Queen of (dis)organization

Publié le 28 janvier 2015 par Pomdepin @pom2pin

En vrai, je suis une grande stressée. Je m’inquiète pour tout, tout le temps. Quand tout va bien (c’est rare, mais il y a vraiment des jours où honnêtement, même en cherchant bien, je ne trouve pas de motif d’inquiétude valable), c’est pire: si tout va si bien, c’est forcément suspect, ça veut dire qu’une immense catastrophe se prépare. J’oblige les deux grands à me téléphoner tous les matins pour dire qu’ils sont bien arrivés à l’école, Marichéri y a droit aussi. C’est encore pire avec lui, le soir, il m’appelle pour me dire quel train il prend, comme ça je sais quand il doit arriver à la maison, à la minute près. A 30 secondes de retard, je commence à paniquer, à cinq minutes, je suis en pleine crise de nerf et j’appelle les pompiers (on ne rit pas, c’est du vécu). Comme j’ai une imagination débordante, la moindre petite contrariété dans ma routine me plonge dans des délires gores: si une des filles perd un gant (pardon, quand une des filles perd un gant), je me demande si elle ne se fait pas racketer à l’école (on ne dira jamais assez les méfaits du traffic clandestin de gants d’enfant). Si L’Ado se trompe de bus et se met en retard, j’imagine de suite mon bébé (si, c’est mon bébé, même si il est plus grand que moi) victime d’une agression, dans un bain de sang appelant sa maman…j’arrête, je vais me trouver mal et lui téléphoner en plein cours, pour vérifier que tout va bien.


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Je voudrais que tout soit planifié, organisé, encadré, que tout roule. Je fais des listes, de celles des courses pour les repas (c’est vraiment organisé, avec menus hebdomadaires, tout est prévu de la moindre carotte au plus petit paquet de cookies) à celles des fêtes d’anniversaires. J’ai des inventaires précis et à jour des vêtements des enfants, de ce qu’il faut acheter, donner ou jeter. J’ai un classement digne d’une bibliothèque professionnelle (coucou Fedo!) pour mes livres. J’ai un planning pour les achats de Noël qui commence en juillet. J’ai plusieurs agendas papiers (un pour les enfants, un pour moi, un pour la famille), sans compter celui de mon téléphone. J’ai des jolis classeurs (avec des petits cœurs bleus, faut pas pousser non plus) tous bien rangés pour mes cours, pour être prête plus d’un semestre à l’avance dans le planning des photocopies…bref, je rêve d’être la reine de l’organisation, non pas pour ennuyer mon entourage avec mes manies de grande malade (L’Ado raconte vraiment n’importe quoi) mais pour m’éviter de stresser encore plus. Sauf que…

Sauf que, je perds régulièrement mes listes, mes agendas et mes inventaires. Ou j’oublie de les regarder. Sauf que c’est prouvé, je ne travaille bien que sous pression, si. C’est donc pour préserver la qualité de mon enseignement qu’il m’arrive de préparer mon cours une heure avant de partir à l’école, en ayant procrastiné tout le week end, et stressé parce que je ne sais pas quoi faire pour rendre les conjugaisons françaises fun. Sauf que j’ai bien une liste longue comme le bras de Marichéri (c’est à dire beaucoup plus longue que mon bras) de trucs à faire dans la maison, je me ronge les sangs parce que ce n’est pas fait, mais je suis écroulée sur mon canapé à tapoter ma petite vie sur le blog. Et que je ne pense pas me bouger dans un avenir proche. Ce qui me stresse, d’ailleurs.

Sauf que tous les événements importants de ma vie arrivent toujours par hasard. On n’a pas décidé de la date de notre mariage, c’est l’ambassade de France qui nous l’a imposé. Débrouillez-vous. C’était une joyeuse improvisation. On n’a jamais pris la décision de faire un bébé (enfin si, on voyait ça vers trente ans, cet âge canonique, ahaha). Les cinq sont tous arrivés par surprise, coucou! Je n’ai jamais fait de plan de naissance ou toute cette sorte de choses. On a toujours déménagé par hasard. On s’est retrouvé en Angleterre après avoir consciencieusement préparer notre départ pour une destination complètement différente (pourtant, j’avais fait de très jolies listes). Je n’ai rien organisé du tout, on a débarqué comme ça, hop! Et le pire, c’est que ça me plait. Je le vis très bien. Si demain, Marichéri m’annonce qu’on part s’installer en Uzbekistan à la fin de la semaine, je serais ravie, et je retournerais tranquillement m’installer sur le canapé avec ma tablette pour vous en parler. Par contre, si les horaires de bus changent, ça me met dans des angoisses monstres. Je suis obligée de faire des tableaux statistiques pour établir les meilleurs trajets.

Marichéri qui est merveilleux (c’est bientôt la St Valentin, je dis ça comme ça) non seulement me supporte, mais il trouve ça charmant (la plupart du temps…). Pourtant, je me demande si L’Ado n’a pas raison, je dois être une grande malade. Je sens que ça va me stresser.