Chronique de la dérive douce, roman de Dany Laferrière, au Livre de poche, 186 pages, 6€10.
Dany Laferrière est un écrivain que j’affectionne particulièrement. On a tous un auteur dont on ne veut pas tout lire tout de suite, dont on veut lire chaque livre lentement, afin de se délecter de chaque mot. Dans ma bibliothèque, Dany Laferrière est cet auteur.
Nouveau venu à l’Académie française, ses livres fleurissent de nouveau sur les tables des libraires, où j’ai trouvé ce petit roman. Dany Laferrière y raconte, sous la forme de vers libres son arrivée à Montréal, au Canada, à l’âge de 23 ans. Il nous parle de la solitude, de l’errance, de la découverte de la ville, mais aussi de la difficulté à trouver du travail, de la condition des noirs, des dettes qu’il commence à avoir, et donc de la nourriture difficile à acheter. Puis, en contrepoint de toutes ces difficultés, il nous emmène dans l’univers des soirées, de l’alcool, des jolies filles, et des clubs où le jazz est maître.
Dany Laferrière est aussi cet écrivain, qui au hasard de quelques pages, se plaît à nous parler de la littérature, et de ces auteurs qu’il admire, et qu’il appelle ses « copains ». On les retrouve de livre en livre : Borges, Bukowski, Césaire, Boulgakov, Miller… Il fait l’éloge de la littérature, et n’oublie jamais d’évoquer son amour des livres.
J’apprends, ce matin, que
la librairie Québec-Amérique
n’existe plus.
Cela dut faire le même effet
à un lettré d’Alexandrie à qui
on venait d’annoncer
l’incendie de la Bibliothèque.
Chaque fois que
je tiens un livre
dans ma main
je me sens rassuré
sachant
qu’à tout moment
je peux m’asseoir
sur un banc et
l’ouvrir.
Encore une fois, je suis conquise.