- Le scénario idéal. Pas de changement d'objectif : la Grèce rembourse et se réforme. Mais la manière de mener le changement change. On passe du changement comme punition à un changement comme recherche de performance. J'ajoute qu'ici Syriza a un atout que personne ne remarque. La Grèce souffre de clientélisme. Or les partis de gouvernement sont les causes premières du mal. Ils ne peuvent pas se mettre à dos leur clientèle en lui faisant subir le changement ! Syriza a, en théorie, les mains libres. D'ailleurs, que Syriza conduise des changements désagréables, mais utiles, est probablement dans l'intérêt des partis de gouvernement. Il y a mieux. L'Europe apprend une nouvelle façon de se réformer. Le peuple n'est plus la victime de "l'austérité". C'est elle qui le pousse, en désespoir de cause, vers les extrêmes. L'économie et la société s'écartent du précipice au bord duquel elles chancellent...
- Il y a le scénario chaos : Syriza ne parvient pas à établir un gouvernement. Ce scénario a été écarté.
- Il y a le scénario "bande d'amateurs". C'est celui qui paraît, pour le moment, le plus vraisemblable. En effet, Syriza, très à gauche, s'est allié avec un parti qui ressemble à notre FN, en un peu plus de gauche, mais avec un QI inférieur. En outre Syriza est constitué d'un assemblage hétéroclite qui pourrait se disloquer au premier compromis. (Jean Quatremer parle de la question.)
Tremblons, donc ? Pas nécessairement. On est dans le cas d'un changement "incontrôlé". Il est incontrôlé parce qu'il n'a pas d'objectif. Plus exactement on cherche l'objectif en même temps que l'on essaie de réussir le changement. Ce type de changement est par nature chaotique. Mais il est rationnel. La société "pense" par essais et erreurs. Chaque crise lui permet d'avancer, d'expérimenter. Le coup de théâtre est la norme. C'est ainsi que les uns et les autres se testent. Le danger, dans cette situation, est le dogmatisme. Qu'un acteur se fige, et l'affaire peut mal tourner. Surenchère dans la menace. Jusqu'au geste irréparable. Pour ma part, j'ai l'impression, en dépit de tout le mal que l'on peut dire de nos gouvernants européens, que le pragmatisme est aux commandes.
(Illustration d'une de mes principales idées. Elle est issue de mon observation du changement. Le critère ultime de succès d'un changement est "l'in quiétude" (en deux mots). C'est-à-dire le fait non d'être stressé mais d'être vigilant. Je pense que nos dirigeants sont "in quiets".)