Daniel Balavoine
Il y a 29 ans, le 14 janvier 1986, le chanteur Daniel Balavoine, l’organisateur du rallye Paris-Dakar, Thierry Sabine, et trois autres personnes perdaient la vie dans un accident d’hélicoptère au Mali.
Le 1er janvier de la même année, j’étais à Paris, au départ du Paris-Dakar, pour manifester contre les abus perpétrés par les participants lors des précédents rallyes. La première manifestation à laquelle je participais de ma vie.
J’étais alors bénévole pour un organisme humanitaire qui aidait des villages à avoir de l’eau en construisant notamment des puits, à faire de l’élevage, de l’agriculture, à devenir autonome et moins dans la misère.
Lors des précédents rallyes, plusieurs puits avaient été souillés de détritus jetés par des participants. L’eau potable, déjà rare, était devenue insalubre. Le projet était à recommencer au complet. Des cultures avaient été dévastées par des bolides. Des centaines d’heures de travail, d’argent difficilement gagné pour construire une vie meilleure à ces villageois avaient été saccagés en quelques secondes.
C’est alors qu’une équipe de jeunes, dont je fus, décida de « monter à Paris » – j’étais à Genève – pour aller manifester au départ du rallye. Nous étions plusieurs centaines venus de partout, en colère contre l’attitude
Drôle de synchronicité, le chanteur Daniel Balavoine accompagnait l’équipe organisatrice. Il s’occupait d’une action humanitaire nommée Paris du cœur qui visait à installer des pompes à eau hydrauliques dans des villages africains en profitant de la logistique du rallye. Un magnifique projet qui tenait au coeur de Daniel.
L’accident
Bien sûr, nous n’avons pas réussi à faire que le rallye ne parte pas. C’était idéaliste mais au moins, nous avons réussi à faire en sorte d’être entendus.
La journée était pluvieuse, grise, tout comme le moral de nous tous. Nous avons ensuite repris le métro puis le train pour revenir à Genève. Dans les jours qui ont suivi, nous avons vaguement suivi le rallye qui ne nous intéressait pas, de toute façon.
Le 15 janvier, un de mes amis m’appelle pour me dire que l’hélicoptère transportant Daniel Balavoine et Thierry Sabine s’est écrasé et que toutes les personnes qui y prenaient place sont décédées.
Mon coeur s’est arrêté, sous le choc.
Je suis restée sans voix quelques minutes.
La force de l’intention de tous les manifestants de vouloir arrêter le rallye, peu importe de quelle façon, aurait-elle créé cette situation ?
Cette question m’a hantée longtemps et je suis convaincue que ces énergies envoyées par les manifestants, ces intentions d’enrayer le rallye, ont été pour quelque chose dans cet accident.
L’espace d’un instant, je me suis sentie en partie responsable de ces morts tragiques. Je voulais juste que les participants respectent les habitants et les lieux où ils passaient, pas que les instigateurs meurent sur le chemin de ce rallye !
Dès lors, je me suis jurée pour toujours de ne plus jamais participer à aucune manifestation. Elle aura été la première et la dernière de ma vie.
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