Retrouver l’écriture de Frédérique Deghelt fut un réel plaisir littéraire. Des mots, des phrases simples, sensibles, pleines d’affection permettent de mesurer à quel point cette petite-fille et cette grand-mère s’aiment. Le rapport à la vieillesse, que ce soit dans les yeux de Jade ou dans celui de sa Mamoune est à la fois doux et douloureux. Cela pose la question du rapport que l’on a, selon nos âges, au temps. Cette vie que l’on croit si longue à 20 ans, ce temps qui file à vive allure, ce temps qui marque la peau, le mouvement, ce temps qui est un allié dans la douleur et qui est à la fois si précieux et douloureux. J’aime profondément les livres qui traitent de cela, de la vieillesse, du temps car ils nous aident à prendre conscience que nous ne sommes pas éternels. J’ai un peu moins été embarquée par l’histoire du manuscrit de Jade, ces questionnements de l’écrivain que je n’arrive pas à apprécier à sa juste valeur me sentant très loin de ces considérations. C’est la raison pour laquelle parfois le roman m’a moins « tenu ». Pourtant j’ai continué car l’alternance des voix de Jade et de Jeanne, sa Mamoune, donne un bon rythme de lecture. J’ai cru que Frédérique Deghelt était tombée dans la facilité avec des protagonistes presque parfaits. On aurait envie d’avoir cette grand-mère, de connaître ce bel indien, d’avoir la vie de Jade…c’était bien mal connaître le talent de cette auteure et le coup de massue du chapitre final qui a envoyé valser tout ce que je voulais écrire sur ce livre. Ce chapitre m’a rattrapé, bien au-delà de ce que je ne pensais. Je ne peux en révéler plus mais c’est à lire, indéniablement…