C'est l'histoire (romancée) d'Alan Turing, le jeune mathématicien qui a, avec son équipe, réussi à casser le code allemand de l'aviation et des sous-marins qui décimaient les convois de ravitaillement de la Grande-Bretagne. Contre l'avis de tous, Alan Turing conçoit et construit une formidable machine destinée à effectuer rapidement les millions de calculs des combinaisons de 5 lettres des messages allemands, générés par la machine Enigma.
Le film est une démonstration des difficultés du chercheur génial, seul contre tous, de l'exclusion d'un être pas tout à fait comme les autres, harcelé par ses camarades parce qu'il est le plus intelligent, et qu'il se découvre très tôt comme homosexuel. En Angleterre, dans les années 50 comme au temps d'Oscar Wilde, c'est illégal. Le savant, professeur à l'université de Manchester, qui a juré qu'il garderait le secret le plus absolu sur ses activités pendant la guerre, et malgré ses titres de gloire, sera condamné pour trouble grave à la décence.
Ce film parle aussi des difficultés à confier le management d'une équipe à un savant qui ne sait que travailler seul, une leçon de management ...
Le film est bien "léché", avec une solide reconstitution du contexte guerrier, du cadre de Bletchley Park où des centaines de spécialistes - cryptologues, spécialistes de casse-têtes, champions de jeu d'eshecs et de mots croisés, matheux, linguistes - étaient employés à capter et interpréter les messages ennemis.
Le casting révèle un acteur mal connu mais qui semble bien armé pour récolter un Oscar : Benedict Cumberbratch, assisté de Keira Knightley, plus belle encore que dans la pub pour Chanel - il fallait bien un rôle féminin, non ? - l'impeccable Charles Dance et sa barbichette rousse, le fabuleux et inquiétant Mark Strong (l'homme du MI6).
En revanche, c'est un peu long et, à vrai dire, un brin mélo. Une histoire qui est restée secrète pendant 50 ans, encore qu'un excellent roman de Robert Harris "Enigma" soit paru en 1997 sur cette extraordinaire aventure ... Et dont l'image figure en couverture du dernier opus de Blake et Mortimer "Le bâton de Plutarque" qui définit parfaitement la problématique des découvreurs du code allemand : comment ne pas montrer qu'on détient le code, quitte à sacrifier des convois dont on sait parfaitement qu'ils vont être attaqués, afin que l'ennemi ne change pas sa méthode de codage ....