du recul avec l’œuvre. Après, il est toujours difficile de définir quand l’œuvre est terminée ; il faut savoir s’arrêter car trop de retouches tuent.
Et vous avez des modèles, des sources d’inspiration ?
Je n’ai pas trop la hantise de la page blanche ; en prenant mes crayons, je griffonne et l’inspiration va venir petit à petit, comme un échauffement. Et puis, je visite constamment des expositions pour me mettre au contact d’autres œuvres.
Y a-t-il des œuvres que vous auriez aimé garder ?
Oh oui ! J’ai vendu des peintures que j’aurais dû copier pour moi. Il m’arrive de peindre plusieurs tableaux à partir de la même photo, histoire de garder une trace.
Et comment arrivez-vous à vous faire connaître ?
Difficilement… En fait, le principal moyen de communication est le bouche à oreille. J’organise régulièrement des expositions, dans mon atelier, chez des amis, et plus rarement en galerie car c’est parfois cher. Les salons le sont également ! Je participe à des concours – j’ai même gagné une fois le prix de la Fondation Taylor !
Des projets ?
Oui, bien sûr ! Dans les mois à venir, je vais exposer à l’hôpital américain de Neuilly. Autre projet, bien différent, des amis « m’offrent » un mur blanc dans leur appartement à couvrir de peintures ! C’est très enthousiasment !
Merci Cynthia !
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