A l’époque où il incarnait un célèbre super-héros, Riggan Thomson était mondialement connu. Mais de cette célébrité il ne reste plus grand-chose, et il tente aujourd’hui de monter une pièce de théâtre à Broadway dans l’espoir de renouer avec sa gloire perdue. Durant les quelques jours qui précèdent la première, il va devoir tout affronter : sa famille et ses proches, son passé, ses rêves et son ego. S’il s’en sort, le rideau a une chance de s’ouvrir… Tel est le pitch de Birdman, le nouveau film du réalisateur mexicain Alejandro González Iñárritu (21 Grammes, Babel, Biutiful) avec, entre autres, Michael Keaton, Edward Norton, Emma Stone, Naomi Watts, Zach Galifianakis et Andrea Riseborough.
Déjà récompensé de 2 prix aux derniers Golden Globes, Birdman a recueilli il y a une dizaine de jours la bagatelle de 9 nominations pour les prochains Oscars, faisant de lui l’un des grands favoris de la cérémonie. Un statut totalement mérité au vu des nombreuses qualités dont dispose le long-métrage.
A commencer par sa réalisation sidérante (certainement sa qualité la plus évidente) qui nous emporte dans un gigantesque plan séquence de près de 2 heures. Bien sûr, le cinéaste a dû user de différentes astuces pour parvenir à mettre bout à bout des séquences afin de donner l’illusion d’un seul et unique plan, mais le résultat final est tellement bluffant qu’il impose inévitablement le respect. La mise en scène est immersive et nous fait parcourir les moindres recoins du théâtre, en s’offrant même quelques escapades extérieures vivifiantes dans lesquelles les personnages se révèlent plus que jamais. En particulier Michael Keaton, évidemment, mais aussi Edward Norton et Emma Stone lors de discussions nocturnes infiniment passionnantes. Ensuite, l’autre grande force du film réside selon moi dans l’incroyable richesse du scénario. Si les thèmes qu’il exploite ne sont pas forcément originaux, leur diversité et la subtilité de leur traitement confère néanmoins au long-métrage une profondeur remarquable. Il est ainsi autant question dans Birdman de la fugacité de la célébrité que de la gestion de l’égo ou du besoin perpétuel de reconnaissance.
Des thématiques captivantes dont l’intérêt est assurément accentué par la performance impériale de l’ensemble du casting, Michael Keaton en tête. En plus d’être excellent, l’acteur entretient en effet tellement de similitudes avec son personnage que l’impact du récit s’en trouve dès lors considérablement renforcé. J’ignore si le rôle a été écrit pour lui initialement mais il est en tout cas parfait, autant dans le jeu que pour ce qu’il représente. A ses côtés, Edward Norton n’est pas en reste et livre une solide prestation dans la peau d’un comédien dont la quête de vérité sur scène contraste nettement avec ses difficultés à gérer la réalité. Il est sensationnel et n’a vraiment pas volé sa nomination aux Oscars ! Quant à Emma Stone, elle est toujours aussi magnétique et incarne avec beaucoup de conviction une jeune femme en pleine (re)construction. A l’image du film tout entier, elle bénéficie de dialogues particulièrement savoureux qui lui permettent sans problème d’exprimer son talent. Un talent dont même les seconds rôles font preuve puisque Naomi Watts, Andrea Riseborough et Zach Galifianakis ne dénotent absolument pas et disposent eux aussi de scènes plutôt intenses. Très franchement, c’est un sans faute à ce niveau-là !
Pour toutes ces raisons, Birdman s’impose donc d’ores et déjà comme l’une des œuvres marquantes de l’année. Portée par des acteurs éblouissants, une mise en scène fantastique et un scénario aussi riche qu’intelligent, cette étonnante comédie dramatique déroute autant qu’elle ne fascine. Elle ne plaira probablement pas à tout le monde mais elle mérite carrément le coup d’œil !