Peu de pionniers du blues ont autant fasciné que Robert Johnson. Il est vrai que le bonhomme a tout fait pour que la légende s’empare de son cas. Tiré à 4 épingles, tendu sur le fil du rasoir, il a brûlé sa vie. La musique, le diable, les femmes et l’alcool l’ont rongé en moins de temps que le crabe. J’écrivais dernièrement une notule sur un livre de BD magnifique dont il est le sujet et cherchant de la documentation iconographique, j’avais fait chou blanc. Les seules photos de lui sont rares et largement connues, sauf peut-être celle-ci.
Le légendaire Robert Johnson et le blues-man Johnny Shines
Du coup, dans ces cas-là, il n’est pas étonnant de trouver des représentations d’artistes. J’avais évidemment pensé à un autre Robert, Crumb, qui avait publié un bouquin recueillant tous les portraits de musiciens de blues, de jazz et de country qu’il avait réalisés pour des « trading cards », supports publicitaires que les collectionneurs se disputaient. Robert Crumb les avaient dessinés pour Yazoo Records puis pour Shanachie Records. La série « Heroes of the blues », qui proposait 36 portraits, ne comprenait pourtant pas celui de Robert Johnson.
Je crus toutefois le reconnaître sur un autre dessin qui me semblait bien être également un Robert Crumb. La signature en bas me détrompât aussitôt, il s’agissait bien d’un merveilleux portrait de Robert Johnson, mais par un autre grand talent des comics américains, William Stout, qui se laissa aller également à portraitiser des bluesmen dans son livre « Legends of the Blues » chez Abrams.
Mais revenons-en à Robert Johnson, et plus particulièrement à sa prétendue rencontre avec le diable. Michael O’Brien (non pas l’écrivain canadien mais le graphiste anglais) nous en donne une version très belle dans un court-métrage graphique particulièrement original.
Une autre vision de cette rencontre improbable est celle de Nicola Verlato. Il s’agit d’un artiste hyperréaliste italien vivant aux Etats-Unis et le moins qu’on puisse dire est qu’il est particulièrement inspiré par Robert Johnson.
Mais venons-en à celui qui a sans doute le plus œuvré pour perpétuer la gloire de Johnson. J’avais déjà expliqué par le passé la multitude des domaines auxquels les mangas japonais se consacrent. La musique en fait bien évidemment partie. Et Robert Johnson y tient une place de choix grâce à Akira Hiramoto qui lui consacre une série.
Pour finir, il n’est pas possible de passer sous silence le portrait qu’en fit Stephen Alcorn, le célèbre graphiste américain. Tout autant passionné par la musique – il est guitariste et auteur-compositeur – son travail a souvent abordé ce domaine, notamment par de remarquables portraits de musiciens.
Mais pour aller plus loin, il est indispensable de lire "A la recherche de Robert Johnson" de Peter Guralnick aux Éditions du Castor Astral dans la collection Castor Music.